B/ Une prise en charge en art-thérapie
orientée dés l'entrée en institution peut permettre
à la personne âgée de mieux vivre les ruptures
engendrées.
Malgré des démarches soutenues pour la recherche
d'un équilibre entre ce qui est possible de faire dans un EHPAD et les
attentes des résidents, il reste difficile d'éviter le
phénomène de régression lors de l'entrée en
institution. Ce phénomène, par sa fréquence, et ses
implications, mérite un développement particulier.
L'idée principale qui ressort au cours du stage, concerne
les nouveaux arrivants et l'importance d'une prise en charge
particulière à leur entrée.
Puisque « l'accompagnement concerne aussi les
personnalités vulnérables même lorsqu'il n'y a pas
d'affaiblissement personnel particulier »10.
C/ L'atelier d'art-thérapie permet une
continuité identitaire.
Les idées abordées, dans l'hypothèse
d'une prise en charge en art-thérapie orientée dés
l'entrée en institution, le sont, dans l'objectif de favoriser au mieux
ce changement de vie pour la personne âgée et indirectement son
entourage.
En effet, l'art-thérapie dans ce contexte pourrait
participer à une adaptation la plus harmonieuse possible.
Si une entrée dans des conditions sereines ainsi qu'une
préparation adéquate constituent des moyens pour prévenir
certains risques, la poursuite de l'intérêt porté au
résident une fois son entrée est importante
Chaque entrée se doit d'être adaptée, et,
malheureusement, faute de temps et de moyen, l'équipe a souvent tendance
à se « borner » aux seules cases du dossier d'admission, sans
réellement se détacher de la partie purement administrative du
recueil de données.
C'est pourquoi, la prise en charge en art-thérapie
orientée dés l'entrée en institution pourrait aider le
nouveau résident dans cette étape. Mais, elle pourrait
également permettre à l'équipe de recueillir d'autres
informations, non plus simplement administratives au sujet du nouvel
arrivant.
L'art-thérapie, dans le but d'optimaliser ce grand
bouleversement pour le résident, pourrait lui permettre d'entretenir et
de nourrir le maintien de l'identité.
Nous avons vu que l'entrée en institution et l'existence
collective qu'elle impose plonge brutalement la personne âgée dans
une toute autre logique.
10 M.Personne, R. Vercauteren « Accompagner
les personnes âgées fragiles » p7
Après avoir quitté son ancien lieu de vie,
accepter le quotidien du séjour en institution entraîne
également pour elle beaucoup de souffrance. Il lui faut se prêter
à un certain nombre d'apprentissages.
Ainsi, à travers cette prise en charge le nouveau
résident pourrait trouver :
-Un moyen de poursuivre ses activités
-Avoir l'occasion de sortir de sa chambre (souvent lieu
d'isolement à l'entrée)
-Avoir la possibilité de rencontrer d'autres
résidents à travers des prises en charges collectives - Maintenir
son autonomie
- trouver du plaisir à travers une activité
gratifiante
Réamorcer la possibilité d'un futur, d'un projet,
faire entrevoir que les choses pourraient être autres et qu'on peut
encore aspirer à quelque chose de bon, se projeter dans un futur,
où on pourrait changer, ré-entamer une vie, pouvoir sortir du
gris, du terne, de la souffrance glaciale, pour enfin pouvoir se permettre de
vivre autrement, de se vivre sur un mode moins dévalorisant, faire
redémarrer le temps en « injectant » du désir, en
«injectant» du projet, en tentant de donner foi en un futur autre.
1/ Les résidents en situation d'institutionnalisation
soudaine peuvent être réfractaires aux activités.
Les premiers temps de vie en institution sont souvent un moment
de rupture marqué par l'angoisse, l'incertitude et l'indécision.
Le second temps étant celui de la résignation.
Certains résidents choisissent de s'isoler
volontairement, la vie en collectivité leur pèse, ils
préfèrent rester dans leurs chambres et attendre la visite de
leurs proches. Ils ne participent pas aux activités collectives et
préfèrent que l'on passe un petit moment à bavarder avec
eux. La fréquente brutalité de l'institution peut
également provoquer chez la personne âgée une envie de
s'isoler. Le sujet se voit alors refuser tout type d'activité pour
signifier son refus d'institutionnalisation. On peut ainsi imaginer qu'il soit
également réfractaire à l'idée de participer
à un atelier d'art-thérapie.
2/ L'art-thérapie n'est pas qu'action mais aussi
contemplation.
Il demeure cependant que l'isolement n'est pas toujours un
choix. Concernant principalement les personnes alitées ou à
mobilité réduite, en grande perte d'autonomie ou très
dépendantes physiquement, quelques unes sont recroquevillées et
silencieuses dans leurs fauteuils, sombrant dans un isolement total .
Lors du stage, j'ai été confrontée
à des discussions à ce sujet avec l'équipe. En effet,
certains membres du personnel affirmaient « qu'il n'y avait plus rien
à faire » avec ce type de personne, que leur incapacité
physique les empêchait de prendre part à tout type
d'activité .
Il me semble important de poser une réflexion sur ce
sujet.
Je rappelle en réflexion à ce sujet le chapitre que
nous avons évoqué plus haut concernant l'implication du corps
physique dans l'activité artistique.
La présence en soi est une participation, elle engage
à se montrer aux autres, à s'impliquer avec les autres.
La passivité, ici associée à une
activité (l'art-thérapie) n'est en aucun cas synonyme de
vacuité. Ce temps de présence est directement en rapport avec
l'action.
L'art-thérapie en plus de l'animation est peut être
la seule circonstance où peuvent se rencontrer et cohabiter le temps
d'une séance les résidents.
Les déplacements en maison de retraite n'ont pas souvent
de rapport immédiat avec l'envie ou la volonté de se rendre
quelque part.
Les résidents ne sont pas facilement acteurs de leur
mobilité. Et c'est bien souvent l'organisation du travail qui programme
les déplacements.
Aussi, donner la possibilité aux résidents de
choisir ou non son déplacement à travers la proposition de
participation à l'atelier d'art-thérapie, c'est
déjà lui rendre la possibilité d'être maître
de sa mobilité.
De plus, accepter de participer à ces séances,
même sans implication physique dans l`activité mais ne serait ce
que par sa présence c'est aussi être maître de sa
volonté.
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