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La coopération décentralisée entre la France et le Cameroun : un véritable partenariat ?

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par Cyprien BASSAMAGNE MOUGNOK
Université de Yaounde II - Soa - Master II 2007
  

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CHAPITRE I :

SOCIOGENESE ET CONFIGURATION DE LA COOPERATION DECENTRALISEE

FRANCE - CAMEROUN

A la première moitié de la décennie 1980, le concept "Coopération décentralisée" était peu utilisé. Eu égard au monopole étatique des relations internationales, la seule évocation du principe d'action à l'extérieur des collectivités locales, soupçonné de mettre en péril la souveraineté de l'Etat avait des accents révolutionnaires (Petiteville, 1995 :9). Dans le cas d'espèce, l'action extérieure des collectivités locales portait atteinte au monopole de représentation et d'intervention que détient traditionnellement l'Etat dans le champ disciplinaire des relations internationales ; comme l'écrit Jean-Louis Autin, qu'on le veuille ou qu'on le déplore, elle affecte directement ou non l'une de ses prérogatives régaliennes (Alliès ; Négrier ; Roche, 1994 :28). Il fallut revoir l'arsenal des paradigmes et systèmes (Terray, 1987) à travers lesquels nous essayons de saisir la réalité mouvante et protéiforme qu'est la coopération décentralisée pour que finalement, les craintes relatives à un empiètement des collectivités locales sur les prérogatives diplomatiques de l'Etat soient très rapidement dissipées. La science des relations internationales à l'ère de la "glocalisation" devrait être appréhendée beaucoup plus comme une discipline dynamique et non comme une discipline en crise ; "transformations are normal, not pathological" (Sindjoun, 2001 :226).

Il n'est pas de notre propos de revenir sur ce pan de réflexion longuement analysé et explicité, aujourd'hui dépassé. En revanche, dans cette première articulation, nous voulons cerner, d'un point de vue sociohistorique, les logiques qui ont présidé à la formalisation de la coopération décentralisée (Section I) et si possible indiquer la configuration de cette nouvelle forme de coopération internationale (Section II) entre la France et le Cameroun.

SECTION I : L'EMERGENCE CONCEPTUELLE ET POLITIQUE DE LA COOPERATION DECENTRALISEE

L'action extérieure des collectivités locales soulève un certain nombre d'interrogations quant à sa genèse (Petiteville, 1996 : 11). S'agissant d'un phénomène dont l'émergence n'est spécifique ni à la France encore moins au Cameroun, il importe de le restituer dans le contexte international.

La coopération décentralisée se trouve aujourd'hui entre deux grandes tendances : la mondialisation et la décentralisation (paragraphe 1). Toutefois, ce phénomène n'aurait pu exister sans être nommé ; héritage des jumelages traditionnels comme des mouvements de solidarité, la terminologie s'est en effet montrée hésitante dans les premiers temps du fait de la floraison des concepts qui traduisent cette nouvelle réalité (paragraphe 2).

PARAGRAPHE 1 : LA COOPERATION DECENTRALISEE A LA CROISEE DES CHEMINS DE LA MONDIALISATION ET DE LA DECENTRALISATION.

L'émergence d'une approche nouvelle de la coopération internationale (coopération décentralisée) pendant les années 1980 est d'abord et surtout le produit des mutations récentes du système international que tend à légitimer le phénomène de mondialisation (A). On assiste non seulement à l'irruption de nouveaux acteurs sur la scène internationale qualifiés d'"acteurs transnationaux" mais aussi à une nouvelle distribution de la puissance. Elle est même le produit des mutations plus profondes de la gouvernance publique, subséquente à la maturation progressive des politiques de décentralisation (B).

A- LE PHENOMENE DE MONDIALISATION

La montée en puissance de la coopération décentralisée depuis les années 1980 correspond à une période durant laquelle le concept de mondialisation s'est imposé, englobant confusément diverses évolutions : la transnationalisation des relations internationales (1), l'internationalisation des affaires locales (2). Ce contexte global est même commun aux collectivités territoriales du Nord et du Sud.

1) La transnationalisation des relations internationales

Dans leur ouvrage Le Retournement du monde, Bertrand Badie et Marie -Claude Smouts définissent les relations transnationales comme « toutes relations sociales qui,par volonté délibérée ou par destination,se déploient sur la scène mondiale au -delà du cadre étatique national et qui se réalisent en échappant au moins partiellement au contrôle ou à l'action médiatrice des Etats »(cités par Blom et Charillon, 2001 :121). Ainsi, à côté des flux économiques, démographiques et culturels qui échappent peu ou prou à l'initiative des Etats s'affirment un certain nombre d'acteurs politiques et religieux auxquels il convient désormais d'ajouter les collectivités décentralisées (Petiteville, 1995).

L'origine des flux qui constituent les relations internationales est diverse ou plurielle. Bien plus, l'émission étatique des flux est relative (Sindjoun, 2002b :97). Dans le cas d'espèce, l'Etat aurait manqué son projet de recherche hégémonique et de totalisation de l'espace (Bayart ; Mbembe ; Toulabor, 1992). Finalement, il serait contourné et relativisé à travers les "modes populaires d'action transnationale" (Sindjoun, 2002b). Ce faisant, loin d'établir qu'à un « monde statocentré » s'est littéralement substitué un « monde multicentré » (Rosenau, 1990 ; Badie et Smouts, 1992), Il est question de remarquer que les acteurs transnationaux mieux, les collectivités locales participent d'une manière ou d'une autre à la dilution du concept de souveraineté suivant le modèle Wespthalien et, surtout, suscitent un remodelage de la configuration hobbesienne de l'autorité souveraine (Mvondo, 2006).

La réalité des flux transnationaux est donc permanente dans les relations internationales: transnational relations are «regular interactions across national boundaries when at least one actor is a non-state agent or does not operate on behalf of a national government or an intergovernmental organization»2(*) (Risse-Kappen, 1995).

La montée en puissance des relations transnationales constitutives d'un "monde multicentré" aurait finalement favorisé l'action à l'extérieur des collectivités locales en ce sens qu'elle aurait crée les conditions de la dynamique d'extension des mobilités transterritoriales. L'Etat n'a jamais occupé à lui tout seul le champ des relations internationales, il a entretenu des relations de concurrence et/ou de complémentarité avec d'autres acteurs qualifiés par Rosenau d' « acteurs hors souverainté », c'est-à-dire qui échappent de manière totale ou partielle à son contrôle souverain (cité par Sindjoun, 2002b : 96). Que dire alors de l'internationalisation des affaires locales qui semble être consubstantielle aux flux des relations transnationales des collectivités locales ?

* 2 Il s'agit d'une démultiplication des interactions entre acteurs au-delà du cadre étatique (avec au moins un acteur non étatique qui n'agit pas sous le couvert de l'Etat ou d'une organisation internationale).

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand