2) Le contournement des
arcanes bureaucratiques centrales : la tendance à la subversion
sociale par le bas
Les assises de la coopération Franco-Camerounaise qui
se sont tenues les 30 Novembre et 1er Décembre 2004 à
Yaoundé (capitale politique du Cameroun) sur le thème
« faire des relations entre collectivités locales un axe
majeur de la coopération France / Cameroun » ont
été l'occasion pour les internationalistes de cerner l'un des
enjeux majeurs de la coopération décentralisée.
On peut à priori mettre à l'actif de la
coopération décentralisée une capacité
évidente à contourner les arcanes bureaucratiques traditionnelles
de la coopération administrative d'Etat à Etat. Comme le remarque
Zaki Laïdi dans le cadre de la coopération urbaine entre la banque
mondiale et l'Afrique, ayant eu des difficultés à conserver la
maîtrise de ses projets urbains en négociant avec les Etats
centraux, la banque mondiale cherche aujourd'hui à négocier sa
coopération urbaine directement avec les municipalités
(Laïdi, 1989). Il en est de même pour la Coopération
Française qui proclame que seule une nouvelle approche des
problèmes urbains par les pays intéressés et par la
communauté internationale permettra de prendre en main ces
transformations. Ce n'est pas tant au niveau central que ce sera possible, mais
en favorisant plutôt les initiatives et les contributions des habitants
et des communautés de base et en s'appuyant sur des collectivités
locales aux pouvoirs et aux moyens renforcés (Petiteville,
1995 :115). A y voir de près, les
« périphéries » deviennent un
réservoir de ressources et de matières premières où
il faut puiser avec le maximum de risque, avec ou sans l'aval de
l'autorité centrale : Il s'agit ici d'une stratégie de
pénétration "abdominale" du système, c'est-à-dire
une tendance affichée à traiter directement avec les cadets et/ou
partenaires sociaux, parfois non officiels, organisant pour ainsi dire la
"subversion sociale par le bas" (Njoya, 2006 : 322). La
professionnalisation des interventions et la valorisation des
compétences locales à l'échelle nationale et
internationale ne sont pas en reste dans cette stratégie
d'instrumentalisation de la coopération décentralisée.
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