D/ Il existe des avantages à la présence
d'un art-thérapeute au sein des EHAPD.
1/- Un regard sur les apports d'un art-thérapeute à
l'équipe de soin.
a)- La complémentarité des observations
pluridisciplinaires et interprofessionnelles est bénéfique.
L'interprofessionnalité permet une prise en charge de
la personne âgée grâce à une vision globale de sa
situation. Chacun des membres ne disposant que d'une approche parcellaire de la
personne, une mise en commun est nécessaire pour mettre en place un
dispositif de prise en charge cohérent.
Ainsi, une approche du résident dans sa
globalité constitue une reconnaissance plus sincère de sa
personne, de son identité. Les résidents ne sont plus
considérés comme des corps à laver, à soigner,
à nourrir ou à animer, mais des sujets avec un parcours et une
vie qui ne s'est pas arrêtée à l'entrée de
l'institution.
b)- L'art thérapeute participe à l'idéal
de réalisation d'un soin de qualité
La médecine à toujours fait appel à une
vision objectivée basée sur la pathologie, sur l'organe
malade.
Déjà Descartes au XVIIème avait une vision
mécaniste de l'homme. Créé par Dieu, il suffisait de
remplacer l'organe malade pour guérir le malade.
Ainsi, la médecine considérait le corps mais
négligeait, ou plutôt, niait la liaison que le corps avait une
âme.
Pour entamer cette réflexion sur ce qu'est aujourd'hui
un soin de qualité il paraît opportun de faire
référence à Victor Von Weizsäcker qui en tant que
philosophe s'est intéressé sur la quintessence de la
médecine.
c)- Victor Von Weizsäcker a une réflexion :
« placer le sujet au centre de la praxis médicale »
Pour Victor Von Weizsäcker c'est la
médicalité de la médecine qui définit l'essence de
la médecine. Cela sous entend pour lui de placer le sujet au centre de
la praxis médicale. Alors ,que très longtemps, seule la
pathologie était le centre d'intérêt du corps
médical. Cela marque une évolution majeure dans notre
société. Le sujet se trouve au centre de nos
préoccupations.
d)- Il existe une différence entre faire du soin et
prendre soin
Si faire du soin renvoie à l'acte de soin, cet aspect
du soin reste dénué de tout lien entre le soignant et la personne
malade. Alors que prendre soin implique que le soignant considère la
personne qu'il va soigner. Non seulement il soigne le malade mais il entreprend
une relation soignante avec le patient.
Ce concept de soin renvoie le soignant à ses propres
valeurs et à son éthique du soin.
Ce concept de prendre soin désigne cette attention
particulière que l'on va porter a une personne vivant une situation
particulière en vue de lui venir en aide, de contribuer à son
bien être et de promouvoir sa santé. Cette conception du soin
constitue à mon sens les valeurs d'un soin de qualité, que doit
rechercher sans cesse l'art thérapeute avec ses patients, au même
titre que tout soignant dans ses relations avec les atteints.
2/ L'art thérapeute propose un lien entre le projet de vie
et le projet de soin. .
La présence d'un art thérapeute au sein de
l'équipe, peut permettre de favoriser l'émergence d'une culture
commune du soin et du bien être du résident.
La prédominance du soin et le cloisonnement professionnel
qu'elle entraîne peut représenter un frein à
l'amélioration de la qualité de vie des résidents.
Dans un premier temps, un rapprochement entre le projet de vie et
le projet de soin, via l'artthérapie garantirait une meilleure prise en
compte des souhaits des résidents.
Favoriser l'autonomie de la personne âgée dans un
EHPAD peut être vu différemment selon chaque membre de
l'équipe.
Si pour une infirmière cette idée peut
être vue exclusivement sous l'angle de la maladie ou du handicap,
perpétuant ainsi la prédominance du soin, l'art-thérapie
quant à elle vient recentrer les pratiques sur les attentes et donc le
bien être du résident.
La présence d'un art thérapeute au sein de
l'équipe permettrait une certaine cohérence dans les champs
d'intervention communs, pour valoriser une approche globale de la personne
âgée qui repose sur la complémentarité des
ressources pluri-professionnelles de l'établissement, contribuant ainsi
à la réalisation de l'enjeu de qualité, en globalisant
l'accompagnement et surtout en l'adaptant au contexte de vie.
« Que l'on parle d'humanisation, de projet de vie, de
qualité de vie, (...) toutes ces démarches sont indissociables,
car il importe dans tous les cas de faire des établissement de
réels lieux de vie . Il s'agit de ne pas limiter la prise en charge de
la personne âgée à la réponses aux besoins
fondamentaux »11
11 « Les personnes âgées en institution,
vie ou survie ? » C. Badey-Rodriguez p9, Seli Arslan 1997
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