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La Convergence Régionale dans l'Union Européenne. Le Rôle des Fonds Structurels.

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par François Defourny
Université de Liège - Maîtrise en Sciences Economiques 2003
  

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B. La ý-convergence

La méthode la plus élémentaire et la plus intuitive pour estimer la convergence consiste à observer simplement l'évolution année après année de la dispersion de l'ensemble de l'observation en coupe transversale. Différents indicateurs de disparité régionale peuvent être utilisés pour de telles observations. Les plus fréquemment rencontrés dans la littérature sont le simple écart-type en coupe24 et le coefficient de variation25 (rapport de l'écart type au niveau de richesse moyen de l'échantillon à un moment donné). La simple observation de l'évolution de ces mesures de dispersion permet de conclure à la convergence ou à la divergence des niveaux de richesse régionaux. On parle donc de sigma (ý) convergence lorsque les indicateurs de disparité régionale manifestent une évolution décroissante au cours du temps.

D'un point de vue empirique, au sein de l'Union Européenne, la convergence doit absolument être considérée différemment au niveau régional et au niveau national car ce sont là deux réalités radicalement différentes. D'abord, il semble évident que les disparités de PIB/hab. seront nettement plus importantes entre 206 régions NUTS II qu'entre les quinze Etats membres. Par exemple, en 1996, le PIB par habitant du centre de Londres était près de cinq

23 Soulignons tout de même que certains auteurs comme Martin (2001) ou Armstrong (1995) qui préfèrent la valeur ajoutée brut par habitant comme indicateur de comparaison, arrivent globalement aux mêmes conclusions.

24 Voir par exemple Barro & Sala-i-Martin (1991) ou Ederveen et al. (2002)

25 Voir par exemple Capron (2000)

fois supérieur à celui de la région grecque d'Ipeiros. Au niveau des quinze pays membres, ce rapport n'était même pas de deux.

Si on regarde l'évolution de la a-convergence, la situation est également totalement différente entre le niveau régional et national. En effet, toutes les études qui se penchent sur la disparité des revenus entre les différents pays26 européens observent un processus de a-convergence soutenu et pratiquement ininterrompu depuis la fin de la seconde guerre mondiale. C'est notamment le cas des travaux de Giannetti (2001), Capron (2000), Cappelen, Fagerberg & Verspagen (1999), Ederveen et al. (2002), Barry (2003). La seule irrégularité de cette tendance apparaît à la fin des années septante et au début des années quatre-vingt où la a-convergence connaît une brutale interruption. En dehors de cette décennie particulière, on assiste entre pays à un processus de a-convergence incontestable. L'absence de débat à ce niveau de nomenclature est attribuable d'une part à la puissance du processus de a-convergence et d'autre part à la complétude des données et à la petite taille de l'échantillon observé. Ces deux derniers aspects laissent finalement peu de place à d'éventuelles erreurs statistiques.

En revanche, les études qui se sont penchées sur la a-convergence entre régions n'arrivent pas toutes aux mêmes conclusions. A ce niveau de découpage spatial, les échantillons sont vastes et les bases de données parfois lacunaires. Dans le Graphique 1, nous présentons sept études27 observant l'évolution des disparités de PIB/hab. entre régions sur la fin du vingtième siècle. Les auteurs utilisant tantôt le simple écart-type tantôt le coefficient de variation28, le niveau des différentes courbes ne nous apporte aucune information. Par contre, l'évolution de ces courbes est très instructive. Malgré des tailles d'échantillons très variables (de 88 à 171 régions), on observe que la plupart des études trouvent des évolutions fort comparables. En effet, la majorité de ces études reconnaissent un processus de a-convergence si faible qu'on peut à peine conclure à une convergence effective.

Sala-i-Martin (1996) avait pourtant enregistré de fortes réductions de disparité depuis 1950. Mais cette tendance a été brisée par une phase de stagnation entre 1975 et 1985. Neven & Gouyette (1995) ainsi que Capron (2000) identifient un timide redémarrage de la convergence

26 Se basant sur une observation de 9 ou 12 pays de l'Union mais sans tenir compte des élargissements ultérieurs qui biaiseraient l'estimation.

