Résoudre le probl»me alimentaire mondial
?
Dignité de la personne humaine : une
priorité
Lorsque l'on est face aux chiffres de la faim, la
difficulté est de s'imaginer que derri»re se cache des centaines de
millions d'hommes, et surtout de femmes et d'enfants qui vivent dans des
conditions plus que précaires et souffrent de la faim chaque jour.
Ces Hommes méritent un respect inconditionnel, quel que
soit leur %oge, leur sexe, leur santé physique ou mentale, leur
religion, leur condition sociale ou leur origine ethnique.
Puisque la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme
de 1948 dés son premier article dispose que :
« Tous les êtres humains naissent libres et
égaux en droits et en dignité «.
Rappelons que :
« Toutes personnes a droit à un niveau de vie
suffisant pour assurer sa santé, son bien être et ceux de sa
famille, notamment par l'alimentation91.»
La pauvreté est le plus souvent à l'origine de la
faim. 80 % des morts de faim sont issus de la pauvreté.
Cette pauvreté qui prive de tous les moyens permettant
d'être reconnus en tant qu'êtres humains est une violation de la
dignité humaine.
Cela renvoie aux ressources financi»res, mais aussi
à la capacité à prendre la parole, à s'organiser,
à s'affirmer dans l'espace publique : autant à des droits civils
et politiques qu'à des droits économiques, sociaux et
culturels.
Etre pauvre, c'est ne plus exister socialement. Ce qui ne fait
que souligner l'indivisibilité et l'interdépendance des droits
fondamentaux92.
91 Article 25, Déclaration universelle des
Droits de l'Homme et du citoyen, Paris, 10 Décembre 1948.
92 Eric Poinsot, « La pauvreté: un combat
d'Amnesty? «, débat, La chronique, n 270, Mai 2009.
Au niveau international, les textes sont présents mais ne
suffisent pas, leur application n'en serait que meilleure.
Au niveau national, de grands efforts doivent être mis
à contribution, notamment au sein des gouvernements à l'apparence
non démocratique et transparent envers sa population.
La dignité trouve donc sa place dans la lutte contre la
pauvreté, dans l'acc»s à l'alimentation et également
dans l'acc»s à l'eau.
Vers une reconnaissance d'un droit à l'eau
Le contexte international actuel présente une
préoccupante rareté de cette ressource fondamentale pour la
vie.
Dans le monde, 1,2 milliard de personnes n'ont pas acc»s
à l'eau potable, 4 millions d'entre elles meurent chaque année de
maladies provoquées par le manque d'eau potable et 6000 enfants meurent
chaque jour pour avoir consommé de l'eau non potable93.
Partie intégrant du droit à l'alimentation,
l'acc»s à l'eau potable, salubre et propre et à l'eau
d'irrigation de base doit être préservé en application de
l'obligation de respecter, de protéger et de donner effet au droit
à l'alimentation94.
En effet :
« Le droit à l'eau consiste en un
approvisionnement suffisant, physiquement accessible et à un coOt
abordable, d'une eau salubre et de qualite acceptable pour les usages
personnels et domestiques de chacun. [...] Le droit à l'eau est
93 Selon l'OMS.
94 Jean Ziegler, Le droit à l'alimentation,
Mille et une nuits, 2002.
indispensable pour mener une vie décente. Il est une
condition préalable à la réalisation des autres droits de
l'Homme.»95
Lorsque l'on parle d'un droit à l'eau, on envisage deux
crit»res pour que la question de l'inégalité sociale soit
réglée :
Garantir un meilleur acc»s à l'eau en pointant les
dangers que représentent pour les populations les plus démunies
la privatisation de plus en plus fréquente des réseaux
d'alimentation en eau, ainsi qu'une qualité de l'eau suffisante pour
garantir une bonne santé.
Des pays se sont ralliés à la pertinence de
droit à l'eau en l'intégrant dans leur constitution ou en en
faisant clairement mention dans des textes officiels tels que la Belgique, le
Royaume Uni, Irlande, le Chili, l'Afrique du sud, le Brésil, le Nigeria,
l'Ethiopie, la Gambie, l'Ouganda, l'Inde...96.
Cependant, du 16 au 22 mars 2009, s'est tenu à Istanbul
le Cinqui»me Forum Mondial de l'Eau qui s'est terminé par une
Déclaration Ministérielle qui ne reconna»t pas l'acc»s
à l'eau potable comme un droit humain97.
Ce Forum Mondial de l'Eau fut organisé par le Conseil
Mondial de l'Eau98, une institution qui à la
réputation de servir les intérêts privés et
dominée par les multinationales de l'eau, «
intéressées à développer une vision de l'eau
comme marchandise et non comme bien commun de
l'humanité99.»
95 Le comité des droits économiques,
sociaux et culturels du Conseil économique et social des Nations-Unies
décida d'interpréter le droit à l'eau dans son
Observatoire générale n ° 15, adoptée le 26 Novembre
2002.
96 Selon l'Académie de l'eau.
Disponible sur
http://www.academie-eau.org/IMG/pdf/DroitAIEau_04.pdf
97 Action contre la faim, « Vers un recul du
droit à l'eau ? «, 19 Mars 2009. Disponible sur
http://www.actioncontrelafaim.org/no_cache/press/communiqes/communique/article/110/versun-
recul-du-droit-a-leau/
98 Le conseil mondial de l'eau se présente
comme un centre de réflexion international sur l'eau, regroupant
plusieurs centaines d'organisations à travers le monde, acteurs des
secteurs publics et privés, agences des Nations-Unies, de la Banque
mondiale et de quelques ONG.
99 Selon le blog d'Adolfo Pérez Esquivel,
Buenos Aires, le 26 Mars 2009.
Cette problématique restera préoccupante tant que
ce droit à l'acc»s à l'eau potable pour tous et dans
l'égalité ne soit reconnu comme prioritaire.
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