III-3-2-1 : les différences selon les facteurs socio
culturels
A) le milieu de socialisation
Toujours dans le tableau 2-8, il ressort que le milieu de
socialisation est associé significativement au seuil de 5% à la
prise en charge médicale du paludisme chez l'enfant.
Les mères qui ont été socialisées
dans les autres villes ont effectué à 51% une bonne prise en
charge médicale de leurs enfants que celles socialisées à
Libreville/Port gentil (46%) et celles socialisées en milieu rural
(42%).
Cette forte association entre les mères des autres
villes et la prise en charge de paludisme s'expliquerait par l'acquisition
et l'appropriation des normes d'hygiène sanitaire par les mères
de ces milieux. Conformément aux résultats recherchés
par l'ordonnance 001/95/PR du 17 janvier
1995 renforçant le système de prévention
: santé maternelle et infantile, l'hygiène publique et
l'assainissement, l'information éducation et communication (I.E.C) en
matière de santé (TBGS, 2003).
B) La religion de la mère
L'appartenance religieuse des mères est significativement
associée à la prise en charge médicale du paludisme de
leurs enfants au seuil de 10%.
Les mères de religion musulmane ont largement une bonne
prise en charge médicale (65,5%) que celles des autres religions dont
les pourcentages sont inférieurs à 50% soit respectivement 48,2%,
47,4%, 36,9% et 36,6% pour les mères catholiques, protestantes,
animistes et autres.
Cette proportion élevée des mères
musulmanes dans la prise en charge médicale de l'enfant impaludé
pourrait s'expliquer par le fait qu'une grande partie de celles-ci est
d'origine étrangère. Les pratiques culturelles en matière
de soin à l'enfant n'étant plus les mêmes que dans leur
pays d'origine, on peut penser qu'elles préfèrent plus recourir
aux soins modernes que les mères d'autres religions qui vivent pour la
plupart dans un environnement qu'elles maîtrisent et qu'elles peuvent y
recourir pour se soigner de manière traditionnelle avant de se rendre
probablement à un centre de santé.
Tableau 3-8 : Répartition de la prise en charge
médicale du paludisme chez l'enfant selon certaines
caractéristiques liées à la mère
variable
|
Prise en charge médicale
|
effectif
|
|
(%)
|
|
Milieu de résidence
|
(***)
|
1089
|
- Libreville et Port gentil
|
52,3
|
555
|
- Autres villes
|
49,2
|
278
|
- rural
|
37
|
257
|
Milieu de socialisation
|
(**)
|
1087
|
- Libreville et Port gentil
|
46
|
362
|
- Autres villes
|
51
|
346
|
- rural
|
42
|
238
|
- résidu
|
55,1
|
143
|
Religion
|
(*)
|
1089
|
-Catholique
|
48,2
|
604
|
-Protestante
|
47,4
|
306
|
-Musulmane
|
65,5
|
67
|
- Animiste
|
36,9
|
6
|
- Autres
|
36,6
|
102
|
Ethnie
|
(***)
|
1089
|
-fang
|
44,6
|
290
|
-kota
|
32
|
92
|
-mbede
|
52,3
|
99
|
-myene
|
31,2
|
24
|
-nzabi
|
48,5
|
111
|
-okandé
|
54,8
|
33
|
-punu
|
50,2
|
254
|
-autres
|
67,4
|
15
|
- résidu
|
54,8
|
171
|
Taille du ménage
|
(ns)
|
1090
|
-1 à 10 membres
|
47,9
|
663
|
-11 à 20 membres
|
47,2
|
370
|
- 21 à plus
|
51,7
|
57
|
Type de ménage
|
(ns)
|
1089
|
-monogamique
|
47,7
|
605
|
-polygamique
|
50,1
|
141
|
- résidu
|
47,4
|
343
|
Présence du mari
|
(ns)
|
1087
|
- dans le ménage
|
50,3
|
572
|
- ailleurs
|
41,5
|
173
|
- résidu
|
47
|
344
|
Activité du partenaire
|
(***)
|
1089
|
- technicien
|
53
|
144
|
- cadre
|
55,7
|
191
|
-commerçant
|
50,4
|
104
|
-agriculteur
|
36
|
276
|
- inactif
|
42,3
|
116
|
- résidu
|
43
|
259
|
Région de résidence
|
(***)
|
1090
|
Libreville-port gentil
|
52,3
|
555
|
Nord
|
26,6
|
141
|
Est
|
53,4
|
159
|
Ouest
|
47,3
|
119
|
Sud
|
45,2
|
114
|
Pouvoir financier de la mère
|
(ns)
|
1089
|
-faible
|
48,1
|
607
|
-moyen
|
45,4
|
262
|
-élevé
|
50,2
|
220
|
Expérience de la mère
|
(**)
|
1091
|
-pas d'expérience
|
48,7
|
290
|
-peu d'expérience
|
46,6
|
376
|
- moyenne expérience
|
40
|
163
|
- grande expérience
|
53 ,8
|
262
|
Accessibilité géographique
|
(ns)
|
1071
|
- proche
|
41,1
|
926
|
- loin
|
43,8
|
146
|
Niveau d'instruction
|
(*)
|
1089
|
-Sans niveau
|
53,4
|
51
|
-Primaire
|
43,8
|
451
|
-Secondaire et plus
|
50,6
|
587
|
(***) khi deux significatif à 1%.
|
(**) khi deux significatif à 5%
|
(*) khi deux significatif à 10%
|
(NS) khi deux non significatif
|
C) l'ethnie de la mère
Dans le tableau 3-7, la prise en charge médicale de
l'enfant impaludé est fortement associée à l'origine
ethnique de la mère au seuil significatif de 1%.
Quatre groupes se distinguent avec des taux de prise en charge
supérieur à 50% : les Mbédé (52,3%), les
Okandé(54,8%), les Punu (50,2%) et les autres petites ethnies (67,5%).
Les Kota et les myénés ont une moins bonne prise en charge
médicale respectivement de 32% et 31,2%.
Ces deux derniers taux peuvent s'expliquer par le fait que les
enfants myénés sont ceux qui ont la plus petite prévalence
de paludisme (18,6%) et dont la plupart habite dans la région ouest
où la prévalence de26,5% est inférieure à la
moyenne nationale (28,4%) ; il en est de même des enfants Kota qui vivent
dans la majorité des cas à l'est du pays où la
prévalence de paludisme n' est que de 26,6%.
D) le niveau d'instruction
Le niveau d'instruction est une variable associée
à la prise en charge médicale du paludisme chez les enfants
gabonais au seuil significatif de 10%. Les enfants impaludés nés
des mères sans niveau d'instruction ont eu une bonne prise en charge
médicale (53,4%) meilleure que ceux des mères de niveau primaire
(43,8%) et de niveau secondaire et plus (50,6%).
Cet écart favorable aux enfants de mères sans
instruction peut s'expliquer par leur effectif (51cas) largement
inférieur à ceux des mères de niveau primaire (453 cas) et
ceux de mères de niveau secondaire (587 cas). En outre, il se pourrait
que les mères sans instruction soient plus réceptives aux
enseignements issus des séances de IEC (information éducation
communication) qui sont de rigueur dans les centres de santé maternelle
et infantile du Gabon. Ces mères doivent mettre en pratique les
enseignements reçus au profit de leurs enfants contrairement aux
mères de niveau primaire qui n'ont effectué le plus souvent que
les trois premières classes du primaire ; et la plupart y sont sorties
analphabètes, ce qui en réalité ne les différentie
substantiellement pas des mères sans instruction.
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