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Exclu-e-s du livret de famille : les parents sans statut, se raconter au sein d'une pluriparentalité

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par Elodie Regnoult
Université de Bretagne Occidentale - Master 2 2011
  

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Les limites de la démocratisation

Dans cette partie, je commencerai par présenter les familles homoparentales, nos rencontres et nos modes d'échange pour ensuite entrer au coeur des récits et comprendre à travers des discours exclusivement féminins (dans cette partie, je n'ai pas rencontré d'hommes), comment, dans le récit, sont définies les places des hommes et des femmes d'une part, et les places de deux femmes en couple autour d'un même enfant, d'autre part.

1 Présentation des familles et du mode de rencontre

J'ai rencontré quatre femmes : Vanessa, Eva, Martine et Lisa (Eva et Martine sont en couple). Au-delà de leurs présentations, je m'efforcerai à chaque fois de présenter au mieux le contexte de notre échange, c'est-à-dire son déroulement, son lieu et ce que cela implique. Je serai également attentive à la perception qu'elles ont pu avoir de moi, enquêtrice qui les écoutait et allait transcrire leurs propos dans un mémoire de recherche. La prise en compte de la pensée de l'autre dans l'échange est toujours là, et si elle n'est pas clairement exprimée, elle est du moins supposée. C'est bien à moi qu'elles s'adressaient, et c'est bien face à moi qu'elles essayaient de légitimer leurs choix familiaux. Il convient donc de me prendre en compte, du moins, l'image de moi qu'elles ont pu hypothétiquement se construire.

1.1 Vanessa (mère statutaire)

Vanessa et Karine (26 et 27 ans) ont été en couple pendant six ans et sont séparées depuis sept mois au moment de l'entretien. Elles ont eu un enfant, Antoine, dans un projet de coparentalité avec Maël, le père d'Antoine (43 ans). L'enfant a deux ans et demi au moment de l'entretien. Karine ne voit plus l'enfant. Elles travaillent toutes deux dans le domaine de l'enfance, dans une profession classée par l'INSEE comme intermédiaire. Vanessa a trouvé mon annonce qui disait que je recherchais, dans le cadre de mon mémoire, des parents ayant construit un projet de coparentalité. Cette annonce avait été déposée sur un site pour homoparents et Vanessa m'a répondu, désireuse de témoigner de son parcours. L'échange s'est fait par mail. Ce ne sera pas la seule. Mon profil de famille relativement rare implique d'élargir la zone géographique de mon enquête, et mon budget étudiant trop restreint ne permet pas tant de déplacements. Mais les mails ont leurs atouts. S'ils ne permettent pas la

spontanéité d'un discours oral, ils permettent néanmoins de mettre en évidence ce que la personne souhaite dire d'elle, de son parcours, la manière dont elle veut se faire reconnaître quand elle contrôle relativement bien son discours (elle peut se relire et corriger). Dans une étude sur la reconnaissance de soi comme parent, la méthode trouve sa pertinence.

La première partie du récit que j'ai reçue a, selon Vanessa, été écrite par elle-même seule dans le passé, au fur et à mesure du quotidien à partir du moment où elles ont envisagé d'avoir un enfant. J'en serais la seule lectrice. Ce récit me semble pourtant retravaillé par la suite comme laissent entendre certaines expressions comme « cela aurait dû me mettre la puce à l'oreille, quant à son comportement envers moi, mais l'envie de fonder une famille était plus forte ». La deuxième partie correspond à notre échange de mails, durant lequel elle commence par conclure son récit à partir de son point de vue actuel - c'est-à-dire notamment séparée de sa conjointe. Je l'incite ensuite à revenir sur certains aspects de son histoire. Lorsque je parlerai de Vanessa, je m'efforcerai à chaque fois de préciser de quelle partie du récit il s'agit.

À la différence d'Eva et Martine, Vanessa n'a pas pu observer ni ma manière d'être et de m'habiller, ni mes interactions avec son fils. Elle sait seulement que je suis une étudiante rédigeant un mémoire de sociologie - et que par là, je peux faire passer son expérience dans l'espace reconnu qu'est celui de l'Université. Elle peut également me supposer assez jeune (car étudiante et me prénommant Elodie). En revanche, il s'agit d'une femme qui s'adresse à une autre femme sur un sujet qu'est celui de la famille, et cela peut sans doute expliquer la tendance pour elle, comme pour Eva et Martine, à me parler des conflits avec le père sans retenue ni crainte de jugement.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo