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La coopération décentralisée entre la France et le Cameroun : un véritable partenariat ?

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par Cyprien BASSAMAGNE MOUGNOK
Université de Yaounde II - Soa - Master II 2007
  

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PARAGRAPHE 2 : DE LA TUTELISATION RIGIDE A L'AUTONOMISATION PROGRESSIVE DES COLLECTIVITES LOCALES : UN PASSAGE EXISTENTIEL DE LA COOPERATION DECENTRALISEE FRANCE - CAMEROUN

Les collectivités locales sont une création de l'Etat. Elles participent de la politique de décentralisation administrative dans les Etats à structure unitaire. La politique de décentralisation administrative est largement tributaire du pouvoir central qui en est l'inspirateur philosophique. Cette politique est tendanciellement totalisante et ne laisse aux collectivités locales que des interstices d'autonomie. Dans ce domaine bien plus qu'ailleurs, le pouvoir central exerce son magistère répressif sur toute velléité périphérique ambitieuse. Cette attraction centripète des collectivités "périphériques" se traduit par la haute surveillance tutélaire du pouvoir central (A). Elle a même une ambition totalisante (Njoya, 2006 :258). Mais, la coopération décentralisée dispose aussi d'une autonomie qui se consolide progressivement (B). D'ailleurs, comme le précise Réné Chapus, l'idée même de tutelle comporte celle d'autonomie (Chapus, 1988 : 265).

A- LES COLLECTIVITES LOCALES ET LA HAUTE SURVEILLANCE TUTELAIRE DU POUVOIR CENTRAL : LE CAS DU CAMEROUN.

Alors que la coopération décentralisée nécessite une grande souplesse dans les formes et une certaine célérité dans les procédures des autorités de tutelle qui doivent laisser aux magistrats municipaux une marge de manoeuvre considérable dans leurs contacts avec leurs homologues étrangers, la tutelle sur les communes au Cameroun, à entendre les experts de la Banque mondiale est jugée actuellement stérilisante. Par sa lourdeur, son manque de discernement quant aux actes qui y sont soumis, le fait qu'elle provoque la remontée de tous les contrôles, elle paralyse le développement des initiatives (Nach Mback, 1994 : 34). Dans le cadre de notre analyse, c'est la loi n°77/91 du 25 Mars 1977 (et ses modifications subséquentes) déterminant les pouvoirs de tutelle sur les communes, les syndicats de communes et les établissements communaux qui réglemente la coopération décentralisée au Cameroun. Au-delà du caractère rigide des textes régissant le pouvoir de tutelle sur les communes (1), l'on peut également noter des dissonances dans les politiques de décentralisation au Cameroun (2).

1) La rigueur des textes

Le régime juridique de l'action extérieure des collectivités locales au Cameroun tel que prévu par le décret n° 77/91 du 25 Mars place celles-ci sous une forte tutelle assurée par le Ministre chargé de l'Administration Territoriale. Ce texte donne la possibilité aux collectivités locales de mener des actions au-delà des frontières nationales à travers les magistrats municipaux ; mais, fait dépendre une telle possibilité d'une autorisation préalable du Ministre chargé de l'Administration Territoriale. En effet, ce texte dispose en son article 89 : « Le Ministre de l'Administration Territoriale décide des missions à accomplir hors du territoire national par les délégués du gouvernement, les Maires et les Administrateurs Municipaux, ainsi que de l'opportunité des jumelages des communes avec celles des pays étrangers » (Nach Mback, 1994 : 30).

Cette subordination des relations transnationales des collectivités locales Camerounaises à l'autorité du MINATD révèle ni plus ni moins le caractère centralisateur de l'organisation territoriale de l'Etat au Cameroun dans la pure tradition jacobine ; c'est une politique restrictive et même « tendanciellement totalisante » qui ne laisse aux collectivités locales que des interstices d'autonomie. Dans le cas d'espèce, le MINATD semble jouir d'un pouvoir quasi-absolu car contrôlant de près ou de loin les collectivités locales à travers certaines autorités déconcentrées ; les gouverneurs ou les préfets eux-mêmes placés sous son contrôle. Il y a comme l'écrit Roger Gabriel Nlep, une graduation entre les différentes autorités investies du pouvoir de tutelle, mais le Ministère de l'Administration Territoriale se trouve être le lieu géométrique vers lequel doivent converger [...] les mesures prises en matière de tutelle par ses représentants territoriaux (Nlep, 1986). La lourde tutelle du pouvoir central hypothèque ainsi la liberté des collectivités décentralisées et donne à la décentralisation un caractère retenu et même illusoire. Les difficultés de municipalisation de la coopération décentralisée au Cameroun révèlent également un hiatus jamais comblé entre les normes et les réalisations, entre la parole et l'acte.

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