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La perestroika ou réformer l'irreformable

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par Vincent Geraud
Université de Toulon La Garde - Master 1 2006
  

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222. Justification de la perestroïka

Au début des années 80, après la mort de Brejnev, les décès des secrétaires généraux du PCUS se succèdent à un rythme élevé, révélant la prégnance de la gérontocratie à la tête de l'URSS : Brejnev meurt le 12 novembre 1982, Andropov le 9 février 1984 et Tchernenko le 10 mars 1985. Pour mettre fin à cette série, Mikhaïl Gorbatchev est élu nouveau secrétaire général du PC le lendemain de la mort de Tchernenko. A la différence de ses prédécesseurs, c'est un homme jeune (54 ans) qui accède au poste de commandement. En un peu plus de trois ans, Gorbatchev rajeunit l'équipe des cadres politiques et des dirigeants économiques pour mettre en place sa politique de modernisation de l'économie.

Il faut avant tout bien noter deux points importants concernant la forme des réformes : le premier est que la mise en oeuvre de la perestroïka n'a pas été immédiate et que sa version élaborée ne date que de juin 1987 (premières lois sur l'autonomie accrue des entreprises). La seconde particularité concernant la forme réside dans le fait que la politique gorbatchévienne recèle en elle même une certaine discontinuité. Cela signifie que devant l'ampleur de la tâche et certaines contestation de ces réformes, Gorbatchev a eu tendance à revenir sur certaines décisions et ce afin d'arrondir les angles et de faire en sorte qu'elles soient acceptées par le plus grand nombre.

Ainsi le personnage de Gorbatchev ne semble a priori pas marquer une rupture avec le passé et les dirigeants précédents (malgré son jeune age) car il a fait partie lui aussi de ces leaders qui ont amené le pays dans le triste état dans lequel il se trouve en 1985. Ainsi, il reste fidèle aux principes socialistes fondamentaux que sont la dictature du prolétariat et la propriété étatique des biens de production.

Pourtant, le diagnostic qu'il fait progressivement de l'état de la société soviétique tranche avec celui de ses prédécesseurs, et s'appuie sur un pragmatisme inédit. En effet, si son langage reste proche de la rhétorique traditionnelle, son approche du problème tranche fondamentalement avec le passé en ce sens qu'elle privilégie une approche systémique des problèmes de l'économie soviétique. Sa remise en cause concerne l'ensemble de l'économie. Ainsi lors de son accession au pouvoir il aborde les grands thèmes que sont la mentalité d'assistés de la population, la coupure entre la société et le parti et surtout les défauts structurels de l'économie. Il précise par la suite son propos en remettant en cause plusieurs traits majeurs de l'économie soviétique abordés dans la première partie du mémoire parmi lesquels le développement extensif, le retard technologique, le gaspillage des ressources, l'économie de pénurie et affirme leur rapport avec le fonctionnement intrinsèque de l'économie planifiée ainsi qu'avec le comportement des divers acteurs économiques, faisant notamment référence au système de stimulation.

La démarche réformiste de Gorbatchev s'inscrit donc dans la lignée d'initiatives passées tendant à rénover le système soviétique mais la différence majeure consiste dans le fait qu'il souhaite donner à l'économie une direction qui ferait cohabiter plan et marché et mettre ainsi un terme à un déclin amorcé depuis plusieurs décennies (plutôt que d'apporter de légères modifications sans changer le système dans son ensemble.) Depuis 1985, le mouvement de réforme porte sur l'ensemble des domaines critiques de l'organisation économique et s'articule autour de trois termes essentiels : accélération (ouskoreni), publicité (glasnost) et restructuration (perestroïka).

La perestroïka (restructuration, du titre de l'ouvrage de M.Gorbatchev) est le nom donné à l'ensemble des réformes devant concilier, à ses yeux, socialisme et démocratie. Concrètement, il s'agit sur le plan économique de permettre une accélération (ouskoreni) de la croissance. Au plan politique, il faut construire un Etat de Droit et faire en sorte d'établir une séparation entre l'appareil d'Etat et le Parti. Le but étant de se donner une légitimité pour réformer le pays avec l'appui des masses. La glasnost répond à un souci de rétablir un fonctionnement démocratique à un pays qui s'était accommodé depuis des décennies à vivre sous la domination d'un parti et privé de certaines libertés (de la presse notamment). Il convient néanmoins de préciser que le but de recherché dans ces réformes était de sauvegarder le système en le réformant.

La particularité de la réforme de Gorbatchev réside dans le fait qu'elle se veut radicale et s'attaque à plusieurs composantes de la société soviétique. Les réformes antérieures s'attaquaient à des problèmes localisés du système économique et se heurtaient fatalement à un manque de vision globale du problème. A l'inverse, les réformes de Gorbatchev avaient le mérite de s'attaquer en plus des problèmes économiques, aux problèmes sociaux, administratifs, institutionnels et politiques. Ainsi nous différencierons le volet économique du volet non économique de sa réforme. (cf. réformes périphériques)

Des réformes qui ont précédé, il ressort que les gains d'efficacité ne pourraient être obtenus durablement que par une réforme économique réelle doublée d'une orientation des priorités vers la consommation. La perestroïka et la glasnost devaient aider à sortir de la crise grâce à une réforme qui, nous l'avons dit, déborde le strict champ de l'économie.

Abel Aganbegyan, conseiller économique de Gorbatchev justifie la réforme de la façon suivante : « La perestroïka signifie une mutation profonde et engendre d'énormes transformations qualitatives. La perestroïka est indispensable lorsque le système économique ne répond plus aux nouvelles conditions, à la maturité des besoins de la société, aux problèmes de l'avenir. Il faut alors modifier de manière radicale un tel système. Au cours d'une telle opération, ce ne sont pas des parties ou des éléments isolés qui sont touchés, mais le système économique tout entier. Il faut restructurer la totalité de ses aspects et de ses éléments pour obtenir une qualité nouvelle. Au fond, c'est une forme révolutionnaire de changements qui se distingue ici de la forme évolutive. Et le terme de refonte caractérise justement ces transformations qualitatives révolutionnaires. Ce concept a plusieurs aspects : il est synonyme de réforme radiale, reconstruction profonde, mutation capitale, passage à une qualité nouvelle, rupture. » Ce discours illustre ainsi de façon significative la volonté de changer le cours de l'histoire.

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