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Le conseil en audit social

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par Melanie MEIMOUN
ICSV - CNAM - Master 2008
  

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Annexe n°13 73: Les Big four à la loupe.

ELLES ETAIENT HUIT IL Y A UNE DIZAINE D'ANNEES. ELLES NE SONT PLUS QUE QUATRE AUJOURD'HUI. LES FIRMES D'AUDIT ET DE CONSEIL ONT PRESQUE AUTANT DE POINTS COMMUNS QUE DE DIFFERENCES. QUI SONT-ELLES VRAIMENT ET COMMENT FONCTIONNENT-ELLES? PRESENTATION...

Deloitte: une question d'équilibre

Avec trois métiers de base (audit, conseil/advisory, tax) représentant chacun environ un tiers de son activité, Deloitte Luxembourg prône avant tout l'équilibre dans ses activités et un partage optimisé des ressources. «Nous remarquons souvent que, pour un type de mission, nous devons aller chercher des compétences dans les deux autres métiers, explique Maurice Lam, managing partner de la firme au Grand-Duché. Derrière une mission `TVA' se greffe souvent un projet `process technology', par exemple».

Le tout, évidemment, dans le respect des règles d'indépendance imposant aux firmes de ne pas servir un même client en audit et en conseil. «Nous n'allons évidemment pas proposer des services incompatibles aux clients, mais nous pouvons rendre un meilleur service en nous appuyant sur de multiples compétences. Pour faire un très bon audit, les compétences du département advisory peuvent être très précieuses».

Comme chez les autres Big Four, un comité d'acceptation se charge de toute façon de faire le tri entre les clients qu'il est possible de servir ou pas. «En matière de conseil, j'ose affirmer que Deloitte est le seul prestataire vraiment global parmi les Big Four, indique M. Lam, ce qui nous donne un réel avantage et qui explique aussi pourquoi la branche représente un tiers de notre activité».

Cet équilibre dans les activités, Maurice Lam entend également le reproduire au travers de la culture d'entreprise développée au sein de la firme. «Nous nous appuyons sur des relations étroites entre collègues, avec un engagement fort des uns vis-à-vis des autres, et par conséquent, aussi, vis-à-vis de nos clients», résume-t-il. D'où la volonté de tout faire pour rendre plus agréable la vie des employés. «C'est une profession qui leur demande beaucoup d'eux-mêmes et nous essayons de leur faciliter la vie au travail. Nous avons notamment développé, depuis le début de l'année, un important service de conciergerie. L'idée est d'être chaque jour un peu mieux que la veille. Mais on sait aussi très bien que ce sont des efforts qui s'apprécient sur le moyen terme».

Dans un contexte économique favorable au Luxembourg, les services conseil/advisory et tax sont ceux qui sont actuellement les plus porteurs et demandeurs de ressources.

73 Source : BUSINESS magasine. « Les big four à la loupe ». Gaudron Jean-Michel. 14.12.2007.

«Mais en cas de ralentissement conjoncturel, la partie advisory pourrait souffrir. D'où l'importance de la flexibilité dans l'organisation», explique M. Lam, conscient d'être, aujourd'hui, moins dépendant vis-à-vis d'un secteur qu'il y a une dizaine d'années. «Nous arriverions à mieux gérer un choc».

Au Luxembourg, la concurrence entre Big Four est «saine», selon lui, mais les choses seraient encore mieux dans un contexte plus large. «Tout le monde se porterait mieux si nous étions six. Ce qui s'est passé en 2002 a été un peu malheureux». Pour autant, il ne faut pas se fier aux apparences. «Dans les activités advisory ou tax, on ne paie plus de Big Four. La concurrence est plus large avec d'autres prestataires spécialisés. C'est moins le cas en audit», constate-t-il.

Ernst & Young: la croissance dans la flexibilité

Cinq ans déjà... C'est en juillet 2002 qu'eut lieu, au Luxembourg (comme dans bon nombre d'autres pays, d'ailleurs), l'intégration des équipes de feu Arthur Andersen, réseau démantelé suite à l'affaire Enron. Une réorganisation également réalisée dans un contexte stratégique particulier au niveau d'Ernst & Young Global, désormais concentré sur ses activités «coeur de métier» (audit, fiscalité, conseil et support pour les opérations de transactions et de fusions-acquisitions). Exit les activités de domiciliation, d'outsourcing de ressources, de formation ou de mise en place et développement de systèmes informatiques.

«Notre croissance à nous, c'est de croire à ces métiers `core' et non pas à des activités connexes, plus artificielles, indique M. Schadeck, CEO d'Ernst & Young. Nous ne vendons pas de produits mais des solutions. Du reste, la mise à disposition de ressources ou la domiciliation ne sont pas des activités à haute valeur ajoutée. Il est plus difficile de motiver des jeunes à se lancer dans ces branches-là».

Parmi les spécificités mises en avant, Raymond Schadeck insiste sur l'aspect «géométrie variable» des équipes. «Nous faisons pleinement jouer l'effet de la matrice, c'est-à-dire le binôme industries-compétences les équipes étant ajustées en fonction des besoins spécifiques du mandat. Même pour une mission d'audit, nous avons besoin de compétences risques, technologies, fiscalité, environnement, stratégie, législation».

Comme pour les autres réseaux internationaux, E&Y au Luxembourg peut s'appuyer sur les compétences venues d'autres pays. Ce fut notamment le cas lors des premières réflexions menées par l'Etat luxembourgeois en matière de partenariats public-privé, pour lesquelles la firme a importé l'expérience de ses voisins allemands en la matière. Il en va de même, actuellement, avec tous les développements concernant les fonds islamiques.

La firme vise tout aussi bien les grandes multinationales - avec l'appui du réseau - que les PME du marché local, sachant que les missions d'intervention sortent généralement très rapidement du seul contexte luxembourgeois.

«Idéalement, nous souhaitons être présents dès la création d'une start-up et pouvoir l'accompagner dans toutes les étapes de son développement, jusqu'à la cotation en Bourse, voire au-delà, explique M. Schadeck. Evidemment, tous les clients nous intéressent, quelle que soit leur taille, mais toujours avec l'idée de créer un lien de longue durée. Dans un métier de services, plus on connaît son partenaire, mieux on travaille avec lui».

Soucieux de ne pas se laisser entraîner par une croissance débridée («qui risque d'être dangereuse»), Raymond Schadeck insiste sur le bien-être de ses employés et le développement de leurs compétences en interne, reflétés par la politique «People first». «Nous avons introduit le concept de E&Y University, pour donner une formation minimale à chacun de nos employés dans d'autres compétences que leur formation initiale. Les gens ici travaillent dur, mais nous voulons qu'ils soient motivés à travailler dur».

KPMG prend son temps

Ira ou n'ira pas? KPMG Luxembourg réfléchit, depuis quelques mois, à l'opportunité de rejoindre KPMG Europe, la nouvelle structure commune aux entités anglaise, allemande et suisse, initiée en octobre dernier. Certes, la segmentation en lines of business, définie au niveau mondial, serait la même. «Ce qui pourrait changer, en revanche, c'est notre marge de manoeuvre au niveau local, du fait que notre centre de décision ne serait plus forcément ici pour tout, reconnaît John Li, managing director de KPMG au Luxembourg. Cela ne serait pas sans impact, évidemment». Pour l'heure, wait and see, donc, rien ne pressant vraiment.

Pendant ce temps-là, au Luxembourg, KPMG surfe sur une grosse vague de croissance. Avec plus de 33% de mieux en douze mois, la société figure parmi les plus performantes du groupe. S'appuyant sur une base de clients multinationaux (déjà présents ou en voie d'implantation) apportés par le réseau ou gagnés localement, elle mise également sur les PME et les institutions publiques pour asseoir sa présence au Grand-Duché. «Nous avons une approche proactive vers les sociétés locales, en même temps que nous maintenons des relations permanentes auprès des instances gouvernementales», résume M. Li.

Elargir sa clientèle, oui, mais pas à tout prix, certains services, comme le conseil fiscal ou les activités de structuration, étant moins adaptés aux clients de plus petite taille. «En revanche, nous souhaitons davantage accompagner les PME luxembourgeoises qui grandissent et qui ont une ambition d'expansion dans la Grande Région. Nous les aidons à développer des outils de gestion, tableaux de bord pour le suivi de leur situation financière, et les conseillons dans leur stratégie de croissance et dans la structuration du groupe».

Comme pour les autres, les standards internationaux de KPMG imposent également à la firme des procédures très strictes d'acceptation de nouveaux clients. Réputation, taille et potentiel sont minutieusement analysés avant toute prise de décision.

Dans ce contexte, l'avenir semble dégagé pour KPMG Luxembourg, en dépit des conséquences non encore vraiment mesurées de la crise des subprimes. «D'une certaine façon, c'est une bonne chose qu'il y ait une petite crise de temps en temps, estime M. Li. Cela permet de rester vigilant et ne pas s'endormir sur ses lauriers. Ceci dit, le Luxembourg, avec ses activités de niche, ne suit pas toujours les mêmes cycles économiques qu'ailleurs. Nous ne devrions pas subir la crise de la même manière que certains autres grands centres financiers».

Près de 250 nouveaux employés devraient rejoindre la firme l'année prochaine, dans un contexte salarial qui change. La migration traditionnelle d'employés vers le secteur bancaire, notamment, semble commencer à s'inverser. «Des cadres issus de banques sont intéressés à nous rejoindre, confirme M. Li. La tendance actuelle est celle d'un alignement de nos salaires qui s'alignent avec ceux du secteur bancaire. Ils sont même sans doute supérieurs pour certaines fonctions spécifiques».

PricewaterhouseCoopers: effet d'échelle

Avec près de 1.600 employés, Pricewater-houseCoopers Luxembourg fait partie du club des 15 principaux employeurs du pays. Un effet de taille qui joue évidemment sur le développement de la firme, aussi bien en termes de business que d'image. Un élément essentiel quand les plans de recrutement prévoient près de 500 embauches sur l'année. «Nous avons changé notre approche depuis quelques années, indique Didier Mouget, managing partner de PwC au Luxembourg. Avant, lors des campagnes de recrutement, nous vendions la firme. Maintenant, compte tenu de l'éloignement, il faut à la fois vendre le Luxembourg et la firme».

Sur le terrain, PwC fonctionne sur la base d'une gestion très centralisée. A la différence de ce qui peut se faire ailleurs, les différents métiers ne sont pas gérés dans des sociétés distinctes. La firme mise beaucoup sur les activités de développement, avec l'appui d'un important département R& D. «Nous gérons, par exemple, une cellule de recherche sur la gestion d'actifs pour le marché européen, qui travaille aussi bien pour la Commission que pour les grands promoteurs. C'est également depuis Luxembourg que nous coordonnons l'industrie des fonds d'investissement de la firme internationale», indique M. Mouget.

Le secteur financier constitue évidemment le gros de la clientèle de PwC au Luxembourg, puisque près de 70% du chiffre d'affaires est réalisé auprès des banques et surtout des fonds d'investissement, généralement adossés à de grands groupes internationaux... Le reste se répartit entre les sociétés commerciales, le secteur public et les PME luxembourgeoises et de la Grande Région, une des cibles privilégiées de la firme. «Stratégiquement, ce secteur des PME locales est très important pour nous, explique M. Mouget.

Nous sommes nous-mêmes une firme luxembourgeoise. A ce titre, nous travaillons également avec les autorités sur toutes les opportunités de développement économique du pays, pas seulement dans le secteur financier». Indifférent à la taille et, à un degré moindre, à la rentabilité de ses clients potentiels, PwC ne tolère en revanche aucun débordement dès qu'il s'agit de la réputation et de l'intégrité de sa clientèle. «Il nous arrive de dire `Non' si nous avons le moindre doute».

Leader par la taille, la firme revendique également un rôle de pionnier dans de nombreux autres domaines, dont les ressources humaines. «Nous avons été les premiers à mettre en place un système de rémunération flexible `à la carte' ou bien à introduire le principe des voitures de société pour les jeunes employés. Cela fait deux ou trois ans déjà que nous travaillons sur le concept de bien-être de nos employés».

Dans ce contexte, les perspectives sont largement positives. Même dans les scénarii prévisionnels les plus pessimistes, PwC Luxembourg projette, sur cinq ans, une croissance du chiffre d'affaires. «Et dans le scénario optimiste, nous restons sur des prévisions en ligne avec la croissance passée des quatre dernières années (environ 20% par an, ndlr.). Notre principal souci sera alors de gérer cette croissance».

Annexe n°1474 :

En juillet 2002, Nicole Notat créait l'agence Vigeo et avec elle, un nouveau métier. aujourd'hui, Vigeo est leader européen de la notation extra-financière.

- Sa première activité : mesurer les performances des entreprises en matière de

développement durable et de responsabilité sociale pour le compte de

gestionnaires d'actifs.

- La seconde : réaliser des audits en responsabilité sociale auprès des entreprises et des organisations. 100 missions depuis la création de cette activité, dont 46 en 2006... l'accélération est incontestable.

O En quoi consiste un audit social ? Quelles entreprises y recourent et dans quelles circonstances ?

L'audit en responsabilité sociale répond à une sollicitation de l'entreprise. C'est donc elle qui définit le périmètre qu'elle souhaite voir auditer : le groupe, une filiale, juste une branche ou même une business unit. Elle choisit également le ou les domaines qu'elle désire voir évaluer parmi les six domaines de la responsabilité sociale : droits humains, ressources humaines, environnement, comportements sur les marchés, gouvernance d'entreprise et engagement sociétal. L'audit lui-même s'étend sur une période de 2 à 4 mois. Nous étudions les documents internes de l'entreprise et interviewons ses responsables ainsi que certaines parties prenantes : représentants des salariés, associations de riverains, ONG, collectivités territoriales...

O Pour juger de la qualité des ressources humaines d'une entreprise, qu'examinez- vous ?

Vigeo évalue la gestion des ressources humaines au regard de l'amélioration continue des relations sociales (dont la promotion du dialogue social), la valorisation des emplois et des compétences, la qualité des conditions de travail, santé, sécurité, et les systèmes de rémunération. Quant à la non discrimination, elle est également mesurée, mais au titre du respect et de la promotion des droits humains, tout comme les formes de travail proscrites et la liberté syndicale.

OComment évalue-t-on cela de façon juste et non arbitraire ?

Notre méthodologie s'appuie sur un référentiel d'objectifs opposables à l'entreprise et intégrant les attentes des parties prenantes énoncées par les organisations et les normes internationales.

O Mais comment mesurez-vous les critères d'ordre qualitatif ?

En segmentant le chemin d'analyse de façon rigoureuse et garantissant la
traçabilité des informations recueillies et l'égalité de traitement des entreprises. Et

74 Source : Interview de Nicole Notat. Flore Fauconnier. JDN Management. le 14/11/2007.

en nous attachant à recueillir des données tangibles attestant de la pertinence des politiques affichées autant que la cohérence de leur déploiement. (exemple de critères : conventions, ressources humaines, droits humains, environnement, comportements sur les marchés, gouvernance d'entreprise et engagement sociétal).

Chaque critère se décline en principes d'action. Par exemple, pour mesurer la promotion de l'employabilité, Il faut apprécier comment l'entreprise anticipe ses besoins en emplois et compétences, comment l'entreprise adapte les compétences de ses salariés aux évolutions de son activité, de quelle façon l'entreprise promeut l'amélioration progressive des qualifications, si l'entreprise assure une concertation avec les salariés sur ces sujets, si elle assure un suivi individualisé et si elle établit ses critères d'évaluation en toute transparence.

Nous devons mesurer :

- la stratégie affichée par l'entreprise,

- la mise en oeuvre de ces politiques, (cette appréciation va au-delà de la simple application de la législation, elle prend en compte la promotion des objectifs de responsabilité sociale),

- les objectifs recherchés.

O Qui fait appel à l'audit social et dans quelles circonstances ?

D'abord les entreprises qui ont pris conscience de la nécessité d'intégrer des objectifs de développement durable et qui cherchent, par un audit externe indépendant, à identifier leurs points forts et leurs marges de progrès.

C'est bien connu : pour progresser il faut mesurer. Il s'agit, par exemple, de celles qui, historiquement, sont marquées par une culture sociale forte, comme les entreprises mutualistes, ou des entreprises privées ayant un engagement ancien vis-à-vis de leurs salariés, qui y sont naturellement sensibles. D'autres entreprises y ont recours davantage par nécessité, au nom des risques qu'elles perçoivent faute d'engagement.

D'ailleurs, toutes ont un intérêt à identifier les risques de responsabilité sociale auxquels elles sont exposées. Risques de réputation, notamment vis-à-vis des consommateurs (boycott s...), risques juridiques (dommages et intérêts), risques de moindre attractivité sur le marché du travail ou sur le marché des capitaux (en n'étant pas sélectionnées par les fonds ISR par exemple)...

Les entreprises souhaitent avant tout savoir où elles en sont en termes de risques et de marges de progrès à accomplir. L'audit permet de faire un état des lieux et constitue pour elles un outil de pilotage stratégique, qui les met en capacité de mettre en place des mesures correctrices ou bien d'avoir conscience de leurs points forts.

O Comptez-vous des PME parmi vos clients ?

Très peu, mais nous dispensons des formations aux dirigeants de PME. dans le cadre d'un partenariat avec la Caisse nationale des Caisses d'Epargne. Par ailleurs, depuis le mois d'octobre, Qualité-France Association décerne le repère Lucie aux PME pour leur engagement dans le développement durable.


·
Quelle est votre perception de l'évolution de la RSE (Responsabilité sociale des entreprises) en France, sur les questions liées aux ressources humaines ?

Au niveau de la prise en compte et de la valorisation des objectifs RH par l'entreprise, on constate une évolution positive réelle.

D'ailleurs, selon le classement sectoriel que nous avons établi fin octobre pour La Tribune, la France est en tête en Europe : plus de la moitié des groupes du CAC 40 sont dans le top 3 européen de ce classement pour ce qui concerne les engagements sociaux dans leur politique de ressources humaines. Mais être en tête ne signifie pas que chacune d'elle affiche une performance totale.

O Qu'est-ce qui poussent les entreprises à se lancer dans une démarche de RSE ? Les investisseurs, les consommateurs, les salariés, le marché de l'emploi qui se tend ?

Tout à la fois. Beaucoup de dirigeants perçoivent que l'indifférence à ces enjeux peut avoir sur l'entreprise des conséquences loin d'être marginales. Je fais le pari que ceux qui ne s'y intéressent pas aujourd'hui ne vont pas tarder à s'y intéresser de près.

O Le fait que l'Etat se prenne d'intérêt pour le développement durable peut-il faire bouger les choses ?

Absolument. Parmi les conclusions du Grenelle de l'environnement, certaines concernent les entreprises. D'une part dans le domaine de la recherche et développement, de l'innovation produit, des matériaux, des process de développement.., mais aussi dans l'incitation à ce que les conseils d'administration et les assemblées générales se saisissent des enjeux de développement durable. Enjeux qui ne vont plus pouvoir longtemps rester en périphérie des stratégies des entreprises.

Annexe n°1575 :

Stress : les médecins du travail tirent la sonnette d'alarme.

Le stress chronique subi par certains salariés est souvent sous-estimé par les employeurs, qui connaissent souvent mal le sujet et disposent de peu de moyens pour l'appréhender.

C'est une première en France. Le 5 septembre dernier, la Sécurité sociale a reconnu qu'un ouvrier, mort d'une crise cardiaque en janvier dernier dans l'usine de pneumatiques Continental, avait été victime d'un stress chronique causé par son travail. Une décision qui pourrait faire évoluer les entreprises sur le sujet. « Pour l'instant, les entreprises minimisent les risques psycho-sociaux, car ils n'ont pas de retombées directes sur leurs finances. En reconnaissant le stress comme maladie professionnelle, leurs cotisations à la branche accidents du travail et maladies professionnelles risquent de sensiblement augmenter. Elles vont alors se rendre compte des coûts directs de cette pathologie et être plus vigilantes sur les conditions de travail », juge Olivier Galamand, médecin du travail chez IBM. Pour ce professionnel de la santé du travail, il ne fait pas de doute que le stress chronique lié à l'activité professionnelle est en nette augmentation.

« Les visites spontanées de salariés aux médecins du travail augmentent chaque trimestre, notamment au moment du «closing», lorsque les commerciaux annoncent le nombre de contrats signés. J'observe également un pic à la fin de l'année lorsqu'approche l'entretien annuel d'évaluation. ».

Suicide sur le lieu de travail

Récemment, ce médecin a fait reconnaître en maladie professionnelle le suicide d'un des salariés du groupe, survenu en mars 2006 à son domicile, après une intervention particulièrement difficile chez un client. « On l'a envoyé en pompier pour réparer un bug informatique en urgence. Or il n'avait pas la formation requise pour intervenir sur ce type d'applications et n'a reçu aucune aide lorsqu'il en a demandé. Il était isolé. C'est cet enchaînement d'événements, lié à une demande de résultat très exigeante, qui a conduit au suicide », conclut le docteur Galamand. Les cas de suicides liés au stress, s'ils restent rares, se sont néanmoins multipliés ces derniers mois dans les entreprises, notamment dans le secteur automobile. « Ce qui frappe dans les cas de suicides évoqués dans les médias ces derniers mois, c'est qu'ils ont eu lieu sur le lieu de travail, ce qui était très rare avant. Mais attention, tous les suicides sur le lieu de travail ne sont pas liés à l'activité professionnelle », indique le docteur Dominique Chouanière, responsable du projet stress au travail à l'INRS.

75 Source : Les Echos. Marie BELLAN. Jeudi 28 août 2008.

Quelles que soient les causes, et elles sont souvent nombreuses, qui conduisent un salarié au suicide, aucun employeur ne reste indifférent face à de tels drames. La difficulté reste d'agir avec une réelle efficacité. « Un chef d'entreprise qui veut vraiment faire quelque chose pour limiter le stress, et ses conséquences parfois dramatiques, n'est pas très aidé. Les cabinets de conseil qui se sont spécialisés sur ce créneau vont lui proposer un numéro vert, un observatoire du stress, mais dans une situation de crise, ce n'est pas vraiment utile. Un observatoire n'est utile que un ou deux ans après sa mise en place », continue Dominique Chouanière.

Système de détection

De façon plus pragmatique, Grégoire Vandevelde, consultant spécialisé dans le secteur automobile et sensibilisé aux troubles psycho-sociaux, recommande de mettre en place un système de détection simple : « Chaque collaborateur doit être familiarisé avec les signes annonciateurs d'une dépression ou d'un trouble bipolaire pour pouvoir intervenir si l'un de ses collègues est touché : perte de sommeil, dévalorisation de soi, performance professionnelle en baisse. Lorsqu'on ne connaît pas ces signes, on n'est pas censé savoir que cela peut être grave. »

Autre mesure, qui tombe sous le sens mais qui est malheureusement assez peu respectée : « Chaque manager devrait prendre le temps chaque matin de passer dans son service pour voir ses collaborateurs, leur parler, même quelques minutes », poursuit Grégoire Vandevelde. Encore faut-il que le manager soit sur le même site que ses collaborateurs. La perte de relations sociales dans l'entreprise et la solitude qui en découle sont effectivement des éléments aggravants en cas de stress au travail. « Même dans des situations difficiles, quand il y a un esprit d'équipe et de la solidarité entre les salariés, tout passe. On n'est plus individuellement coupable en cas d'échec mais solidairement responsable », conclut Anne Valleron, délégué CFE CGC chez PSA.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus