2) L'internationalisation
des affaires locales
La mondialisation dans laquelle s'inscrit toute action de
coopération décentralisée a considérablement
élargi le spectre géographique de destination des projets et les
opportunités de partenariat par-delà les continents. Si l'Europe,
puis l'Afrique restent les deux pôles majeurs, la mondialisation et la
libération des énergies locales ouvrent de nouvelles perspectives
de coopération comme en témoignent les partenariats plus
récents entre les collectivités des pays émergents et
celles du Nord dans une perspective d'apport mutuel pour le
développement (Santus, 2003 :13).
L'internationalisation des affaires locales dont nous parlons
ici est la conséquence logique de la transnationalisation des flux
inhérents à la coopération décentralisée. En
fait, les collectivités locales, dans leur dynamique d'extension hors
des frontières nationales (Petiteville, 1996) subvertissent le principe
de territorialité et finalement, transnationalisent la vie politique
locale (Badie ; Smouts, 1992) en exerçant sur le plan international
des compétences qui leur sont reconnues sur le plan interne. Ces
compétences sont résumées à partir de la
catégorie d' « affaires locales ».
Au-delà du caractère imprécis et insaisissable de la
notion d' « affaires locales » (Baguenard, 1980), l'on peut
également souligner le caractère introuvable de celle-ci tant sur
le plan national que sur le plan international (Chapuisat, 1983) du fait de
l'absorption de l'intérêt local par l'enjeu des relations
interétatiques. D'ailleurs, Woerlin (1977) prend l'exemple de la
construction d'une station d'épuration d'eau réalisée
conjointement par une commune française et une commune italienne. Une
telle coopération internationale est basée sur des
compétences reconnues localement à chacun des partenaires. Mais,
si par hypothèse, l'exécution de la convention entre les deux
communes se poursuit au moment où leurs Etats respectifs rompent leurs
relations diplomatiques, la coopération décentralisée
sera-t-elle sauve ? On ne voit pas comment (Nach Mback, 1994 :73).
Quoi qu'il en soit, il ne s'agit pas ici de reprendre
l'abondante littérature sur le contenu juridique de la notion d'affaires
locales. Bien plus, il s'agit non seulement de montrer dans le cadre des
mutations qu'infère la science des relations internationales l'enjeu de
la "glocalisation" - c'est-à-dire, pour emprunter le vocabulaire de
Roberston l'inextricable liaison entre le local et le global - mais aussi la
transformation et/ou la substitution du local à l'international, mutatis
mutandis.
C'est l'ensemble des compétences reconnues aux
collectivités locales sur le plan interne qui feront à priori
l'objet des relations de coopération entre les collectivités
locales françaises et leurs homologues Camerounais dans un contexte
sociopolitique marqué par la décentralisation.
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