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Le contrôle des armes légères et de petit calibre en afrique de l'ouest

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par Salamane YAMEOGO
Institut de Hautes Etudes Internationales et du Dévelppement (IHEID) - Master en Etudes du Développement 2009
  

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§II : LA CREATION D'UN MECANISME OUEST-AFRICAIN D'EVALUATION

ENTRE LES PAIRS EN MATIERE DE CONTRÔLE DES ALPC

Tout comme la CEDEAO a adopté le protocole sur la bonne gouvernance additionnel, au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits et sur la sécurité, ainsi que le Code de Conduite en renforcement de la Déclaration du Moratoire sur les armes légères, il ne serait pas déraisonnable que les Etats membres mettent en place un Mécanisme Ouest-Africain d'Evaluation entre les Pairs en matière de contrôle des ALPC (MOAEPCA). Ce qui serait intéressant, c'est qu'une fois un tel mécanisme serait créé, son exemple pourrait être emprunté au niveau des Commissions nationales (NatCom) ou ComNat) dans leurs stratégies de lutte contre la prolifération des ALPC. Cet exemple pourrait s'étendre à d'autres régions du monde et aux Organisations de la Société Civile. Un tel mécanisme peut s'inspirer du MAEP au niveau Africain déjà existant. Mais, quels seront l'architecture, le fonctionnement, les buts, les principes et les processus d'évaluation ? Pour les réponses à toutes ces questions, il convient de rédiger une mouture de protocole en quelques articles en s'inspirant du MAEP, mais en proposant des pistes parfois nouvelles.

LE MECANISME OUEST-AFRICAIN D'EVALUATION ENTRE PAIRS

EN MATIERE DE CONTRÔLE DES ALPC (MOAEPCA)

1. La nature du MOAEPCA

Le Mécanisme Ouest-Africain d'Evaluation entre Pairs en matière de contrôle des ALPC est un instrument, juridiquement non contraignant, auquel adhérent volontairement les Etats membres de la CEDEAO en tant que mécanisme Ouest-Africain d'auto-évaluation. Le MOAEPCA est un instrument mutuellement accepté pour leur auto-évaluation.

2. Mandat du MOAEPCA

Le mandat du Mécanisme Ouest-Africain d'Evaluation entre Pairs en matière de Contrôle des ALPC consiste à s'assurer que les politiques et pratiques des Etats parties sont conformes non seulement à la gouvernance du secteur de la sécurité mais aussi au domaine de contrôle des ALPC en particulier.

3. Objectif du MOAEPCA

L'objectif principal du MOAEPCA est d'encourager l'adoption de politiques, normes et pratiques en vue de promouvoir le contrôle des ALPC, informer les couches sociales à tous les niveaux des conséquences des ALPC et ce grâce au partage des expériences et au renforcement des meilleures pratiques et des acquis, y compris l'identification des lacunes et l'évaluation des besoins dans le domaine du renforcement des capacités.

4. Principes du MOAEPCA

Toute évaluation entreprise dans le cadre du Mécanisme doit se faire sur la base des compétences techniques et doit être crédible et libre de toute manipulation politique. Tels doivent être les principes directeurs du Mécanisme.

5. Financement du Mécanisme d'évaluation entre pairs

Le Mécanisme sera financé par des contributions des Etats membres parties.

6. Participation au processus MOAEPCA

Tous les Etats membres de la CEDEAO peuvent participer au processus après une notification au Secrétariat de la CEDEAO. Par cette notification, les Etats membres concernés s'engagent à se soumettre à des évaluations périodiques entre pairs, à faciliter ces évaluations et à être guidés à cet égard par les paramètres convenus pour le contrôle des ALPC.

7. Structure en matière de leadership et de gestion du MOAEPCA

Il est proposé que les activités du MOAEPCA soient dirigées et gérées par un Groupe de sept (7) éminentes personnalités spécialistes des questions des armements. Au moins deux membres doivent être des membres des Organisations de la Société Civile oeuvrant dans les domaines de la promotion de la paix, de la sécurité, du micro-désarmement. Au moins deux femmes doivent être faire partie des membres. Les membres du Groupe doivent jouir d'une grande intégrité morale et n'avoir pas fait l'objet de poursuites judiciaires et/ou pénales aussi bien dans son pays d'origine qu'au plan international.

8. La désignation des Membres du Groupe MOAEPCA

Les membres du Groupe seront proposés par les Etats parties, puis présélectionnés par un comité ministériel. Leur désignation sera faite par les Chefs d'Etat et de gouvernement des Etats parties. Outre les critères cités ci-dessus, les Chefs d'Etat et de gouvernement veilleront à ce que le Groupe dispose des compétences techniques appropriées dans les domaines des armements. La composition du Groupe reflétera également l'équilibre régional, l'égalité entre les hommes et les femmes, et la diversité culturelle.

9. Le mandat des membres du Groupe MOAEPCA

Le mandat des membres du Groupe sera d'une durée de quatre ans au maximum renouvelable une seule fois. Leur remplacement se fera sur la base de la rotation et en année pair.

10. La désignation du président du Groupe du MOAEPCA

Un des membres du Groupe sera voté comme président par les autres membres sans injonctions des Chefs d'Etat et de gouvernement des Etats parties. Le mandat du président sera de deux (2) ans non renouvelables. Les critères de nomination au poste de président seront les mêmes que ceux des membres du Groupe. Une fois désignés, les membres sont inamovibles et ne rendent compte qu'à la CEDEAO et non à son Etat d'origine.

11. Les missions et les attributions du Groupe du MOAEPCA

Le Groupe assurera la supervision du processus d'évaluation et veillera particulièrement à l'intégrité du processus. Ses missions et ses attributions seront définies dans un règlement intérieur mis en place par ses membres après le quitus du Secrétariat. La Charte garantira l'indépendance, l'objectivité et l'intégrité du Groupe.

12. La coopération entre le Groupe MOAEPCA et le Secrétariat Exécutif CEDEAOA.

Le Groupe collabore avec le Secrétariat Exécutif et la Commission politique et de sécurité de la CEDEAO. Lesquelles instances lui apportent les capacités techniques appropriées pour accomplir le travail analytique nécessaire pour le processus d'évaluation entre pairs et se conformer aux principes du MOAEPCA. Le Secrétariat sera chargé de : mettre en place une base de données sur la situation sécuritaire, politique et économique dans tous les Etats parties ; élaborer les documents de base pour les équipes d'évaluation entre pairs ; proposer les indicateurs de performance et suivre la performance de chaque pays.

13. Périodicité et types d'évaluation entre pairs

Lors de l'adhésion formelle au processus d'évaluation entre pairs, chaque Etat doit élaborer clairement un programme d'action assorti d'un calendrier précis pour la mise en oeuvre de la Convention sur les ALPC y compris les évaluations périodiques.

14. Les types d'évaluation

Il y aura quatre types d'évaluation :

La première évaluation effectuée dans un pays est l'évaluation de base qui se fait dans les dix-huit mois suivant d'adhésion d'un pays au processus du MOAEPCA ;

Il y a ensuite des évaluations périodiques qui se font tous les deux ou quatre ans. En outre, un pays membre peut, pour des raisons personnelles, demander une évaluation n'entrant pas dans le cadre des évaluations périodiques normalement prévues. Des signes précoces d'une crise sociale, politico-militaire et économique persistante dans un Etat membre sont aussi un motif suffisant pour entreprendre une évaluation. Les Chefs d'Etat et de gouvernement des Etats parties pourraient demander une telle évaluation dans le souci d'aider le gouvernement concerné.

15. Le processus du MAEP

Le processus est axé sur l'évaluation périodique des politiques et pratiques des Etats parties pour s'assurer des progrès enregistrés dans la réalisation des objectifs convenus dans la Convention sur les ALPC.

16. Phases du processus d'évaluation entre pairs

Phase 1 : Une étude sur le contrôle des ALPC doit être effectuée sur la base des documents actualisés préparés par le MOAEPCA et des autres documents fournis par les institutions nationales, sous-régionales et internationales et, y compris les documents d'au moins trois OSC en activité dans le pays en question et deux ONG hors du territoire.

Phase 2 : L'équipe d'évaluation se rend dans le pays concerné où elle mène ses activités par ordre de priorité en commençant par des consultations approfondies avec le gouvernement, les hauts responsables, les partis politiques, les parlementaires et les représentants des organisations de la société civile (y compris les médias, les intellectuels, les syndicats, les entreprises, les associations professionnelles).

Phase 3 : Elaboration du rapport de l'équipe. Ce rapport est élaboré sur la base des éléments d'information préparés par le MOAEPCA et des informations recueillies sur place auprès de sources officielles et non officielles au cours des consultations approfondies et de l'interaction avec toutes les parties prenantes. Le rapport est élaboré en tenant compte des engagements pris dans le domaine de la gouvernance sécuritaire et au terme du programme d'action.

17. La coopération avec le pays concerné avant la finalisation du rapport

Le projet de rapport de l'équipe est tout d'abord discuté avec le gouvernement concerné. Ces discussions permettront de vérifier la fiabilité des informations et de donner au gouvernement l'occasion de réagir aux enquêtes de l'équipe et d'exprimer ses propres vues sur la manière dont les lacunes identifiées devraient être comblées. Les commentaires et observations du gouvernement seront annexés au rapport de l'équipe.

18. La clarification des problèmes identifiés

Le rapport de l'équipe devra clarifier un certain nombre d'aspects concernant les problèmes identifiés. Le gouvernement a-t-il fait preuve d'une réelle volonté politique de prendre les décisions et les mesures qui s'imposent pour résoudre ces problèmes ? Quelles ressources faut-il mobiliser pour prendre des mesures correctives ? Quel est le pourcentage des ressources à fournir par le gouvernement et quel est le pourcentage à fournir par des sources extérieures ? Au regard des ressources requises, combien de temps durera le processus de rectification ?

19. L'adoption finale du rapport

L'examen et l'adoption du rapport final se fait par les Chefs d'Etat et de gouvernement des Etats parties.

20. L'assistance au pays évalué

Si le gouvernement du pays concerné fait montre d'une volonté tangible de combler les lacunes identifiées, il incombera alors aux Etats parties de fournir l'assistance requise, dans la limite de leurs moyens, et d'inviter les gouvernements et les institutions donateurs à fournir également une assistance au pays concerné. Cependant, si le gouvernement concerné ne fait pas preuve d'une volonté politique notable, les Etats parties devraient tout d'abord s'efforcer d'engager un dialogue constructif, en offrant une assistance technique et toute autre assistance appropriée. Si le dialogue n'aboutit pas à un résultat satisfaisant, les Chefs d'Etat et de gouvernement des Etats parties peuvent alors informer le gouvernement concerné de leur intention collective de prendre des mesures appropriées, à l'expiration d'un délai déterminé. Ce délai doit permettre au gouvernement d'identifier les lacunes dans le cadre d'un dialogue constructif. Tout compte fait, de telles mesures ne doivent être utilisées qu'en dernier recours.

21. La publication du rapport

Après son examen par les Chefs d'Etat et de gouvernement des Etats parties, le rapport devrait être présenté officiellement et publiquement aux structures sous-régionales, telle la Commission CEDEAO et aux OSC afin de leur permettre de suivre les actions du gouvernement en question.

22. Durée de l'évaluation entre pairs

Le processus d'évaluation dans un pays ne devrait pas durer plus de 6 mois, à compter de la date du début de la phase 1 jusqu'à la date à laquelle le rapport est soumis aux Chefs d'Etat et de gouvernement, pour examen.

23. La redynamisation du MOAEPCA

Pour redynamiser le MOAEPCA, la Conférence des Etats parties procédera à sa révision une fois tous les cinq ans.

Cette esquisse, en grande partie reprise du Mécanisme Africain d'Evaluation par les Pairs (MAEP) au niveau africain pourrait permettre d'avoir un regard sur les actions internes des Etats. Le seul problème reste son acceptation par les Etats si d'aventure une telle idée est proposée. Par ailleurs, il est clair qu'un tel mécanisme a ses avantages et mais également a des limites. D'abord, le MAOEPCA sera un cadre d'auto-évaluation, d'auto-critique, d'échange, de partage de compétences, de capacités organisationnelle et dynamique entre tous les acteurs, surtout grâce au quota en faveur du genre (au moins deux femmes), de la diversité des membres (au moins trois membres venant des OSC). C'est ensuite un cadre d'information pour les Etats, les instances sous régionales et organisations nationales. De part la diffusion de l'information, les citoyens vont peut-être s'intéresser à la problématique des ALPC. Enfin, vue son caractère inclusif et participatif, chaque acteur pourra se regarder dans le miroir des ses actions et faire une auto-critique permanente afin de figurer parmi les meilleurs élèves. Les limites sont entre autres la pénurie de ressources humaines, financières et infrastructurelles, la stagnation des populations locales dans la misère, l'insécurité physique et intellectuelle souvent en cours dans les Etats peu démocratiques, les incessantes implications des armées africaines dans les sphères politiques, la molle séparation des pouvoirs dans bon de pays où la justice demeure sous la coupole du pouvoir politique, le pouvoir législatif s'apparentant parfois à une assemblée de personnes sans ressources intellectuelles (assez d'analphabètes) et souvent traversée par les maux de corruption et de clientélisme. En tout état de cause, la volonté politique reste la voie cruciale pour un contrôle efficace, effectif et efficient des transferts des ALPC. Les acteurs de la société civile devraient également conjuguer leurs énergies entre elles et les joindre aux actions des institutions publiques pour endiguer ce fléau.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand