PARAGRAPHE 2 :
PROFESSIONNALISATION DES INTERVENTIONS ET VALORISATION DES COMPETENCES LOCALES
A L'ECHELLE NATIONALE ET INTERNATIONALE
A- LA PROFESSIONNALISATION
DES INTERVENTIONS
La professionnalisation des acteurs ou plus largement le fait
de pouvoir s'appuyer sur des acteurs disposant d'une compétence forte et
spécifique d'organisation en amont et d'animation de la
coopération est l'un des principaux défis pour la
coopération décentralisée au développement. Le
rôle de la coopération technique a longtemps fait oublier qu'une
compétence technique ne constitue pas nécessairement une
compétence de coopération. La coopération de territoire
à territoire, politisée et appuyée sur la mobilisation
d'acteurs divers, ainsi que sa confrontation de fait à la
professionnalisation des ONG pose d'une manière nouvelle la question des
compétences humaines (ACTconsultants-GRET, 2006 :40). Le
partenariat fait le choix légitime de l'éducation et de la
formation plutôt que du pur assistanat. Il décide d'agir en amont,
sur la formation et l'information des acteurs en France, plutôt qu'en
aval en accordant des subventions dont on ne sait l'usage qu'il en sera fait
(Krykwinski, 2002 : 34). Bien des Maires africains se plaignent qu'on leur
envoie des jeunes coopérants, à la bonne volonté
indiscutable mais qu'ils doivent eux-mêmes former.
Le problème majeur auquel on est confronté ici
est celui de la difficulté d'opérationnaliser le passage d'une
coopération « d'assistance » à un partenariat
stratégique et d'appui institutionnel dû à l'insuffisance
des compétences requises de part et d'autre. La construction d'un
partenariat stratégique et l'animation de ce partenariat doivent
être le premier objectif d'une coopération
décentralisée. Dans ces domaines, l'enjeu de compétence
est très largement partageable entre les partenaires ;
généralement aucun des deux n'est au départ très
affûté : c'est donc un champ important de coopération
réciproque (ACTconsultants-GRET, 2006). Il ne s'agit plus seulement des
compétences techniques ni même de la catégorisation
technique des pans de travail mais d'une formalisation de nouveaux savoirs, de
nouvelles stratégies, de nouveaux domaines d'expertise.
Finalement, comment reconnaître les innovations, les
capitaliser et les diffuser en terme de compétences, de
savoir-faire ? Comment éviter en même temps le risque d'une
technocratisation des acteurs et des animateurs de la coopération
décentralisée ? Qu'est-ce qui relève
véritablement d'un besoin de professionnalisation des élus
locaux ?
L'enjeu prioritaire doit être ici de
répondre à la nécessité d'une approche politique et
stratégique de la coopération décentralisée et
à la recherche d'une dynamique réciproque « de
territoire à territoire ». De ce point de vue, la
professionnalisation des interventions des collectivités locales
Camerounaises serait un moyen pour leurs homologues de France à les
préparer à un éventuel partenariat stratégique de
moins en moins destructuré. Ce désir de professionnaliser les
interventions dans les "Suds" participe aussi de la politique de valorisation
des compétences locales à l'échelle nationale et
internationale.
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