27 Les échantillons observés sont composés de régions NUTS II voire de quelques régions NUTS I, le cas échéant, pour compléter les données indisponibles au niveau NUTS II.

28 Contrairement à l'écart-type, le coefficient de variation s'interprète comme un pourcentage.

en 1984. Mauresth (2001), pour sa part, situe la reprise en 1986. Dans tous les cas de figure, la modestie de la ý-convergence régionale est incontestable.

0,7 0,6 0,5 0,4

0,3

0,2
0,1
0

Graphique 1 : Evolution de la disparité du PIB/ hab. au niveau régional de 1980 à 1998

Fuss(1999) - 144 régions

Mauresth (2001) - 143 régions

Mauresth (2001) - 88 régions

Neven & Gouyette (1995) - 142 régions

Tondl (1999) - 171 régions

Basile, de Nardis & Girardi (2001) - 119 régions

Années de 1980 à 1998

 

Capron (2000) - 170 régions

À notre connaissance, Fuss (1999) est une des seules à présenter des résultats nettement différents. En effet, non seulement elle rejette radicalement l'hypothèse de ý-convergence pour la période 80-92, mais la croissance de la courbe traduirait même un important phénomène de divergence régionale. Ne pouvant expliquer cette exception, nous nous rallierons à la majorité, d'autant plus que d'autres auteurs accréditent la thèse d'une ýconvergence très timide au niveau régional, sans que nous ayons pu les intégrer dans notre graphique faute de données annuelles suffisantes. C'est le cas notamment de Cappelen et al. (1999 et 2003), de Boldrin et Canova (2001), de Cour et Nayman (1999) ou encore de Ederveen et al. (2002) dont les travaux confirment cette très légère tendance à la réduction des disparités. Toujours dans le même sens, la Commission Européenne (2003b) a enregistré, au cours des années nonante, une réduction des disparités de 1,7% au niveau régional29 contre 12% au niveau des quinze Etats membres.

Ces importantes différences de vitesse de résorption des inégalités aux niveaux national et régional ne laissent pas d'interpeller. Une piste que nous pouvons brièvement explorer à ce stade-ci consiste à se pencher sur l'évolution des disparités entre régions au sein d'un même

29 Lorsqu'on exclut les Länder "Est-allemands" de l'observation, cette timide convergence régionale se transforme en divergence à raison de 7, 9% en dix ans.

pays. En effet, si la diminution des disparités inter-pays est manifeste, la convergence intrapays serait beaucoup plus incertaine. Malheureusement, selon les auteurs, l'évaluation des disparités entre régions d'un même pays donne des résultats contradictoires. Ederveen et al. (2002), notamment, se sont penchés sur une douzaine de pays30 pour finalement trouver des résultats "internes" très mitigés. La France, le Royaume-Uni, l'Italie et la Suède ne présentent pas de ý-convergence quand les autres Etats membres montrent des signes, parfois fébriles, de réductions des disparités régionales internes. En revanche, selon Barry (2003) c'est en Grèce et en Espagne que les disparités régionales se sont le plus renforcées depuis le début des années quatre-vingt.

Ces résultats ne concordent pas tout à fait avec les affirmations de Capron (2000) pour lequel c'est principalement au sein des pays retardataires qu'un nombre restreint de régions joueraient le rôle de locomotives pour doper les résultats nationaux. D'après lui, les disparités internes des pays, dits de la Cohésion31 (Espagne, Portugal, Grèce et Irlande) ne font que s'aggraver. Enfin selon les chiffres de la Commission (2003 b), les disparités régionales internes se sont renforcées dans pratiquement tous les pays au cours des années nonante. L'Allemagne, la France et l'Autriche seraient les seuls à faire exception (voir Annexe 1).

Nous n'avons, bien entendu, pas relevé ici toutes les divergences de la littérature à propos de la ý-convergence intra pays. Une chose semble cependant certaine : toutes les régions sont loin de profiter équitablement de la convergence observée entre pays. Mais est-ce là une surprise? Si cette tendance devait se confirmer par la suite, nous devrions pouvoir en tirer quelques conclusions intéressantes.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote