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Les déterminants de la prise en charge médical du paludisme au Gabon: cas des enfants de moins de cinq ans

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par Hassan MOHAMEDOU
Université de Yaoundé II( Cameroun) - DESS de Démographie 2007
  

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I-1-2-2 les médecines traditionnelles

Considérées pendant longtemps par les rationalistes comme un système de soins ne reposant sur aucune base scientifique à cause d'une part de ses limites explicatives de l'étiologie de la maladie et d'autre part à cause de son mode d'administration de soin2. Toutefois, depuis la conférence de Alma Ata (1978), cette médecine « informelle » est considérée comme

2 Les scientifiques affirment que les tradithérapeutes

complémentaire à la médecine moderne pour pallier la faible couverture des zones rurales et de leur accessibilité difficiles aux centres de santé modernes ; mais aussi du fait des savoirs botaniques avérés des tradipraticiens. Ainsi l'OMS (2002) la définit comme « l'ensemble de toutes les connaissances et pratiques, explicables ou non pour diagnostiquer, prévenir ou éliminer un déséquilibre physique, mental ou social en s'appuyant exclusivement sur l'expérience vécue et l'observation transmise de génération en génération, oralement ou par écrit ».

I-1-2-3 la médecine moderne

La médecine moderne est un système de soin fondé sur une pratique universellement reconnue et acceptée par la communauté scientifique. Elle se caractérise dans sa démarche par la consultation du malade, les analyses cliniques au laboratoire et la prescription des médicaments. Plusieurs facteurs sont susceptibles d'expliquer le recours à ce système de soin en Afrique : son accessibilité géographique dans les grands centre urbains et surtout son efficacité dans le traitement de maladie endémique particulièrement (BANGRE, 2005).

I-1-3 : aperçu de la littérature sur la prise en charge médicale du paludisme en Afrique

Les travaux portant sur la prise en charge médicale des enfants malades sont nombreux ; de même que les approches explicatives des recours thérapeutiques.

I-1-3-1 : standards thérapeutiques du paludisme

Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS, 1990), les six principes de gestion d'un paludisme sont :

- si, très tôt, on suspecte un cas de paludisme grave, il faut transférer le patient là où le niveau de soins est le meilleur disponible. Etablir le bilan initial de l'état clinique.

- Donner le plus tôt possible une chimiothérapie antipaludique, en utilisant un médicament approprié, dosé de façon optimale et administré par voie parentérale

- Eviter les complications : convulsion, hypoglycémie, forte fièvre, ou tout au moins assurer une détection et un traitement précoce possible

- Vérifier que les équilibres des fluides, des électrolyses et acido basiques sont maintenus - Dispenser des bons soins médicaux

- Eviter les traitements avec des effets secondaires

Malgré ces recommandations, des études portant sur la gestion du paludisme en Afrique présentent de nombreux manquements.

Une de ces études descriptives et transversales sur la prise en charge du paludisme grave chez les enfants de moins de cinq ans dans les formations sanitaires de Bafoussam a été effectuée par l'O.C.E.A.C. Cette étude visait trois objectifs : mesurer les effets néfastes du Paludisme à Bafoussam ; évaluer les connaissances, les attitudes et les pratiques en matière de prise en charge du paludisme de moins de cinq ans dans les formations sanitaires de ladite ville ; avoir une information sur le coût des différentes pratiques des soignants. Pour ce faire sept formations sanitaires publiques et privées sur 37 recensées ont été retenues. Ceci a conduit à examiner 101 carnets d'enfants et à interroger 10 médecins, 3 infirmiers et 101 parents accompagnateurs.

De nombreux problèmes résultent de cette enquête. Chaque formation sanitaire dispose de son propre protocole thérapeutique et seulement 15,38% de prescripteurs suivent les recommandations de l'OMS. Il n'y a donc pas de standardisation de traitement ni une bonne connaissance de doses et durées. Par exemple un médecin pédiatre conseille la chloroquine pour ses malades qui sortent de l'hôpital à la dose de 5 mg/kg/semaine pendant un mois en cas d'accès pernicieux et pendant trois mois en cas d'accès grave.

Du coté des parents, on constate que 98% d'entre eux ont consulté 48 heures après le début de la fièvre. Les motifs de consultation sont à 94% pour une fièvre. Seulement 17% des parents affirment que le paludisme est du aux piqûres des moustiques, 43% des parents ont consulté les cases de santé, les tradipraticiens et les cliniques privées avant de rejoindre les hôpitaux enquêtés.

Tableau 1-1 : Illustration des attitudes thérapeutiques adoptées par les parents d'enfants fébriles à domicile.

Médicaments utilisés

posologie

Nombre
(n=101)

Antipaludiques

 
 

Camoquines ® sirop

1 cuillères à café

1

Flavoquine ® sirop

3 cuillères à café

1

Nivaquine ® sirop

1 à 2 cueilleres à café

25

Nivaquine ® comprimés

1/4à 3 comprimés

35

Quinimax ® comprimés

1/4 à 3 comprimés

2

résochine ® sirop

3 cuillères à café

1

Autres médicaments

 
 

Paracetamol comprimés 500mg

1/2 comprimés

1

Cafénol ® comprimés

2 * / jour

 

Aspirine®comprimés500mg

1/2 comprimés

2

Produits traditionnels

2 comprimés

2

 

1 lavement

1

Source : OCEAC, 1995

Aussi, constate t- on, dans cette même enquête, les effets néfastes de l'automédication sur la santé des enfants, dû certainement aux doses insuffisantes, inappropriées ou sur dosées et de la mauvaise qualité des médicaments qui exige en outre un accent particulier à porter sur l'éducation pour la santé des populations (O.C.E.A.C, 1998).

Une autre enquête du même réseau paludisme de l'O.C.E.A.C à Malabo, Brazzaville, Libreville et Yaoundé montre que les points suivants doivent encore être améliorés dans la conduite de l'entretien avec les mères des enfants fébrile :

- la standardisation des prescriptions des antimalariques de première et de deuxième ligne ainsi que la chimioprophylaxie à la norme des programmes nationaux de lutte contre le paludisme (PNLP) ;

- l'amélioration de la gestion des stocks des antimalariques dans les formations sanitaires ;

- l'opérationnalisation de la surveillance épidémiologique et de la supervision des formations sanitaire par le PNLP (LEMARDELEY et al, 1996).

Une autre étude de la même OCEAC(1998) visait à l'évaluation de la prise en charge du paludisme au Cameroun par les paramédicaux ayant suivi auparavant un recyclage à la prise en charge des fièvres et paludisme .

Il ressort de cette enquête que si l'interrogatoire des malades est bien dans l'ensemble l'examen clinique reste incomplet, le diagnostic le plus souvent asymptomatique, les conseils aux malades restent rares.

Ce dernier constat, limité par une faible représentativité dans les provinces du littoral et du Sud ouest, confirme que les directives nationales pour le traitement des cas de paludisme (chloroquine ou amodiaquinine en 1ère intention, sulfadoxine pyriméthanine en 2ème intention, quinine en 3ème intention) sont loin d'être suivi dans les autres provinces.

S'agissant spécialement des parents, deux études furent menées au Sénégal, dans le site de Niakhar, par des paludologues, des démographes et des anthropologues qui ont abouti à la conclusion que l'accès des enfants aux soins n'était pas uniquement lié à la disponibilité des médicaments. La première, réalisé à partir des entretiens avec l'entourage après chaque décès d'enfant, a révélé que la moitié d'entre eux n'avaient pas été conduits au dispensaire. La seconde a montré qu'en cas de fièvre, près de 40% des parents envoyaient leurs enfants chez le guérisseur, de plus, en cas de symptômes persistants, ils n'hésitaient pas à changer de système de soins, passant du guérisseur au dispensaire ou vice versa. L'approfondissement des connaissances sur le comportement des parents apparaît aujourd'hui particulièrement crucial pour mieux adapter les protocoles thérapeutiques et les messages d'éducation sanitaire et, ainsi, augmenter l'efficacité des traitements (LEHESRAN, 2001).

En 1996, une étude d'évaluation de la prise en charge à domicile du paludisme dans un quartier périphérique de Cotonou au Bénin a montré que 98,5% des mères d'enfants de moins de cinq ans ont toujours pris l'initiative de traiter leurs enfants à Domicile avec des associations médicamenteuse aberrantes (GUEDEME et al. 1996).

Enfin, une étude effectuée dans un village (Njinikom) du Nord Ouest du Cameroun en 1995 par des sociologues a montré que les représentations et les croyances qu'une population entretient au sujet d'une maladie donnée sont susceptibles de modeler ses choix thérapeutiques. Les populations distinguent un paludisme naturel causé par les moustiques, l'insalubrité de l'environnement, le changement climatique et un paludisme causé par les esprits comme sanction. Pour se soigner les populations recourent à la médication moderne (nivaquine...) en associant les extraits d'essences naturelles (muyanga= huile de palmiste ...). Aussi se dégage t-il un itinéraire marqué par l'auto administration de quelques comprimés dès les premières attaques, le recours a un centre hospitalier moderne en cas de persistance des symptômes, et la consultation des tradithérapeutes dans les cas rebelles. Les raisons pour lesquelles on sollicite la médecine moderne sont l'efficacité de la médication, le coût et la proximité des services ; la tradithérapie recevant surtout des cas désespérés, pour lesquelles on soupçonne une connexion avec des réalités mystiques ( KIAWI et al, 1997).

Ces travaux mettent en évidence l'importance d'une approche qui allie la médecine à d'autres disciplines en sciences humaines pour une meilleure compréhension de la prise en charge du paludisme de l'enfant en particulier. Qu'en est il donc des théories et modèles qui sous tendent cette nécessité ? Telle est la question qui va être examinée dans la suite.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld