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La coopération décentralisée entre la France et le Cameroun : un véritable partenariat ?

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par Cyprien BASSAMAGNE MOUGNOK
Université de Yaounde II - Soa - Master II 2007
  

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B- SOCIOLOGIE DES TRANSACTIONS COLLUSIVES INHERENTES A LA COOPERATION DECENTRALISEE

Le concept de « transactions collusives » est utilisé par Michel Dobry pour traduire des systèmes sociaux « complexes » qui se caractérisent par la multiplicité et l'enchevêtrement en leur sein, de sphères sociales, secteurs ou « champs » différenciés les uns des autres, plus ou moins autonomes, fortement institutionnalisés et dotés de logiques sociales spécifiques à chacun d'entre eux (Dobry, 2002 : 103-120).

Dans la présente articulation, nous proposons de faire une sociologie fine et détaillée des transactions collusives inhérentes aux relations transnationales des collectivités locales c'est-à-dire, dans le cadre de la présente étude, d'identifier l'apport concret des collectivités locales camerounaises (1) à leurs homologues français, mutatis mutandis (2).

1) L'apport des collectivités locales camerounaises

Marcel Rudloff, alors président du conseil régional d'Alsace affirmait péremptoirement que la région d'Alsace n'a pas vocation à devenir un organisme charitable d'aide au tiers-monde. Elle s'ouvre aux pays en développement pour des raisons sociales et économiques (Nach Mback, 1994 : 180-185). Sans aucun doute, en raison de la difficulté à identifier ces intérêts sociaux et économiques des collectivités françaises à partir des accords et conventions, certains africains (populations, associations, employés et élus municipaux) sont enthousiasmés par l'intérêt que leur portent leurs homologues Français. Ils y voient des marques de confiance, d'amitié, d'engagement humain et moral ; une démarche généreuse d'ouverture à leur mode de vie et à leur culture ; des préoccupations réconfortantes quant à leurs perspectives de développement, une volonté qu'ils jugent rare, de prise en compte de leurs besoins à la base (Petiteville, 1995 : 261).

Pourtant, suivant le conseil de Georges Washington (1732 - 1799) selon lequel « aucune nation ne doit être crue au delà de ses intérêts », on remarquera que les flux de la coopération décentralisée que reçoivent les collectivités locales camerounaises de la part de leurs homologues de l'hexagone seraient empreints d'une logique de rentabilité que nous nommerons volontiers ici « contrepartie ». Cette contrepartie peut être appréhendée en terme d'ouverture d'espaces de commerce pour les entreprises locales en France, de lutte contre le chômage en France, d'organisation d'un cadre d'exploitation des essences des forêts Camerounaises dont la démarche pourrait être initiée par la collectivité locale camerounaise en vue de constituer un appât à la formalisation des liens de coopération décentralisée (Mvondo, 2006).

- La coopération décentralisée comme nouvelle technologie de conquête des débouchés au Cameroun est d'une importance significative pour les collectivités françaises. A en croire Charles Nach Mback, les missions alsaciennes de prospection et d'évaluation de Juin et Septembre 1986 à Douala et à Nyée ont permis de mettre en évidence des opportunités commerciales dans des secteurs tels que l'électricité, l'électronique, le téléphone, la mécanique et l'agro-alimentaire. Le projet d'électrification de Nyée a ainsi été réalisé par un organisme alsacien, l'association L. Baldner. D'autres entreprises ont déjà étudié leur implantation compte tenu des « marchés ciblés » selon l'expression de Marcel Rudloff (Nach Mback, 1994 : 183 - 184). On se souvient également à juste titre que le président Rudloff demandait un crédit de 75.000 FF pour favoriser une meilleure pénétration dans les marchés locaux des produits alsaciens présents au Cameroun. Partant de l'hypothèse selon laquelle « la ville de Douala avait bénéficié d'un financement de près d'un million de francs pour réaliser des infrastructures et souhaitait bénéficier d'une assistance technique, Marcel Rudloff suggérait qu'une mission soit menée pour estimer les besoins et voir de quelle manière une telle assistance qui ne peut qu'avoir des retombées favorables à l'économie régionale, serait réalisable » (Nach Mback, 1994 : 184). Sous cet angle, les collectivités locales camerounaises offrent à leurs partenaires de l'hexagone des possibilités de trouver de nouveaux marchés ou débouchés sur le plan international : la coopération décentralisée peut être un puissant levier à terme pour développer le commerce extérieur.

- De même, la tendance croissante de certaines municipalités françaises à affecter aux chantiers des populations des jeunes français en difficulté d'insertion sociale peut donner l'image d'une coopération utilisant l'Afrique en général et le Cameroun en particulier comme banc d'essai, palliatif ou exutoire aux problèmes d'intégration sociale en France (Petiteville, 1995 : 265). C'est le cas de la coopération décentralisée entre la région d'Alsace et la communauté urbaine de Douala (C.U.D) où certains responsables locaux se plaignent de ce que leurs homologues français leur font parvenir des jeunes coopérants à la bonne volonté indiscutable mais qu'ils doivent eux-mêmes former.

- Dans le même ordre d'idées, ce n'est un secret pour personne, les forêts camerounaises présentent un intérêt particulièrement saisissant aux yeux des collectivités françaises. Dans le cadre de la coopération rurale, ces forêts sont généralement mises en valeur par l'élu local et sa collectivité pour s'assurer de l'établissement des liens de coopération avec son homologue de l'hexagone.

Au regard de ce qui précède, l'on est tenté de conclure que la collectivité locale camerounaise apporte bel et bien quelque chose de concret à la collectivité locale française même si cet apport peut être considéré comme "relatif"si l'on se situait dans une perspective essentiellement économiciste. On ne peut donc conclure de façon péremptoire à la « misère du partenariat » (Nach Mback, 1995 : 177) car l'engagement des différentes collectivités locales serait empreint de logiques de rentabilité fussent-elles économique ou sociologique. D'ailleurs, ne dit-on pas souvent que le Maire de la commune urbaine de Tigeaux (France), reçu deux fois entre 2001 et 2004 à Akoeman dans le cadre du partenariat qui lie sa collectivité à celle d'Akoeman (Cameroun), aurait laissé découvrir son entreprise proxénitiste à travers le prétexte d'un projet de réinsertion scolaire et professionnelle des jeunes filles issues de la localité d'Akoeman qu'il faisait recruter lors de ses différents voyages (Mvondo, 2006 : 111) ?

L'essentiel pour le politiste ici c'est de reconnaître la valeur, le poids de la contrepartie fut-elle imparfaite. Curieusement, les intérêts des collectivités locales françaises en relation de partenariat au Cameroun à partir des différents accords de coopération décentralisée sont moins évidents sans être moins importants. Qu'en est-il des collectivités locales camerounaises ?

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway