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La perestroika ou réformer l'irreformable

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par Vincent Geraud
Université de Toulon La Garde - Master 1 2006
  

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129. Pénurie de main d'oeuvre et suremploi

La principale caractéristique du marché du travail en URSS réside dans le fait que l'on est dans une situation de plein emploi. En effet, la forme de développement est une croissance extensive. (cf. logique de la planification) Ce type de croissance résulte d'une situation ou on privilégie la multiplication des projets ou unités de production au détriment d'investissement favorisant l'efficacité des unités déjà existantes. Le choix de cette voie a eu pour effet une pénurie de travail. Cette situation d'absence de chômage structurel que Brus a qualifié de «grande victoire»21(*) a néanmoins un revers : Le nombre de travailleurs excessifs dans les entreprises. Le problème ici réside dans le fait que le plein emploi s'accompagne automatiquement du manque de main d'oeuvre. Ce phénomène de plein emploi ne résulte pas particulièrement d'une volonté politique mais plutôt du fonctionnement interne du système. Ce suremploi est de plus nourri par le comportement des managers qui se constituent une réserve de main d'oeuvre qui sera pleinement utilisée dans la période de chturmovchtchina (cf. économie de pénurie)

Le marché du travail est donc marqué par la présence simultanée de pénurie globale de travail et d'excédents locaux de main d'oeuvre. On se situe donc ici dans un marché dans lequel le rapport de force est en faveur des travailleurs. L'insuffisante discipline au travail et le faible niveau de la productivité trouvent ici leurs causes principales.

Nous avons vu jusqu'ici la multitude de dysfonctionnements qui caractérisent l'économie soviétique. Ainsi l'esprit de ce système basé sur une réflexion consistant à considérer la supériorité du choix collectif sur l'addition des choix individuels en terme d'intérêt général doit être présent à l'esprit en terme d'optimum social (emploi assuré). Cela nous renvoie au débat présent aujourd'hui dans la vie politique où l'on s'interroge sur la question suivante : Doit on privilégier l'efficacité économique ou l'optimum social ? Comme on a coutume de le faire sur la scène politique, la réponse est sans doute hybride. Quoi qu'il en soit, ce système induit de nombreux dysfonctionnements. Ces dysfonctionnements liés à l'économie planifiée créent des anomalies dans toutes les composantes de l'économie soviétique. Qu'ils soient dus à des facteurs psychologiques ou à des dysfonctionnements systémiques (qui sont parfois interdépendants), les problèmes ont perduré en raison de la logique interne du système de planification centralisé des économies socialistes détaillées par Brus et des spécificités soviétiques. Ainsi, le système de prix, les problèmes de pénurie étudiés par Kornai, l'inadaptation du système de propriété, la convergence des objectifs des salariés et des managers ou d'autres spécificités sus-cités sont tous le révélateur de dysfonctionnements majeurs. Ces problèmes anciens ne peuvent être séparés du poids de l'idéologie et de l'histoire du pays, ainsi que de sa culture qui est présente et transparaît dans les esprits des différentes couches de la société. Ces anomalies dont on a pris conscience depuis des décennies ont donné lieu à plusieurs tentatives de réformes plus ou moins radicales du système sans que les résultats soient à la hauteur des espérances. Ainsi, lors de son accession au pouvoir le 11 mars 1985, Mikhail Gorbatchev se retrouve à la tête d'un Etat ou l'économie est inadaptée aux besoins de la période. Il se livre donc à un diagnostic global qui peut être résumé en trois points étroitement liés. M.Gorbatchev regrette : la mentalité d'assistés (ijdivenstvo) qu'il décèle chez ses concitoyens et dont les conséquences sont néfastes sur tous les plans, la coupure croissante entre la société et le parti et la faiblesse structurelle de l'économie, de plus en plus visible et problématique. On notera que «le problème des républiques soviétiques est absent de ce constat initial»22(*). Nous verrons, par la suite que c'est un paramètre important que Gorbatchev a sous estimé.

En fait, la situation est particulièrement complexe en URSS, dans la mesure où elle combine les effets d'une hyperinflation (entre autres, la ruine des détenteurs de revenus fixes et l'enrichissement des détenteurs de ressources réelles), avec les modifications de fortune et de revenus liés aux changements du régime de propriété.

Gorbatchev saisit ainsi l'ampleur de sa tâche pour réformer une économie aux atouts naturels énormes mais en proie à un déclin et à un fonctionnement inadapté aux réalités du moment.

* 21 W. Brus : Problèmes généraux du fonctionnement de l'économie socialiste, Paris Maspero 1970.

* 22 Pascal Lorot : Histoire de la perestroïka, Editions Que sais-je ? 1990.

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