II-1-5-2 : la politique de santé et le financement
de santé
A ) la politique de santé
L'Etat gabonais a promulgué l'ordonnance 001/95/PR du 17
janvier 1995 fixant les orientations de la politique de santé. Un
certain nombre de dispositions générales et de priorités y
sont précisées : - La garantie de la santé pour tous
- Le renforcement du système de prévention :
santé maternelle et infantile, l'hygiène publique
et l'assainissement, l'information, l'éducation et la
communication en matière de santé - La protection des groupes de
population vulnérable : malades mentaux
Le recadrage de la politique nationale de santé est
basé sur la correction des nombreux dysfonctionnements identifiés
dans les programmes nationaux de santé actuels, appuyés par les
approches OMS (stratégie de santé pour 2010) et NEPAD
(stratégie unitaire ; programme initial). Ce recadrage devrait permettre
l'amélioration des performances sanitaires au Gabon, avec la mise en
application de la décision d'Abuja de consacrer au moins 15% des revenus
nationaux à la santé et la mise en oeuvre d'un programme national
de réduction de la pauvreté.
B ) le financement du secteur de la
santé
Dans le domaine sanitaire, des progrès ont
été réalisés, bien que des efforts énormes
restent à faire. On observe, depuis 1960, un recul du taux de
mortalité infantile grâce à l'apport de moyens
préventifs et curatifs. Depuis 1990, le pays a
bénéficié de l'appui de l'OMS et du FNUAP pour
réaliser des petites enquêtes de santé dans le cadre de la
« Maternité sans risque » (Projet Gab/90) : enquête sur
le personnel de santé, enquête sur les accoucheuses
traditionnelles et enquête sur la mortalité infantile. Ces
enquêtes ont permis de mettre à jour certaines insuffisances au
niveau des formations sanitaires, du personnel médical formé et
de l'inégale répartition des structures sanitaires et du
personnel, même si des améliorations ont été
constatées au niveau de la couverture sanitaire.
En générale, le financement du secteur public
est assuré par l'Etat à travers les ministères de la
santé publique, de la défense nationale, des affaires sociales et
de l'enseignement supérieur. Les
collectivités locales, les tiers pays (publics et
privés), le ticket modérateur des usagers et les particuliers non
assurés contribuent également au financement du secteur
public.
Cependant ce budget réservé à la
santé de 4% en moyenne reste insuffisante et en déca des
recommandation de l'OMS (au moins 10% du budget général). A titre
d'exemple, en 2000 sur un budget d'investissement de 120 milliards de FCFA,
seulement 6,9 milliards ont été prévu par la loi de
finance pour le Ministère de la Santé, 5,3 milliards ont
été engagés, 0, 54milliards ont été
payés et il y a eu seulement 10,1% (Stratégie de
coopération OMS-GABON, 2004). De plus, selon le PNUD (2002) les
dépenses de santé publique sont restées stables par
exemple 2% en 1990 et 2,1% en 1998.
C ) Bilan du paludisme au Gabon
Le paludisme au Gabon est holo endémique
c'est-à-dire que la transmission est stable toute l'année. Les
efforts de lutte thérapeutique enregistrent d'innombrables échecs
du à la pharmaco résistance.
a- L'ampleur du paludisme au Gabon
Au Gabon, les espèces plasmodiales rencontrées
sont : le plasmodium ovale, le plasmodium malariae et le plasmodium falciparum
qui est l'espèce la plus fréquente retrouvée seule ou
associée à d'autres espèces dans 94,6% des frottis
positifs. La transmission de la maladie ou l'infection palustre est
assurée par Anophèle gambiae, An.funestus et an .Moucheti
(ANTIMI, 2006).
Depuis plus d'une décennie le paludisme est
enregistré comme étant la première cause de
morbidité et la deuxième cause de mortalité infantile au
Gabon. Le nombre de cas déclaré par le service des statistiques
du Ministère de la Santé Publique est significatif en la
matière ainsi qu'il se dégage du tableau suivant.
Tableau 2-4 : nombre de cas déclarés et
taux de mortalité infantile dus au paludisme
Année
|
Nombre de cas déclarés
|
Taux de mortalité infantile (%o)
|
1994
|
81312
|
60
|
1995
|
138745
|
57
|
1996
|
79401
|
30
|
1997
|
90548
|
34
|
1998
|
54016
|
0,6
|
Source : Direction du PNLP-Gabon.
Ces chiffres ne représentent que la partie visible de
l'iceberg car les décès survenus à domicile ne sont pas
notifiés. En outre, les données disponibles provenant des deux
hôpitaux de référence
(hôpital pédiatrique d'Owendo (HPO) et le centre
hospitalier de Libreville (CHL)) montrent que le paludisme est la
première cause d'hospitalisation en milieu pédiatrique. Un enfant
sur cinq est admis pour le paludisme. Exemple à l'HPO sur 1592
hospitalisations, 18,53% de cas de paludisme, et au CHL sur les 1401
hospitalisations, 23% de cas de paludisme sont relevés (ANTIMI,
2006).
b- La situation du traitement antipaludique au
Gabon
Pendant longtemps, la chloroquine a été le
traitement de première ligne contre le paludisme simple au Gabon. Mais
les premières résistances à cet antipaludique ont
été relevées à la suite d'une étude
menée en1983 à Lambaréné au centre du Gabon ; ceci
avait montré une résistance in vitro de 19%. Suite à ce
constat, les évaluations in vivo menées, quelque temps plus tard
par le laboratoire de recherche de l'hôpital Albert Schweitzer de
Lambaréné et le service de parasitologie de la faculté de
médecine du Gabon, ont montré des taux de résistances
RI/RII/RIII allant de 17 à 47% (ANTIMI, 2006). L'Organisation Mondiale
de la Santé (OMS) a établi la carte ci-dessous pour montrer
l'ampleur de la faible pratique de la combinaison thérapeutique
appropriée pour le traitement efficace du paludisme au Gabon.
Carte 2-1 : le taux d'échec de combinaison
thérapeutique au Gabon, 2001-2002
Source: O.M.S, 2002
La carte ci-dessus montre l'ampleur de l'échec du
traitement antipaludique au Gabon dans la période 1999-2001 au niveau de
quelques grands centres urbains du Gabon. Dans la plupart des régions la
combinaison des nouvelles molécules antipaludiques appropriée par
les malades est très faible dans le traitement du paludisme.
Face à un tel constat et sous l'impulsion des nouvelles
découvertes thérapeutiques, le Gabon a procédé en
juillet 2003 à la révision de sa politique des médicaments
antipaludiques pour y introduire des combinaisons thérapeutiques
à base d'artémisinine et du TPI pour les femmes enceintes
(ANTIMI, 2006).
Tableau 2-5 : récapitulatif du taux d'echec de
combinaison thérapeutique antipaludique au Gabon
|
Niveau de combinaison thérapeutique
|
Ville
|
Amodiaquinine
|
Artemether lumefrantine
|
Artesunate amodiaquinine
|
Oyem (2002)
|
14%
|
Moins de 5%
|
Moins de 5%
|
Libreville (2000)
|
12,6%
|
Moins 1%
|
ND
|
Lambaréné (1999)
|
14,8%
|
ND
|
Moins 2%
|
Mouila (2001)
|
3,2%
|
Moins 1%
|
Moins 1%
|
Source : OMS, 2002. ND : non
déclaré
Ce tableau 2-5 confirme ce qui ressort de la carte 2-1
à propos du faible niveau d'administration des antipaludiques
combinés au sein des populations gabonaises. Cela pourrait être
jugulé si les stratégies suivantes envisagées par le PNLP
sont respectées par toutes les parties prenantes.
c) Stratégies de lutte contre le
Paludisme
Le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) du
Gabon soutenu par l'OMS, le RACTAP (le Réseau d'Afrique Centrale pour le
Traitement Antipaludique), l'OCEAC (Organisation de Coordination pour la lutte
Contre les Endémies en Afrique Centrale) a choisi entre autres :
- La moustiquaire imprégnée d'insecticide à
longue durée d'action chez la femme enceinte et l'enfant de moins de
cinq ans avec 125 150 moustiquaires distribuées et la formation de 438
relais communautaires aux techniques d'imprégnation.
- Le TPI (SP) chez la femme enceinte à partir du
deuxième trimestre de la grossesse avec 48 750 doses de Sulfadoxine
pyriméthamine qui ont été disponibilisées dans les
10 régions sanitaires du pays.
- la prise en charge des cas avec de l'ACT (paludisme simple) et
Quinine (paludisme grave) notamment 23 040 B6, 34 560 B12, 11 520 B24
d'Artemethere -Luméfantrine et 54 000 B6, 83 898 B24
d'Artésunate-Amodiaquine qui ont été disponibilisés
dans les structures sanitaires du pays.
- la formation de 704 relais communautaires à la
mobilisation sociale en partenariat avec le Ministère des Affaires
Sociales de la Solidarité National et du Bien-être Familial.
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