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Handicap psychique et insertion professionnelle, enjeux humains et institutionnels, un changement nécessaire

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par Nadine LE NUZ
IRIS, Institut Régional en Intervention sociale - CAFERUIS 2008
  

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3.3.2 L'accueil des stagiaires

Le temps est un facteur qui conduit subrepticement l'usager à s'installer dans une routine qui sécurise son parcours. Il est nécessaire à la stabilisation de la maladie, à l'adaptation à un nouvel environnement et à la reprise de repères, mais il freine sans aucun doute les sorties vers l'extérieur. Instruire le stagiaire sur les différentes possibilités qui s'ouvrent à lui, dès la période d'essai peut construire la première étape d'un projet de désinstitutionalisation progressive et à l'ouverture d'un projet encadré vers un travail en milieu ordinaire. Cela suppose que l'équipe se tourne résolument vers des prestations plus individualisées reposant notamment sur la qualité des premiers entretiens.

3.3.3 Guide des entretiens

L'accueil des stagiaires et le suivi des travailleurs de l'ESAT reposent sur des entretiens donnant un état des lieux des besoins et des attentes l'usager. A l'heure actuelle, les écrits relatifs à l'usager sont les informations recueillies par l'assistante sociale et par le médecin psychiatre et le coordinateur des projets. Il n'y a pas ou peu de traces des écrits des moniteurs d'atelier. La restitution par oral de l'entretien préalable à la réunion de projet dénote parfois d'un manque de savoir faire qui ne permet pas de s'enrichir de connaissances et d'informations sur l'usager et laisse place à une grande subjectivité.

Je proposerais donc d'élaborer un guide pour aider les membres de l'équipe à structurer les entretiens et à faciliter les échanges d'informations. Il pallierait aux difficultés d'expression de part et d'autre et ne laisserait pas de place à l'improvisation ou à l'humeur du moment. Cela garantirait à l'usager une certaine neutralité et objectivité dans sa conduite puisqu'il reposera sur une trame commune. La formalisation par écrit laissera une trace à laquelle les différents partenaires et l'usager pourront se référer. Le dossier unique n'a pas pour objectif de n'être qu'un document administratif mais bien d'être le lien entre le passé, le présent et le futur en construction de l'usager et la mémoire des actions entreprises par les membres de l'équipe.

La qualité de l'entretien repose aussi sur la qualité de l'accueil de l'usager et sur le temps qui peut lui être consacré. Un ou des lieux pourraient être aménagés pour garantir un minimum de confort et de discrétion à l'écart de l'atelier.

3 2.4 L'évaluation des compétences

Pour les deux paragraphes suivants, il est important de signaler que compte tenu du nombre important de travailleurs handicapés et du nombre restreint de salariés, l'examen de la situation des usagers autour du projet individuel n'a lieu qu'une fois tous les deux ans. Cela suppose alors de poser les bases d'une organisation qualitative.

Une grille d'évaluation avait été élaborée en équipe, (voir document en annexe 2). Cependant les moniteurs relataient, lors de rencontres informelles, qu'elle avait des inconvénients majeurs.

Elle devait être remplie tous les mois ce qui ne leurs semblait pas justifié et elle ne différenciait pas les niveaux de compétences des usagers. De plus, elle ne permettait pas de déceler si une personne avait re-acquis assez de compétences et de savoirs faire pour intégrer le milieu ordinaire. Elle n'était pas utilisée par une partie de l'équipe. Elle ne servait pas de support à l'élaboration du projet individuel et enfin, je ne trouvais pas l'outil en adéquation avec les exigences requises pour accompagner l'usager vers une insertion en milieu ordinaire.

Evaluer l'usager aurait dû renvoyer l'équipe à se positionner sur ses pratiques, à les définir pour construire une trame commune de référence culturelle et professionnelle. « La question du référentiel est centrale dans la démarche évaluative puisqu'il constitue ce par rapport à quoi les acteurs se mettent d'accord pour évaluer »30(*) Une grille d'évaluation aide à la définition du service rendu aux usagers. Elle interroge sur l'activité en terme qualitatif et quantitatif et sur les objectifs recherchés. Elle donne un cadre à l'intervention, donne du sens. Elle quantifie les performances de l'usager et donne une base la plus objective possible à ce qui doit être observé. Elle procure les moyens de se confronter à la subjectivité et interroge sur ce qui la motive. L'évaluation doit permettre à l'usager d'apprécier sa valeur et de lui apporter un savoir sur lui-même qui à terme peuvent infléchir le cours de son histoire.

Personne à l'ESAT n'avait été formé à l'évaluation des compétences et à la méthodologie de projet. Pour aider et accompagner l'équipe dans sa démarche d'appropriation des outils de la loi 2002, j'ai initié la protocolisation d'actions et de conduites en m'appuyant sur mes compétences et sur des documents et les connaissances acquises pendant la période de stage

Je me suis inspirée d'une étude réalisée par le réseau Galaxie31(*), spécialisé en insertion professionnelle des personnes handicapées psychiques pour créer une nouvelle grille. Cette étude décrit dans chaque champ, cognitif, professionnel, relationnel et identité personnelle, quelles sont les difficultés rencontrées par les personnes atteintes de maladie mentale. Ces difficultés ont été reformulées pour les faire apparaître sous forme d'aptitudes afin de mesurer plus précisément les capacités et les compétences mais aussi le rapport de l'usager à lui-même et à son environnement.

La nouvelle grille reprend aussi certains des critères inscrits dans celle réalisée par l'équipe. Elle a été expérimentée dans chaque atelier une fois sinon deux et les remarques des moniteurs et des usagers, quand il a été possible de les associer à ce travail, ont été prises en considération et ont modifié la structure de la grille initiale.

L'outil élaboré (voir document en annexe 3) permet d'identifier les savoirs faire mais aussi les savoirs, et savoirs être et répond à la nécessité d'évaluer l'usager en fonction de critères quantifiables et qualifiables qui soient transférables en milieu ordinaire. Se mettre en action pour réaliser un travail, une tâche ne peut être, à mon sens, réduit à des aptitudes professionnelles et comportementales. Comme l'indique Christophe Dejours, «  le fait de travailler » fait appel à une multitude de processus : « des gestes, des savoir-faire, un engagement du corps, la mobilisation de l'intelligence, la capacité de réfléchir, d'interpréter, de réagir à des situations, mais c'est aussi le pouvoir de sentir, de penser et d'inventer »32(*).

* 30 Les défis de l'évaluation en action sociale et médico-sociale, sous la direction de B. BOUQUET, M. JAEGER et I. BEAULIEU, éditions Dunod, février 2007, page 184

* 31 Les besoins spécifiques des personnes en situation de handicap psychique au regard de l'emploi, note rédigée pour le réseau Galaxie par D .ARRIVE, C. COLOMBO et M. LEROUX, décembre 2004

* 32 Les défis de l'évaluation en action sociale et médico-sociale, sous la direction de B.Bouquet, M.Jaeger et I.Saulieu, éditions Dunod février 2007, page 268

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci