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Histoire et épidémiologie historique de la noyade dans le Rhône XIXème-XXème siècles


par Charlotte Gouillon
Université Lyon 2 - Master 2 2025
  

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II- Les noyades liées aux baignades

Dans une deuxième partie, nous allons nous intéresser à l'une des causes principales des noyades accidentelles ayant lieu dans le département du Rhône de 1800 à 1950 : les baignades. Comme nous avons pu l'évoquer dans notre première partie, la baignade fait partie intégrante de la vie des Lyonnais et ce depuis longtemps. Cependant, par un manque accru de pratique, ou par la dangerosité que peut révéler parfois les eaux des fleuves, la fréquence des noyades engendrées après une baignade est considérable. Nous allons étudier de plus près ce phénomène qui touche la population rhodanienne au XIXème siècle et au début du XXème siècle et tenter d'établir le profil de ces baigneurs ainsi que les circonstances de ces noyades. Représentant 158 cas au sein des 483 noyades accidentelles recensées, les noyades liées aux baignades représentent alors 32,71% des noyades accidentelles soit 14,85% du total des noyades.

a) Le profil des baigneurs

Il est intéressant de tenter de produire le profil de ces baigneurs qui enfreignent parfois les lois et les interdictions imposées par les autorités publiques pour se baigner à certains endroits. Tout d'abord, nous supposons que le nombre de noyades ayant eu lieu à la suite d'une baignade est dans les faits plus important que ce que révèlent les archives, en raison notamment d'une non-connaissance dans certains cas des circonstances de la noyade d'une personne. On suppose ceci en raison de l'observation faite selon laquelle il y a une majorité de noyade qui ont lieu durant la période de l'été et plus précisément durant le mois de juin au mois de septembre. Nous aurons l'occasion de revenir sur les périodes de prédilection des baigneurs dans la sous-partie suivante.

212 ADR, Lyon, Série 4M « Police », 1800-1939, Côte 4M494.

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Dans son étude, Françoise Bayard estimait qu'à Lyon aux XVIIème et XVIIIème siècles se baigner dans les fleuves n'avait rien d'étonnant et déclarait que : « La baignade est pratiquée par les deux sexes, à tout âge, dans tous les milieux sociaux, à tout moment, dans des lieux variés et selon des modalités différentes ». Néanmoins, elle poursuit ses propos en déclarant qu'en examinant la levée des cadavres des noyés, on pourrait croire que la natation est réservée aux personnes de sexe masculin, deux victimes de sexe féminin seulement ayant été recensées de 1624 à 1789. En étudiant les baignades aux XIXème et dans la première moitié du XXème siècle, on observe que ces conclusions sont toujours d'actualités. En effet, l'intégralité des baigneurs qui se sont noyés sont des hommes, on ne recense aucune victime féminine entre 1800 et 1950. Dans 44 cas, l'âge de la victime est inconnue, cependant on constate que pour les victimes dont on connaît l'identité, tous les âges sont représentés. La victime la plus jeune que nous rencontrons a 8 ans tandis que la plus âgée a 69 ans. Cependant, dans l'ensemble les victimes sont relativement jeunes, la moyenne d'âge de ces baigneurs étant d'environ 20 ans. L'un des moyens d'identifier le cadavre d'un baigneur est la présence de la nudité chez la victime. En effet, un nombre important de baigneurs se baignent nus durant cette période ou parfois avec un slip de bain. Les descriptions des cadavres par ailleurs évoquent assez régulièrement la présence de cette nudité chez la victime même lorsque son identité demeure inconnue ce qui nous permet de reconnaître les baigneurs parmi l'ensemble des noyés. Nous avons par exemple le cas d'un cadavre retrouvé le 20 juillet 1865 dans le Rhône à Lyon et dont la description retranscrite dans le PV est la suivante : « on présume que la victime s'est noyée en se baignant (É) complètement nu sur le bord du Rhône près du parc de la tête d'Or212 ».

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b) Les périodes de prédilection des baigneurs

Désormais, nous allons nous intéresser aux périodes durant lesquelles le plus de baigneurs se noient. C'est très logiquement que la période de l'année durant laquelle on recense le plus de victimes de noyade lors des baignades est l'été. En effet, l'intégralité des disparitions des baigneurs a lieu entre le mois d'avril et le mois de septembre, périodes propices aux baignades notamment en raison du climat et de la chaleur estivale qui poussent les hommes à se rafraîchir dans une étendue d'eau.

Concernant les périodes de découverte des cadavres de baigneurs, il est difficile d'avérer que les statistiques que nous avons construit sont fiables notamment dû au fait que nous ne pouvons pas faire le rapprochement entre les victimes ayant disparu et les cadavres qui sont retrouvés lorsque l'identité de l'un ou de l'autre n'est pas connue ou qu'il est difficile d'identifier le corps. Cependant, les résultats que nous trouvons nous permettent d'admettre que les cadavres de baigneurs qui sont retrouvés le sont tous durant la période estivale également, même si pour 118 des cas de noyades après une baignade nous ne connaissons pas la période de découverte du cadavre ayant disparu dans l'eau. Le graphique suivant n'est donc pas représentatif de la réalité, et bien plus de cadavres ont été retrouvés mais il nous permet cependant d'avoir une idée des périodes durant lesquelles il est fréquent de retrouver les cadavres de baigneurs.

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c) Les lieux de prédilection des baigneurs

Enfin, nous allons nous intéresser aux lieux de disparition des baigneurs dans le département du Rhône au XIXème siècle et au début du XXème siècle en nous appuyant sur les archives des PV des ADR. Nous observons une majorité de disparition et de noyade de baigneurs dans le Rhône dans lequel on recense 70 cas plus deux cas dans ses lônes, qui sont des bras du fleuve. Dans la Saône, nous recensons au total 55 cas de disparitions ayant eu lieu après une baignade.

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Concernant les communes, on observe une majorité de disparitions qui ont lieu dans la ville de Lyon, cette ville représentant à elle seule 87 cas. Nous pouvons également observer que les communes frontalières de la ville de Lyon sont les plus touchées après celle-ci, avec notamment un nombre important de disparitions recensées dans la commune de La Guillotière par exemple213. Il faut également noter qu'un certain nombre de ces noyades de baigneurs ont lieu dans les fossés et notamment au sein du fossé du fort de Villeurbanne. Construit à partir de 1831, ce fort, également appelé « fort Montluc » était situé sur la rive gauche du Rhône214 et accueillait régulièrement des baigneurs qui venaient s'y rafraîchir l'été ou même des personnes qui y chutaient accidentellement. Nous pouvons notamment évoquer le cas de Jean-Claude Four, âgé de 15 ans qui s'est noyé accidentellement le 5 juillet 1866 alors qu'il se baignait dans le fossé du fort de Villeurbanne215. Les baigneurs se donnent également rendez-vous sur des plages non encadrées, on en recense notamment à Collonges-au-Mont-d'Or, à Rochetaillée, à Neuville-sur-Saône mais également à Caluire-et-Cuire avec la plage de Saint-Clair, ou la plage du Rhône à Lyon située près du parc de la Tête d'or216.

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