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La CEDEAO et les crises socio-politiques dans les pays membres: cas du Liberia et de la Côte d'Ivoire

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par Winnie TSHILOBO MATANDA
Université officielle de Bukavu - Licence en relations internationales 2011
  

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2. PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES

La question relative à la paix, à la sécurité et à la stabilité constitue l'une des priorités majeures des Etats africains car ce continent est souvent ébranlé par les conflits les plus meurtriers et les plus dévastateurs. Ces conflits et guerres ne cessent de livrer au monde un spectacle d'horreurs, d'atrocités et de barbarie que la communauté internationale observe médusée. Les conflits du Liberia, de la RDC, de la Somalie, du Soudan, de la Sierra Léone, de la Cote d'Ivoire, etc. et surtout du Rwanda en sont des illustrations poignantes1(*).

En effet, l'accession à l'indépendance de la plupart des pays africains dans les années 1960 ayant favorisé la mise en place des gouvernements qui n'intégraient pas le principe de la séparation des pouvoirs, l'analyse du contexte politique général de l'Afrique de l'Ouest en particulier révèle un tableau géopolitique troublant et dramatique. Justement, cette situation chaotique trouve en grande partie ses causes dans les difficultés et les réticences des gouvernants à accepter les principes de partage du pouvoir et de démocratie. Cela a eu pour conséquences des revendications syndicales et politiques qui se sont soldées par des coups de force et la prise du pouvoir par les juntes militaires dans plus de 13 pays sur les 15 qui constituent aujourd'hui la CEDEAO.2(*)

La recrudescence des conflits dans cette partie du continent témoigne que l'Afrique est la victime de ses propres impuissances. L'observation de la pratique sociale en Afrique, après un demi-siècle des indépendances, semble confirmer la thèse centrale de René Dumont selon laquelle « l'Afrique n'est toujours pas partie »3(*). Cette observation révèle aussi que l'individu au pouvoir incarne l'Etat dont la survie dépend finalement de son humeur, de son vouloir. A titre exemplatif, la Libye était traitée d'« Etat-Kadhafi » parce que la vie de ce pays dépendait de l'humeur du « Guide de la révolution ». De même, l'Etat togolais était qualifié d'« Etat-Eyadema » et la Côte d'Ivoire d'« Etat-Gbagbo », etc.4(*)

Considérant tous ces maux, la dernière génération des africains à fait de la lutte politique un idéal. Pour elle, cette lutte devrait bâtir un nouveau continent, asseoir son économie, développer son potentiel. C'est à cela que l'on proclame que la lutte pour le développement est toujours allée de pair avec le combat pour l'intégration5(*). Une telle vision a conduit à la création des organisations sous régionales comme la CEEAC en Afrique Centrale, la CEDEAO en Afrique de l'Ouest, la SADEC en Afrique Australe, etc. Ces organisations ont pour but principal, le développement des Etats membres par la signature des traités de libre-échange.6(*)

Malgré ces efforts d'intégration, la plupart des pays membres de ces organisations demeurent confrontés à des conflits. Une telle situation ne pouvant laisser indifférentes leurs structures organisationnelles. La plupart d'entre elles, si pas toutes, se sont senties obligées, dans le souci de solidarité, d'intégrer dans leurs objectifs le maintien de la paix et la gestion des conflits dans et entre les Etats membres. C'est dans ce cadre que la CEDEAO s'est vue dotée d'autres priorités : le maintien de la paix dans la région qui est toujours confrontée à de nombreux conflits internes aux et entre pays membres. Elle était amenée à créer une force de maintien de la paix qui, avec l'appui financier des Nations-Unies et celui logistique des pays membres, a mis fin à la guerre civile au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée-Bissau. Les élections libres et transparentes y ont été tenues, ce qui a ainsi donné espoir pour un redémarrage économique de toute la sous-région ouest-africaine.7(*) Il s'agit là d'un pari gagné par les pays cités certes, mais de courte durée car quelques mois plus tard, la région sera de nouveau secouée par une crise de longue durée dans un autre pays membre, la Côte d'Ivoire. Malgré les bonnes intentions affichées par les dirigeants de la CEDEAO, aucune solution durable n'a été trouvée pour la résolution de la crise dans ce pays.

Au regard de ce qui précède et pour expliquer le bien-fondé de cette étude, nous nous sommes intéressés à la théorie du libéralisme institutionnel8(*) d'après lequel ce sont les institutions internationales qui sont dotées d'un pouvoir stabilisateur. Elles consolident, en l'institutionnalisant, la coopération entre les Etats jusqu'à la rendre, dans les cas les plus avancées comme l'UE, irréversible. Elles dissuadent, par des mécanismes de sanctions, les Etats de rechercher des gains unilatéraux. Elles développent la communication entre ces Etats et limitent ainsi les risques d'incompréhension et de conflit. Elles encouragent la paix en réunissant différents domaines de coopération (technique, économique, politique, etc.). Le libéralisme institutionnel comprend divers auteurs comme David Mitrany, Joseph Nye et Robert Keohane, Inis Claude, etc. Il distingue deux propositions principales, à savoir, les différends entre les individus, les conflits entre les Etats peuvent d'abord être résolus par des procédures juridiques mises en oeuvre par les organisations internationales et, ensuite par la « sécurité collective », c'est-à-dire par l'opposition d'un ensemble d'Etats contre tout agresseur qui aurait déclenché un conflit.9(*)

Appliquée à la présente étude, les initiatives de la CEDEAO revêtent les principes cités supra. Dans les traités ainsi que des rapports et discours de cette institution, il est question chaque fois de revivifier les liens de coopération et d'intégration dans la zone CEDEAO. Partant, la CEDEAO, par le biais de son organe de dissuasion et en utilisant des mécanismes de sanction, oblige les Etats qui cherchent des gains unilatéraux et développe la communication, encourage la paix en réunissant différents domaines de coopérations entre les Etats membres entre eux mais aussi entre les Etats membres et l'extérieur. Ainsi, les différends qui touchent les Etats membres de la CEDEAO ou qui opposent certains d'entre eux sont souvent résolus par des procédures mises en oeuvre par cette dernière. Celles-ci peuvent même prendre des proportions souvent rigoureuses, l'intervention militaire par exemple (ce qui a été d'ailleurs employé au Libéria sans toutefois l'être en Côte d'Ivoire), pour des Etats qui provoque l'instabilité du système.

Certains chercheurs ont étudiés la problématique sous différents angles. Ainsi, il est de notre devoir de faire mention de la quintessence de certains d'entre eux pour ne pas forcer une porte déjà ouverte. Dans un premier temps, Salamane Yameogo10(*) a démontré que la consécration d'un protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité, est un cadre juridico-politique général de recherche d'une « pax ouest Africana ». Ce document traduit la prise de conscience collective de l'interdépendance entre la paix et le développement. Il a été souligné dans un premier temps que le mécanisme CEDEAO est, du point de vue architectural, renforcé tant au niveau de son contenu que dans le cadre juridico-institutionnel. Cependant, il a constaté que cette ouverture encadrée et organisée a très vite été atrophiée étant donné que la réglementation de l'application du mécanisme est quelque peu rigide. L'auteur a donc fait un bilan de la mise en oeuvre du mécanisme. Cet examen a révélé des difficultés qui entravent l'amorce d'une véritable sécurité commune. Pour y parvenir, il a essayé de proposer différentes pistes de solutions.

Ensuite, Papa Lafatime Sène11(*) démontre qu'actuellement l'intégration régionale est au centre de la préoccupation sur le développement du continent africain. Pour cela, il est important de renforcer les organisations qui ont ce projet en charge. En tant qu'Etats souverains, les Etats africains ont accomplis des progrès considérables dans la voie de l'intégration régionale. Certains objectifs importants sont atteints, notamment, la création des zones de libre-échange dans la plupart des communautés économiques régionales. Certaines communautés économiques régionales plus avancées que les autres ont pu mettre en place la libre circulation des personnes et un tarif extérieur commun notamment la CEDEAO.

Enfin, Daniel BACH et Luc SIND JOUN12(*) ont mis l'accent sur le triomphe de la résolution hobbesienne des conflits en Afrique. Selon eux, l'ordre en cours dans la plupart de pays africains ayant abrité des conflits est dans une large mesure « un ordre réaliste », plus précisément « un ordre de la puissance ». D'où l'expression « résolution hobbesienne des conflits » qui vise à traduire l'importance des rapports de force dans les relations internationales africaines : importance camouflée par les mythes de la palabre africaine et du discours diplomatique sur la fraternité. Dans la réalité, la « kalachnikov » semble plus présente que le baobab ou arbre à palabre. La résolution des conflits peut être considérée comme une politique publique en ce sens qu'elle marque la prise en charge par le système international (universel ou régional), par des acteurs étatiques des ajustements par rapport à la paix considérée comme norme de vie publique internationale. Sa mise en oeuvre récente semble l'affirmer comme un lieu privilégié d'expression de politique de puissance sur le plan interne et régional. Sur le plan interne, la résolution hobbesienne des conflits renvoie à la victoire d'une des parties au conflit. Cependant, la solution militaire des conflits africains n'est pas exclusive. Il arrive qu'elle cohabite avec l'établissement de la paix sous les auspices d'une organisation internationale. C'est le cas du Liberia où l'action de la CEDEAO a été importante au point de permettre la tenue des élections générales le 19 janvier 1997. D'autres voies de résolution des conflits sont aussi utilisées, notamment l'établissement d'un compromis comme en Centrafrique ou au Niger. Néanmoins, il demeure que la politique de puissance constitue le fait marquant des processus de sortie de conflits dans les années 1990 en Afrique. De cette politique de puissance, les belligérants n'ont pas le monopole.

Notre travail se démarque des précédents en ce sens qu'il se propose de faire une étude analytique de deux conflits qui ont eu lieu dans la partie ouest du continent africain. Il va procéder par l'évaluation de l'impact concret des actions de la CEDEAO et son intervention dans l'un par rapport à l'autre en vue de ressortir les forces et les faiblesses faces aux spécificités des deux conflits. D'où, en prenant pour modèles de comparaison les opérations de maintien de la paix de la CEDEAO au Libéria et en Côte d'Ivoire, la question qui constitue la préoccupation majeure ou la problématique du présent travail est la suivante : Malgré les multiples interventions et médiations de la CEDEAO, qu'est-ce qui justifierait l'échec de sa médiation en Côte d'ivoire alors qu'elle a semblé réussir au Liberia et comment éviter que de tels résultats se reproduisent en cas d'éventuels conflits ultérieurs au sein de la région ?

En guise d'hypothèses, l'on présume que l'échec de la médiation ouest-africaine en Côte d'ivoire se justifie d'abord par le non-respect des accords signés par les différentes parties en conflit sous la houlette de la CEDEAO. Ensuite, les divergences qui se sont manifestés entre les chefs d'Etats de la CEDEAO lors des négociations de Lomé auraient affaibli les chances d'aboutissement des négociations. Par ailleurs, la non-application des clauses résultant des différentes médiations et des décisions de la CEDEAO qui, en principe, ne revêtent pas souvent un caractère obligatoire par les belligérants ne facilitait pas la conciliation des vues. Par contre, au Liberia, la CEDEAO avait convaincu les parties à trouver un terrain d'entente, à accepter la mise en place d'une véritable force militaire d'imposition de la paix dans ce pays. La souplesse des forces en présence dans le respect des décisions prises lors des négociations et des accords signés a constitué un atout majeur pour la réussite de la mission assignée à l'organisation sous-régionale. A l'avenir, pour éviter les résultats négatifs, la CEDEAO devrait être en mesure de se prendre réellement en charge, de convaincre toutes les partie en conflit sur la nécessité d'instauration d'une paix durable en recourant, s'il échouait, aux autres puissances ou organisations ayant en charge le maintien de la paix et de la sécurité. Elle devrait, en outre, envisager la révision de certaines dispositions de son protocole pour rendre ses décisions contraignantes et ses interventions plus efficaces.

* 1HARERIMANA, J.D., L'organisation des Nations-Unies face aux conflits armés en Afrique : contribution à une culture de prévention, Université de Liège- DEA en relations internationales et intégration européenne, 2007.

* 2MONZALA, W., Les initiatives d'intégration régionale en Afrique de l'ouest : analyse du cadre institutionnel de la CEDEAO, Université Africaine de Technologie et de Management UATM-GASA-Licence en Droit Public, 2009.

* 3DUMONT, R., cité par KADONY N.K., Une introduction aux relations internationales africaines, collection « Compte Rendu  », Paris, l'Harmattan, 2007, p. 7.

* 4 Idem, p. 20. 

* 5DOUKA, A.M., Le rôle des acteurs sous-régionaux dans l'intégration économique et politique : l'étude de cas de la CEDEAO, institut d'études politiques de Toulouse - Master 2 recherche de Géopolitique et Relations Internationales 2006.

* 6 KADONY, N.K., op. cit., p.20.

* 7HARSCH, E., l'Afrique se dote de force de maintien de la paix : face au désengagement des grandes puissances, l'Afrique renforce ses capacités, Afrique Relance, vol.17, Oct. 2003

* 8BLOM, A. et Cie, Théories et concepts de Relations internationales, Paris, Ed. Hachette, 2001, p. 32

* 9 Ibidem

* 10YAMEOGO, S., La prévention, la gestion et le règlement des conflits armés en Afrique de l'Ouest, Université de Ouagadougou, Maîtrise de droit, 2004.

* 11LAFATIME SENE, P., Les initiatives d'intégration en Afrique, Université Pierre Mendes-France, GRENOBLE II, 2005-2006.

* 12 BACH, D. et SINDJOUN, L. Cie, Introduction générale : ordre et désordre en Afrique, SL, janvier 2011

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore