b)- Le placement induit un changement de statut.
Il est nécessaire tout d'abord d'examiner cette notion de
"résident". On note que cette appellation souligne le fait que
l'intéressé habite une résidence.
Violemment confrontés à un environnement
collectif, le passage de l'indépendance à la promiscuité
est difficile à vivre. Les personnes âgées placées
en institution recouvrent différents visages, associées à
leur caractère, leurs habitudes, mais, inexorablement, elles sont
souvent perçues par le personnel au travers d'une tâche à
accomplir dans un temps déterminé. Pour un administratif d'un
établissement sanitaire, la personne âgée est globalement
représentée comme un nom sur un dossier, et un dossier est un lit
occupé. Son visage est peu souvent relié au nom car il y a
très peu de visites avant l'entrée qui comme nous l'avons vu
survient de façon soudaine.
Ces différents éléments de
représentation de la personne âgée au sein de la structure
(objet de soin, nom sur un dossier sur une grille) affectent
particulièrement la personne.
Qui, déjà en perte de repères, se retrouve
dans un environnement collectif où il lui est difficile d'exprimer son
identité et sa personnalité et où l'attention
générale est centrée sur le soin.
c)- Le placement apparaît comme la dernière
demeure.
Si la proportion de personnes âgées est en constante
augmentation, il faut savoir que la proportion des personnes âgées
vivant en institution reste stable. L'entrée se faisant en moyenne
à 82 ans, l'acceptation est d'autant plus difficile lorsque l'on sait
que 30 % des personnes âgées entrant meurent la première
année. Ainsi, outre la décision de contrainte due aux
circonstances indépendantes de sa volonté, l'idée d'ultime
demeure vient s'y ajouter. Les répercutions psychologiques peuvent
être importantes.
De plus, la mauvaise image des maisons de retraite, les
affaires de maltraitances et de manque de personnel véhiculés par
les medias, l'image de l'hospice mouroir reste encore ancrée. Beaucoup
d'amis ou de proches y décèdent ce qui fait dire que
l'institution renvoie d'avantage à une idée de mort que de
vie.
Ajoutons que dés les premier jours de son
entrée, la personne va être au contact de personnes en fauteuil
roulant, plus ou moins démentes ou voir mourantes. Ces images des autres
vont lui renvoyer une image de son devenir.
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