WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Exclu-e-s du livret de famille : les parents sans statut, se raconter au sein d'une pluriparentalité

( Télécharger le fichier original )
par Elodie Regnoult
Université de Bretagne Occidentale - Master 2 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Des pères en apprentissage

Dans la charte de coparentalité que Vanessa, Karine et Maël ont rédigée, il est convenu que Vanessa et Karine prendront les décisions de la vie courante. Dans leur famille, les compétences quotidiennes auprès de l'enfant sont attribuées aux femmes.

Dans le récit qu'elle a rédigé par le passé, Vanessa écrit qu'elle et Karine vivent mal ce qu'elles ressentent comme un manque d'affection et de fierté de la part du père. Selon Vanessa, Maël n'écoute pas ses conseils, « si précieux pour un tout petit », fait preuve d'intolérance et se moque de ses propos. Il la trouverait excessive et trop protectrice. Elle se sent jugée en tant que mère et remet en cause les actes de Maël en tant que père. Elle raconte qu'il mettrait l'enfant en danger et n'écouterait pas ses besoins. Pour elle, il souhaiterait sans se soucier d'elle, de Karine et d'Antoine, « casser la fusion mère-enfant ».

Vanessa et Karine auraient essayé de lui expliquer que si l'enfant devait effectivement, selon elles, se séparer de sa mère, cela devait se faire en douceur. Elles appellent Maël au bout de quelques heures durant lesquelles Antoine est chez lui. Vanessa explique que Maël leur

reproche cet appel. Il parlerait d'Esteban comme « d'une plante verte qui ne fait que dormir, manger et chier ».

Néanmoins, depuis le premier anniversaire d'Antoine, Vanessa décrit les relations entre les trois parents comme calmées, Maël serait de plus en plus fier de son fils, se sentirait de plus en plus responsable, saurait réagir à sa demande. Il ferait les courses pour Antoine quand Antoine est avec lui, ce que Karine et Vanessa faisaient. Les deux femmes se sentiraient rassurées.

Pour Vanessa, dans une coparentalité, il faudrait que le père s'implique dès le départ dans le quotidien ou bien qu'il attende que l'enfant ait quinze mois et sache se faire comprendre avant d'apprendre à s'en occuper seul. Dans ce dernier cas, le père verrait le nourrisson les weekends prévus en compagnie des mères pour éviter les conflits.

Ici, l'éducation est perçue comme un ensemble de savoirs. Se pose la question de qui possède le savoir ? Dans la famille de Vanessa, Karine et Maël, ce sont les femmes, le père étant en « apprentissage ». Plus largement, dans les représentations communes, on pense aussi que ce sont les femmes. Par le renvoi à la « nature », à « l'instinct maternel », à « l'expérience ». Ce point de vue a alors tendance à justifier la désignation systématique d'une résidence principale de l'enfant chez la mère. Se pose la question de la possibilité de trouver la situation inverse. Un père qui dicterait à la mère ses conduites avec l'enfant s'il considère qu'elle le met en danger ou du moins qu'elle fait « mal » les choses. N'ayant pas rencontré les pères, je ne peux pas le dire à partir de mon terrain. Néanmoins, la socialisation féminine et la socialisation masculine dans la petite enfance sont différentes. Des rôles et des capacités sont assigné-e-s aux enfants selon qu'il s'agisse de filles ou de garçons. Aux filles, on offrira des jouets relevant de la sphère domestique et du maternage. Aux garçons, on offrira des petites voitures, des outils et des équipements de sport. Aux filles, on accordera une qualité de communication et de soutien. Aux garçons, des aptitudes physiques et une certaine autonomie85. Le « savoir » parental accordé à la mère relève donc d'une assignation à un rôle construit comme féminin dès le plus jeune âge86.

85 ROUYER Véronique, ZAOUCHE-GAUDRON Chantal (2006), « La socialisation des filles et des garçons au sein de la famille : enjeux pour le développement », in Dafflon Novelle Anne (dir), Filles-garçons : Socialisation différenciée ?, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble.

86 C'est également l'hypothèse de Virginie Descoutures : « Je fais l'hypothèse que « l'attachement » des mères à leur enfant et son pendant, la difficulté de s'en séparer, sont aussi un indicateur de la charge mentale qui pèse sur elles, plus que sur les pères. Les mères sont socialement perçues et se perçoivent ainsi elles-mêmes (ce qui reconduit la représentation sociale de la maternité) comme davantage responsables de leur(s) enfant(s). Elles « savent mieux », parce qu'elles sont mères » DESCOUTURES Virginie (2010), Les mères lesbiennes, Paris, Presse Universitaire de France, p.222.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci