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L'avenir du régime de non prolifération : La position iranienne dans la crise

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par Adrien Lopez
Université Toulouse 1 - Master Relations Internationales et Politiques de Sécurité 2008
  

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Conclusion générale :

· Les grandes lignes de la démarche :

On a cherché à comprendre la crise nucléaire iranienne et le rôle joué par l'Iran dans cette crise. D'abord on a utilisé la théorie des régimes afin de comprendre le rôle de l'Iran dans la crise nucléaire. Il a été possible d'identifier un rôle en tant que tricheur, un rôle en tant que révisionniste et un rôle en tant que contestataire. Ensuite les communications de l'Iran relatives à la crise nucléaire ont été analysées pour mettre à jour une stratégie de communication et pouvoir la qualifier. L'enjeu était de savoir s'il relevait du révisionnisme ou de la contestation. C'est un aspect important car la réaction des autres États et l'impact sur la crise du régime sont totalement différents suivant les stratégies menées.

· Connaissances acquises :

L'analyse de la stratégie de communication iranienne a permis d'identifier la stratégie de communication comme étant principalement contestataire. Même si l'Iran a des arguments importants dans sa partie révisionniste, il ne croit pas ou ne croit plus que la discussion et la coopération puisse être efficace dans le cadre de son contentieu avec l'AIEA et le conseil de sécurité. Tout comme les punitions ont été hors régimes, la défense et la « contre attaque » iranienne a été hors régime. L'Iran négocie les conditions de l'arrêt de cette crise en utilisant des arguments et des atouts qui n'ont rien à voir avec le nucléaire civil ou militaire.

L'AIEA, les règles, les normes et peut-être même bientôt le principe ont été abandonnés dans la pratique depuis longtemps par les américains comme par les iraniens. Ils se mènent un combat par « régime interposé » et on peut se poser une question en conclusion de ce mémoire. Si le régime de non-prolifération n'est plus utilisé dans sa partie formelleou alors d'une manière détournée, si l'hégémon comme les tricheurs, ne croient plus dans sa partie informelle pourquoi est il toujours en place ? Comment les autres pays peuvent-ils continuer à soutenir un régime de non-prolifération alors que celui-ci a une efficacité quasi nulle. Il ne remplit pas son rôle « informationnel », ne permet pas de réguler la coopération, est utilisé par un hégémon comme moyen de pression ce qui pose des problèmes « distributionnels » aux membres de régime qui souhaitent à tout prix le réformer.

Le régime de non-prolifération a évolué depuis sa création et sa mutation s'est faite par l'ajout de nouveaux organismes, de nouveaux traités, certains pensent que la solution à la crise du régime serait la signature d'autres traités. Mais à quoi bon empiler des traités étant donné que personne ne peut contraindre un tricheur sans le détruire, aujourd'hui ce régime n'est plus un outil adéquat de régulation de la prolifération et du désarmement. Le monde a connu un regain de violence et de nouvelles menaces sont apparues. Les puissances n'ont pas envie de perdre l'arme qui leur donne l'illusion de la sanctuarisation. Tant qu'il y aura de la prolifération les grandes puissances ne voudront pas désarmer mais tant qu'elles ne désarmeront pas il y aura toujours de la prolifération si l'on reste dans la configuration actuelle du régime.

Les choix possibles pour l'avenir sont limités. Dissuader les États de proliférer par des sanctions escaladant de plus en plus facilement à l'invasion et la contrainte par la force. (c'est ce qui est en train de se passer avec l'Iran). Ou alors, accepter de réviser le régime de non-prolifération en supprimant cette distinction entre les pays, en laissant tout état qui le souhaite pouvoir acquérir des armes atomiques. La dissuasion a marché entre les pires ennemis ayant les meilleures raisons de s'annihiler et le plus de capacités pour le faire. Pourquoi ne marcherait-elle pas avec l'Iran ?

Le régime de non-prolifération n'a pas assez de force pour changer les comportements des gouvernements nationaux, il peut tout au plus être soutenu par une partie de la classe politique qui s'oppose à une autre mais dont l'objectif de la non-prolifération et du désarmement nucléaire ne sont pas des objectifs de l'humanité. Ils ne sont pas compris de la même manière ni même partagés par l'ensemble de la population mondiale. Les officiels présents à l'AIEA ou dans les organisations internationales sont les personnes les plus concernées par le régime, mais ils sont intégrés dans des débats politiques nationaux et souvent avec d'autres intérêts supérieurs.

Enfin, vue que l'arme atomique semble être l'arme de demain, avec de nouveaux moyens pour s'en protéger (Bouclier anti missile), de nouvelles manières pour les utiliser (mini nukes) et de nouvelles raisons de les employer (doctrines stratégiques), ne faut-il pas anticiper ces changements et construire un moyen de contrôler l'utilisation de ces armes sans nier leur existence.

· Difficultés limitant la recherche :

L'impossibilité d'aller sur le terrain durant la recherche est la plus grande difficulté qui a limité cette recherche. Des entretiens avec les acteurs de l'AIEA, les différentes responsables des négociations du groupe des 6 et les acteurs iraniens auraient permis d'avoir un recul face aux différents travaux sur le sujet. Toutes les sources peuvent avoir intérêt à présenter une réalité différente en fonction de leurs intérêts et la neutralité du chercheur n'est pas requise en dehors du monde scientifique. Même dans ce monde scientifique, les différents articles dans les revues sont le théâtre de prises de positions et de prospectives ressemblant très fortement à des affirmations, basées sur des éléments peu vérifiables, des déductions de déductions. Le cas iranien engendre la polémique et fragmente les chercheurs entre les partisans d'un côté d'une frappe sur l'Iran et de l'autre, les partisans de l'acceptation de l'Iran comme puissance régionale à intégrer. Pour essayer de dépasser ces polémiques, l'objectif a été de retourner aux sources de base : les rapports de l'AIEA, ses statuts, l'histoire du pays, la retranscription des discours. Cependant même avec cet objectif et cette volonté de dépasser la polémique, il a été difficile d'utiliser les travaux portant sur l'Iran, tous cherchant à répondre à la question qui semble fondamentale pour tous, l'Iran aura-t-il la bombe ? Le rôle de l'Iran dans la crise nucléaire, les raisons qui pourraient le pousser à vouloir du nucléaire civil et l'analyse de ses stratégies de communication sont complètement balayées pour compter le nombre de centrifugeuses ou prendre au sérieux la dernière provocation du président Ahmadinejad. Certains partent dans des prospectives délirantes sur le nombre d'années avant lesquels l'Iran pourrait bombarder Israël et perfectionner ses missiles pour finalement atteindre les États-Unis et devenir enfin ce qu'on veut que l'Iran soit, le nouveau champion du mal. Ce travail doit forcément être teinté de ces polémiques qui polluent les sources, même les plus sérieuses même si l'auteur à tout fait pour essayer d'approcher la neutralité nécessaire pour la mise en place d'une recherche de ce type.

Les autres difficultés sont courantes, impossibilité d'avoir accès à certaines sources, non-disponibilité de certaines informations, manque de temps, doutes et erreurs liés à l'apprentissage des différentes techniques mises en place dans ce mémoire. Heureusement, internet, les mails permettent de rendre accessibles même les auteurs des manuels et la communauté scientifique peut vraiment rendre grâce à ces nouveaux outils de communication.

L'auteur de ce mémoire tient enfin à présenter ses excuses s'il a fait des erreurs ou présenter des hypothèses comme des faits sans les avoir minutieusement testées. Certaines peuvent blesser, ou trahir la vérité, il ne peut y avoir aucune certitude dans la prospective et les conjectures qui restent des pistes demandant à être vérifiées avec toute la rigueur scientifique possible. La réalité varie en fonction de l'oeil avec laquelle on la regarde, dans la vie réelle, tout est relatif.

