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La perestroika ou réformer l'irreformable

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par Vincent Geraud
Université de Toulon La Garde - Master 1 2006
  

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Conclusion

La situation de l'économie soviétique des années 1980 est le fruit de décennies de dysfonctionnements de l'économie planifiée. La rupture que souhaitait Gorbatchev, c'est à dire la création d'une économie mixte dans laquelle le secteur d'Etat serait redynamisé par la présence de secteurs privés et coopératifs, induisait une transition délicate pour un système rongé par des contradictions internes. Ainsi, lorsqu'il arrive au pouvoir en 1985 Gorbatchev ne manque pas d'atouts. Il arrive avec un important crédit dû notamment à son charisme et un vaste espoir de renouveau dans l'opinion. Il a pu de plus bénéficier d'un certain soutien médiatique. Il s'attaqua aux véritables problèmes de l'économie russe et a tenté d'opérer une réforme systémique nécessaire.

La volonté majeure de Gorbatchev était d'améliorer et de renforcer l'autonomie des entreprises soviétiques jusqu'ici soumises aux ordres de l'échelon supérieur. Cette volonté d'amélioration de l'autonomie de l'entreprise s'est heurtée à des habitudes et un mode de fonctionnement si profondément ancré qu'il rendait tout redressement significatif impossible.

Le but de la perestroïka était de restructurer l'économie en se basant sur une volonté de s'aligner en quelques sortes sur les pays occidentaux et en recherchant l'efficacité et la rentabilité grâce à une meilleure utilisation des ressources. Ce redressement a été tenté par l'intermédiaire d'une série de décrets dont les plus importants concernent les lois sur les entreprises qui leur ont permis d'accéder à une plus grande autonomie financière. Les autres décisions majeures ont concerné les réformes de nature systémiques que sont la réforme des prix, un véritable marché du crédit en matière bancaire, le développement du secteur privé et coopératif, la possibilité de locations dans l'agriculture, ainsi que la réduction des dépenses militaires. Ces diverses réformes avaient pour but de moderniser une économie sinistrée et de permettre le passage vers l'économie de marché.

La démocratisation de la vie politique s'est appuyée sur la transparence. Cependant, la situation économique, non contente de stagner comme précédemment, se dégrade très sensiblement. Les pénuries, les grèves et les troubles sociaux se multiplient, le marché noir devient florissant, principalement parce que les réformes économiques ont « désorganisé les rouages traditionnels sans les remplacer par de nouveaux»30(*). Autrement dit, l'économie s'est retrouvée sans plan ni marché, situation intermédiaire et intenable. Ainsi, les prix ont flambé (+60% en un jour après la libéralisation des prix du 2 avril 1990), et ces inégalités-là, largement plus visibles que les avantages en nature dont jouit la nomenklatura, ont rendu la perestroïka impopulaire.

Par ailleurs de nombreux handicaps n'ont pas permis à la perestroïka d'obtenir le succès qu'elle espérait. Les causes de l'échec sont multiples et se situent à plusieurs niveaux. Que ce soit le poids des forces conservatrices (dans le Parti, l'armée, la police, l'administration, la nomenklatura ), la force d'inertie colossale de la lourde machine soviétique, l'incertitude ou incrédulité d'une partie de la population ou encore l'émergence de problèmes jusque là masqués comme l'éveil des nationalités (Pays baltes, Arménie, Asie centrale), les religions minoritaires, les catégories socioprofessionnelles particulièrement défavorisées (mineurs), tous ces éléments ont contribué à des degrés divers à l'échec de la réforme.

Ces différentes tentatives furent vaines, et l'échec économique, a sonné le glas des espoirs de ceux qui croyaient encore à la pérennité d'un tel système.

Le socialisme qui a existé en tant que système économique et social était dominé et défini par le monopole de pouvoir et d'idéologie du parti communiste. Ce système était cohérent et viable, malgré ses dysfonctionnements (que Kornai a résumé dans l'expression d' « économie de pénurie »). Pour Denis Brand ce sont les nombreuses tentatives d'améliorations du système depuis le milieu des années soixante qui ont mené le système à sa perte car ils ont introduit dans son fonctionnement des «éléments contradictoires et incompatibles». Il explique que «le système s'est effondré quand la réforme a touché la pierre d'angle, à savoir le monopole du pouvoir».

Enfin il convient de se situer dans une perspective plus actuelle et ressentir avec plus de recul ce qu'a été, il y a 20 ans, la perestroïka, par l'évocation de sondages d'opinion récents du Centre d'Etude de l'Opinion Publique qui révèle que vingt ans après, les Russes ne pardonnent pas la perestroïka. Ils sont 61% à exprimer un point de vue négatif sur l'expérience politique impulsée par l'ex-président soviétique Mikhaïl Gorbatchev, contre 14% seulement estimant positifs les changements introduits par le dernier président de l'URSS. Sur la personne même de Gorbatchev, 45% de la population a une opinion négative de l'ex-président, alors que 13% apprécient son oeuvre.

Pour 24% des Russes, Gorbatchev avait dès le départ projeté la désintégration soviétique. Ils sont 23% à penser qu'il voulait réformer le système socialiste de l'intérieur pour lui donner un visage humain.

Ainsi nous pouvons dire que si sa chute a été brutale et son bilan controversé, Gorbatchev aura eu au moins un «mérite», celui d'avoir essayé de réformer un système irréformable.

* 30 Pascal Lorot : Histoire de la perestroïka, Editions Que Sais-je 1990

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