PARTIE 1
LE RAPPORT À L'EAU ET LES RISQUES LIÉS AU FLEUVE
À LYON AUX XIXÈME ET XXÈME SIÈCLES
Construite à la confluence de deux cours d'eau, la
ville de Lyon a depuis toujours suscité chez ses habitants un rapport
à l'eau et au fleuve spécifique et particulier. Si contrairement
aux Grecs durant l'Antiquité les Lyonnais ne firent pas de leurs fleuves
des divinités, une véritable relation de dépendance s'est
pourtant développée au fil des siècles, nous pourrions
même parler d'une relation passionnelle entre des habitants et des cours
d'eau qui peuvent tant donner comme tant reprendre. À la fin du
XVIème siècle, l'historien Pierre Matthieu déclarait
même que « Le Rhône et la Saône sont les veines qui
portent le sang et la nourriture dans Lyon »38.
Au cours de l'Antiquité la relation au fleuve et
à l'eau à Lyon était basée sur le transport et le
commerce. Servant de voies de communication pour le transport de biens et de
personnes, la navigation permettait alors à la ville de Lyon de
développer son économie et son commerce. Le rapport à
l'eau quant à lui était crucial, les fleuves permettant d'une
part de fournir de l'eau pour la réalisation des tâches
domestiques mais également pour l'agriculture.
Au Moyen-Âge, l'utilisation du fleuve et de l'eau n'a
guère évolué. En effet, les fleuves continuent à
jouer un rôle majeur pour le commerce et pour l'agriculture, permettant
à la fois de fournir une hydratation importante aux champs sillonnant la
ville mais également de donner à boire aux bétails. Les
Lyonnais quant à eux évitent de boire l'eau de la Saône et
des puitss avoisinants, ces dernières étant
considérées comme impures, ils préfèrent les eaux
des sources ou le cas échéant celles du
Rhône39.
Durant les Temps modernes, Lyon, comme la majeure partie de la
France connaît une forte croissance. On y note notamment une
évolution générale et une expansion commerciale intense,
ainsi qu'une croissance démographique et une importante
immigration40. Ces succès économiques permettent alors
de nouvelles conquêtes urbaines avec l'apparition d'une volonté
d'aménagement de la rive gauche du Rhône. Diverses constructions
autour du fleuve sont établies menées par un désir de
contrôler des eaux qui demeurent dangereuses et destructrices. C'est dans
ce contexte que sont construits entre 1759 et 1769 la digue de la Tête
d'or ou le canal imaginé par Jean-Antoine Morand en 1764 au pont de la
Boucle retrouvant le Rhône en aval du pont de la
Guillotière41.
38 Jean COULON, Emmanuel VINGTRINIER, La Vie Lyonnaise :
Autrefois, aujourd'hui, Éditions de Lyon, 1983, 424p.
39 Jacques ROSSIAUD, Lyon : la rivière et le
fleuve, Lyon, Éditions Lyonnaises d'art et d'histoire, 2013.
40André PELLETIER, Jacques ROSSIAUD,
Françoise BAYARD, Pierre CAYEZ, Histoire de Lyon des origines
à nos jours, Éditions Lyonnaises d'Art et d'Histoire,
Barcelone, 2007.
41 Jacques ROSSIAUD, Lyon : la rivière et le
fleuve, Lyon, Éditions Lyonnaises d'art et d'histoire, 2013.
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Dans cette première partie, nous allons nous
intéresser aux évolutions que connaissent les Lyonnais quant
à leur rapport à l'eau et au fleuve à partir du
XIXème et ce jusqu'au XXème siècle.
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