· Critiques par rapport à la démarche :

On peut faire des critiques sur la démarche. Tout d'abord le choix de la période de constitution du corpus. Cette période a été décidée en fonction des limites matérielles et temporelles dont on a parlé plus haut. La quantité de documents a traité a été assez importante et dans ce genre de mémoire qui n'est pas une thèse et qui a été réalisé sans aide extérieure pour le codage et l'analyse il fallait limiter la période temporelle sinon le travail n'aurait pas pu être terminé à temps. La période choisie,, de mars 2007 à mai 2008 correspond au renforcement des sanctions, de la fin de la coopération de l'AIEA avec l'Iran et du durcissement complet de la société internationale vis-à-vis de l'Iran. En prenant cette période récente on était sûr de ne pas omettre les réactions iraniennes aux sanctions, l'évolution de la diplomatie iranienne face à la stratégie internationale de sanction renforcée.

La deuxième critique tient au choix et à l'adaptation de la méthode de recherche au sujet et aux documents. L'auteur de ce mémoire a longtemps douté, sans connaissance autre que théorique et sans pratique. L'adaptation de la méthodologie à représenter une vraie prise de risque. Grâce au soutien et aux conseils des professeurs, des cours de travaux dirigés et finalement les réponses reçues par mail, le risque a été pris. L'objectif a été de garder la plus grande rigueur et une démarche la plus « heuristique » possible.

Ensuite le choix de l'unité d'analyse et cette hésitation entre l'Iran et le régime de non-prolifération auraient pu amener à deux sujets en parallèles. La solution choisie semble satisfaisante, le rôle de l'Iran est étudié dans le cadre de la crise du nucléaire, c'est-à-dire à travers les communications abordant ce sujet. La théorie des régimes imposait de prendre l'Iran dans son rôle au sein du régime. Il aurait manqué à ce mémoire un aspect très important s'il n'y avait pas eu une analyse des autres déterminants de l'action de l'Iran. La théorie des régimes est une théorie adaptée pour étudier les régimes, mais elle ne permet pas d'expliquer les autres déterminants de l'action d'un état. La complémentarité de la théorie des régimes et de la théorie de l'état contestataire a été préférée à d'autres approches qui se proposent d'expliquer cela de manière globale. Certaines réactions ou communications iraniennes ne peuvent s'expliquer par son rôle d'état contestataire, et inversement beaucoup des déterminants de l'action iranienne dans le cadre du régime de non-prolifération ne viennent pas de la qualité de la coopération. Cette difficulté peut donc être envisagée comme une opportunité, la possibilité concrète de ne pas tomber dans le piège de l'enfermement dans une théorie et le risque de voir des barrières infranchissables s'élever entre des théories qui expliquent en fin de compte le même monde.

· Pistes pour approfondissement de la problématique :

Afin d'approfondir cette problématique, plusieurs pistes peuvent êtres suivies. Ces travaux sont des travaux de continuation et d'approfondissement dans le temps. En ce qui concerne une recherche qui se ferait aujourd'hui, il serait possible et intéressant d'élargir le corpus et de mettre en place des analyses qui mobilisent beaucoup de personnes et de temps. Pour approfondir ce travail, un voyage en Iran, à l'AIEA et à l'ONU est inévitable afin de voir la réalité autrement qu'aux travers différents médias :

§ Il serait intéressant d'analyser la diplomatie des principales puissances vis-à-vis de l'Iran et voir qui la détermine et sur quels critères. On pourrait analyser l'impact du nouveau président dans la diplomatie américaine au Moyen Orient.

§ On pourrait analyser l'évolution des relations iraniennes avec la Russie, la Chine, l'Europe et les États-Unis afin de voir où se positionne l'Iran dans le jeu des puissances.

§ Il serait intéressant d'analyser l'évolution politique interne en Iran.

§ On pourrait analyser l'évolution du prix des combustibles (fossiles et nucléaires) et le rôle de l'Iran dans cette détermination. On peut par exemple effectuer une analyse de la position et de l'influence de l'Iran et de ses alliés au sein de l'OPEP et l'impact que cela peut avoir sur la crise du nucléaire.

§ On pourrait analyser l'évolution des différents liens qui unissent l'Iran avec les différents groupes paras militaires dans la région et remettre à jour les études de ce type.

§ Il faudrait analyser l'évolution du TNP et du régime de non-prolifération après la conférence de 2010. Analyser l'impact qu'a finalement eu la crise iranienne.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe