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Les conflits armés en Afrique subsaharienne, un défi pour la communauté internationale

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par Simplice FEIKOUMO
Centre d'études diplomatiques et stratégiques de Paris - Master d'études diplomatiques supérieures 2012
  

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4.2.3. Les Enfants dans les conflits armés

4.2.3.1. Les enfants, victimes de maladies

Pour les organismes en charge des enfants et particulièrement l'UNICEF, en période de conflits, la vulnérabilité des enfants s'accentue. C'est le cas de la République Démocratique du Congo, où plus de 12% des enfants n'atteint pas leur premier anniversaire du fait de la hausse des maladies infectieuses, consécutives à une carence d'hygiène d'une part et d'autre part, à une malnutrition protéïno-calorique due au manque d'alimentation riche et équilibrée. Les services de santé de base et l'accès aux médicaments essentiels sont rares, aggravant ainsi le taux de mortalité chez cette catégorie de population. 

Chez des enfants qui survivent, on note que bon nombre d'entre eux sont traumatisés car témoins des actes de violences perpétrées sur les membres de leurs familles par les groupes armés. Des scènes horribles qu'ils vivent, tuerie aux coups de machettes ou de fusils, les détonations des armes lourdes ou d'assaut, des jours et des nuits d'insomnie et de longues marches, sont des situations qui marquent l'esprit de ces enfants, souvent abandonnés ou en compagnie de leurs parents. Une fois privés du tissu familial, les enfants victimes de conflit, perdent le chemin de l'école car élevés par les membres de leur communauté, dans laquelle les structures scolaires font défaut ; la guerre ayant détruit des infrastructures socio éducatives. Parfois ces enfants se retrouvent dans la rue sinon, ils vivent dans de camps des déplacés avec des conditions de sécurité et d'hygiène préoccupantes.

Les conflits armés empêchent les enfants d'avoir accès à la nourriture, aux soins médicaux, à l'eau potable et à l'éducation. Cela favorise la flambée des maladies qui viennent compliquer le séjour des populations dans les camps des réfugiés ; les enfants restent les premières victimes de la malnutrition, des maladies diarrhéiques des infections broncho-pulmonaires, du paludisme, augmentant le taux de mortalité dans la communauté144.

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144- Bureau International des droits des enfants, les enfants et les conflits armés, un guide en matière de droit international humanitaire et de droit international des droits de la personne, Montréal, 2010, p.53-61

- RD Congo, une crise humanitaire complexe, mars 2012, http://www.rdc.humanitaire.net

- ONU, Assemblée Générale, communiqué de presse AG/1287, 09 mai 2002

Les principales infrastructures socio économiques sont l'objet d'attaques et de pillages systématiques de la part des groupes rebelles ; ces opérations ciblées contre des installations civiles occasionnent de perturbation dans la vie des populations qui vivent retranchées dans un abandon total. L'incertitude créée par les conflits, entraine de la détresse chez les enfants. Victimes d'attaques contre leurs communautés, les enfants qu'ils soient soldats ou réfugiés, sont témoins et auteurs des actes de barbarie aux conséquences incalculables. Cependant, ces faits qui les marquent profondément sur le plan psychologique, modifient dans le temps, le cours de leur vie.

Sous les feux des armes, les parents se séparent de leurs enfants qui se retrouvent seuls, sans surveillance ; Ils deviennent la proie à des guerriers prédateurs qui font leur loi. Eloignés de leurs foyers, les enfants sont exposés à des tentatives ou des pressions environnementales qui les détournent de leur éducation. Plus le conflit se prolonge, plus les forces en présence font recours aux enfants à qui elles offrent des armes facilement maniables et transportables (armes de petit calibre), lesquelles alimentent les conflits en Afrique.

4.2.3.2. Les enfants, soldats

Si les conflits armés font des ravages au sein de la population civile, détruisant foyers, villages écoles, centres de santé, jetant en route de nombreuses familles, ils font plus de mal aux enfants que les bombes ou toutes autres explosifs.

Exposés à la violence des conflits par leur âge, les enfants vont de plus en plus être exposés aux envies que créent les guerres sur le continent africain. Cette pratique se déroule en dépit des normes internationales sur la protection des enfants, traduites par la convention sur les droits de l'enfant (CDE) 145.

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145 - La Charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant interdit le recrutement de personnes de moins de dix-huit ans et leur utilisation dans des conflits armés internes ou internationaux. - Charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant, addis Abeba, 1990

A ce jour, des dizaines de milliers de filles et garçons participent aux conflits comme combattants et sont exploités par toutes les parties au conflit. Si la statistique reste muette aujourd'hui, les enfants africains sont brutalisés et utilisés de manière terrifiante dans les conflits qui secouent l'Afrique subsaharienne. On estime à plus de 2 millions, le nombre d'enfants tués dans des situations de conflit armé à plus de 6 millions le nombre de ceux rendus handicapés à vie  et que près de 300.000146 manoeuvrent en qualité des combattants dans les zones de combats dont plus de 40% se trouve en Afrique. Ce phénomène fait bel et bien partie du langage des guerres qui se déroulent en Afrique.

Recrutés par les forces gouvernementales ou les forces rebelles, les enfants, garçons et filles dont l'âge varie entre 08 et 17 ans, sont transformés en instruments de travail sur les théâtres des opérations afin de grossir les rangs des combattants. Sur le plan psychologique, ces enfants facilement maniables et contrôlables, sont soumis à un lavage de cerveau pour obtenir d'eux une obéissance totale. Ils ignorent le droit, et n'ont pas de limite dans les opérations, ils deviennent redoutables car la terreur étant leur mode d'action. Une fois enrôlés, les enfants ne sont pas utilisés qu'au seul service des combats ; en première ligne dans les terrains d'opérations, les enfants-soldats sont des espions, des coursiers, des gardiens de sites diamantifères, pétrolifères ou encore des porteurs. Comme les « Small girls Unit » au Libéria147, les filles participent au côté des garçons pour effectuer ces missions hors du commun. Contrairement à beaucoup d'avis qui déclarent que les filles sont des esclaves sexuelles, dans certains conflits, elles sont essentiellement utilisées pour s'occuper de la vie des combattants en leur apportant aide et appui tels les renseignements sur la position de l'ennemi, la préparation des potions et des rites pour la guerre. Eléments de tête lors des attaques et souvent livrés à eux-mêmes, ces enfants soldats participent à plusieurs batailles ; ils connaissent la faim, la souffrance et se souviennent d'avoir tué des soldats ennemis pour se défendre. Beaucoup d'entre eux sont morts. Ces conflits, avec ou sans implication des enfants, sont sources de déséquilibre chez cette frange de la population.

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146 : Kassimi Bamaba, le drame des enfants soldats en Afrique, Débats, Courrier d'Afrique de l'Ouest, n° 22, février 2005, p. 21-24

147 : Enfants soldats, « L'Afrique ne représente qu'une facette du problème » http// :www.lemonde.fr/afrique/enfants _ soldats- Février 2012

La participation des enfants dans les conflits en tant que combattants, constitue une source de préoccupation pour la société africaine. Un enfant soldat qui perd l'éducation familiale, sa culture, déconnecté des ses origines, devient une source de danger pour sa communauté. A la fin des conflits, la tendance est à la démobilisation et à la réinsertion (ce que nous développerons un peu plus loin). Certes, c'est l'occasion de revenir à la case de départ et retrouver son milieu, mais en pratique, cette démarche ne libère pas les enfants du traumatisme qu'ils ont vécus au front et ne sont pas en même d'avoir un équilibre mental pour reprendre la vie normale. «Je m'appelle Wilmot et je suis du Libéria. J'ai 16 ans. À 5 ans, j'ai fui le Libéria avec ma mère pour la Sierra Leone. J'étais alors trop jeune pour comprendre réellement ce qui se passait. J'ai entendu tirer, vu des gens courir et d'autres tirer. J'ai vu tuer des gens, j'en ai vu mourir ; des jeunes de mon âge mouraient. [...] J'ai vu des milliers de familles, comme la mienne, tout abandonner et fuir. [...] » 148 .Le mental de l'enfant ayant saisi ces faits, il lui est difficile de s'en remettre; et toutes les épreuves qu'il a encourues deviennent pour lui, une source de déstabilisation psychologique

Avec les enfants dans les conflits, c'est une génération qui est sacrifiée. Le nombre des filles et garçons enlevés de leur foyer ou de leur collectivité a atteint un niveau sans précédent. Les enfants influençables sont souvent déroutés par des messages d'appel à la haine et à la désobéissance contre le pouvoir de l'Etat, voire l'emblème du pays149. Beaucoup deviennent insensibles aux notions du patriotisme, les méthodes acquises pendant la guerre sont contraires aux règles d'une vie en société, c'est-à-dire, le respect de droit et de liberté des individus. Ce sont des anciens enfants soldats qui font le lot des gangsters, car un enfant élevé dans la violence apprend à être violent, ceux qui sont élevés dans la haine, apprennent à haïr et une fois arrivés à l'âge majeur, n'ayant pas été normalement à l'école, appauvris intellectuellement, désorientés de surcroit, ils constituent la classe des détractés sociaux de seconde génération avec un seul atout, la connaissance des armes et le maniement facile de la violence. Les pays africains qui ont vécu plus d'un quart de siècle dans la guerre ou dont la plupart des enfants sont nés dans les conflits, sont privés d'une ressource en hommes pour bâtir leur nation. C'est un autre défi à relever par l'Afrique subsaharienne à côté de celui de son intégration.

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148- Julia FREEDSON, Les conséquences des conflits sur les enfants : le rôle des armes légères www.unidir.org

149 - RD Congo, enfants soldats et victimes des conflits armés, http://www.kira-intern.org

- Préserver les enfants des conflits armés, Afrique Renouveau vol.22, avril 2008, p.4

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo