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La coopération décentralisée entre la France et le Cameroun : un véritable partenariat ?

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par Cyprien BASSAMAGNE MOUGNOK
Université de Yaounde II - Soa - Master II 2007
  

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CHAPITRE 3 :

LA COOPERATION DECENTRALISEE FRANCE-CAMEROUN : UN PARTENARIAT A PART ENTIERE ET ENTIEREMENT A PART

Après avoir essayé de retracer la sociogenèse et la configuration de la coopération décentralisée France-Cameroun, après avoir présenté ses principaux enjeux et défis, il va s'agir dans la présente articulation de voir en quoi cette nouvelle forme de coopération internationale entre la France et le Cameroun peut aujourd'hui prétendre au titre de partenariat au sens strict du terme.

La coopération décentralisée a, nous l'avons vu, dépassé le stade du simple jumelage folklorique et/ou protocolaire, est passée de façon saisissante à la promotion de l'intérêt réciproque des acteurs pour un développement durable de leur territoire dans un contexte de mondialisation et de décentralisation (Santus, 2003 : 14). A partir de cette étude, nous voulons vérifier si les flux inhérents aux relations transterritoriales des collectivités françaises et camerounaises pourraient expliquer et surtout justifier la coopération décentralisée France-Cameroun en tant que partenariat à part entière (section1) et même, entièrement à part (section 2).

SECTION 1 : UN PARTENARIAT A PART ENTIERE

Les actions de coopération décentralisée continuent trop souvent à être conçues comme une aide d'un territoire nanti à un territoire démuni. C'est d'ailleurs la posture épistémologique de Charles Nach Mback pour qui la coopération décentralisée est essentiellement un apport des collectivités du Nord à leurs homologues du Sud (Nach Mback, 1994 :117). Pourtant, aussi paradoxale que cela puisse paraître, la notion de partenariat insiste sur la « nécessaire réciprocité » (Santus, 2003). Il s'agit d'une coopération qui, bien que partie sur des bases protocolaires, s'est étoffée tant au niveau de la technicité des actions, que de la diversité d'acteurs, affichant à long terme l'objectif de réciprocité et, cherchant à changer ou à corriger le système mondial actuel (Albine, 1999 : 13). Dans cette perspective, rendre compte de la coopération décentralisée France-Cameroun en tant que partenariat à part entière consisterait non seulement à l'identifier aux principales théories de l'échange social (paragraphe 1), mais également à la mettre à l'épreuve de la robustesse de la réciprocité (paragraphe 2).

PARAGRAPHE 1 : THEORIES ET CONCEPTS DE L'ECHANGE SOCIAL

Alors qu'il constitue une des dimensions essentielles de l'anthropologie, un chapitre important de la sociologie voire de l'économie, l'échange ne constitue pas en tant que tel un objet ni une préoccupation reconnue de la science politique (Médard, 1995 :15). Néanmoins, l'échange politique n'est pas absente de la littérature ; tout le courant gravitant autour de la "political economy", du « public » ou « collective choice » et du choix rationnel se rattache plus ou moins directement à la notion de marché ou d'échange politique (Claeys et Frognier, 1995). Pourtant, il suffit de se munir des lunettes de sociologues pour décrypter la consubstantialité de l'échange aussi bien à la vie politique qu'à la vie sociale. Aussi nous semble-t-il que, par rapport à l'intérêt qu'il revêt dans la coopération décentralisée - univers relationnel essentiellement interdépendant - ce phénomène de l'échange est étudié à partir de certaines perspectives qui gagneraient à être conceptualisées : il s'agit principalement des conceptions anthropologique (A) et sociologique (B) de l'échange social. Cependant, s'il est utile de choisir une théorie plutôt qu'une autre et même de la pousser jusqu'à l'absurde afin de la tester et de la soumettre aux feux de la critique, invariablement, la critique démontre que la prétention d'une théorie à tout expliquer aboutit à un échec. Ce n'est pas tant parce qu'une théorie n'explique pas tout qu'elle n'explique rien. Dans le cadre de ce travail, nous ne consacrerons pas un développement particulier à l'économie néo-classique qui, rappelons le, repose sur le postulat de l'« homo oeconomicus » ; celle-ci se trouvera constamment à l'arrière-plan à la fois au titre de modèle et d'anti-modèle.

A- LA TRADITION ANTHROPOLOGIQUE DE L'ECHANGE SOCIAL

Les théories de l'échange social ont pendant longtemps été influencées par l'anthropologie, notamment à partir du traitement qu'elle réserve à l'échange - don (2) dans les sociétés primitives. Sans doute, en raison de l'approche holistique (1) de l'échange - don, l'anthropologie a contribué à établir les lettres de noblesse de l'échange social en tant que « fait social total », entretenant pour ainsi dire le structuralisme.

1) Le primat de l'analyse structurelle : le « système des prestations totales »

Pour l'analyse structurelle (holisme méthodologique), la société (ou l'économie) ne sont pas réductibles à la somme des individus qui la compose (Beitone ; al, 2002 :13-14). Dire d'une société qu'elle a une structure, c'est se la représenter comme un ensemble de positions, de rôles des groupes stratifiés liés les uns aux autres suivant un schéma de rapports fonctionnels dans un équilibre constamment refait. Dans le cas d'espèce, rendre compte d'un phénomène social c'est s'interroger sur les déterminismes sociaux qui expliquent les comportements individuels (Beitone ; al, 2002) et qui affirment le primat des structures sur les individus : c'est la posture épistémologique des anthropologues classiques qui ont longtemps défendu le structuralisme tels Malinowski, Lévi-Strauss... auxquels il convient d'ajouter Mauss avec sa notion de « fait social total » (Mauss, [1923] 1960).

Dans les sociétés primitives, ce ne sont pas les individus, mais ce sont les collectivités qui s'obligent mutuellement, échangent et contractent ; les personnes présentes au contrat sont des personnes morales, clans, tribus, familles, qui s'affrontent et s'opposent soit en groupes, soit par l'intermédiaire de leurs chefs (Mauss, [1923] 1960). La notion de « fait social total » doit être entendue ici de manière synonymique avec celle de "prestations totales" (Etienne ; Mendras, 1999). Dans le cas sus indiqué, il y a prestation totale en ce sens que c'est bien tout le clan, toute la tribu qui contracte pour tous, pour tout ce qu'il possède et pour tout ce qu'il fait, par l`intermédiaire de son chef (Etienne ; Mendras, 1999). La théorie anthropologique de l'échange social propose vigoureusement une conception holistique de celui-ci. Ceci est d'ailleurs plus saisissant dans le traitement qu'elle réserve à l'échange - don.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius