SECTION II : UN
PARTENARIAT ENTIEREMENT A PART
L'hypothèse que nous avançons dans cette
articulation est celle de la spécificité de la coopération
décentralisée par rapport à la coopération
interétatique dans un cadre général (paragraphe 1) et,
surtout, l'originalité du partenariat France - Cameroun qui laisse
entrevoir des logiques de subordination de cette nouvelle forme de
coopération internationale à la coopération
interétatique (paragraphe 2).
PARAGRAPHE 1 : DU RAPPORT
ENTRE COOPERATION DECENTRALISEE ET COOPERATION BILATERALE
En comparaison à la coopération
interétatique qui est d'abord et surtout une coopération d'Etat
à Etat, mobilise les assistants techniques permanents, engage des
financements lourds ou de grands projets à long terme, la
coopération décentralisée n'est ni un instrument nouveau
de la coopération, ni un secteur nouveau de la coopération, mais
une approche nouvelle de la coopération avec ses méthodes et ses
moyens spécifiques (Nach Mback, 1994).
En effet la principale vertu de la coopération
décentralisée est l'esprit de partenariat qui l'anime. Les
collectivités du Nord et les organismes qu'elles mobilisent apportent
à leurs partenaires du Sud leurs compétences professionnelles
dans une relation de face à face, de coopération (Nach Mback,
1994 :9). Les principales caractéristiques de la coopération
décentralisée (A) montrent une évolution du système
d'acteurs et des modalités d'action (B).
A- LES PRINCIPALES
CARACTERISTIQUES DE LA COOPERATION DECENTRALISEE
D'après le rapport sur la
« coopération décentralisée pour le
développement urbain » proposé par ACT Consultants -
GRET (2006), la coopération décentralisée présente
quatre caractéristiques majeures : c'est une coopération de
territoire à territoire, une coopération politique de maire
à maire, une coopération transversale qui repose sur la
réciprocité. Mais, la coopération
décentralisée est avant tout une coopération de territoire
à territoire.
- La notion de territoire est entendue ici au sens du
périmètre approprié par un système d'acteurs et
d'actions et identifié par un pouvoir institutionnel. Elle recouvre
à la fois une géographie - en premier lieu administrative au sens
de la collectivité territoriale - et une prise en compte de l'ensemble
des acteurs locaux. La coopération décentralisée s'inscrit
dans une « dynamique de développement local »,
dynamique de plus en plus reconnue aujourd'hui comme composante du
développement (ACTconsultants-GRET, 2006 :45). Cette
coopération renvoie inévitablement à la prise en compte et
à l'articulation de différentes échelles sociales et
spatiales.
- La coopération politique de Maire à Maire
place de fait la question du pouvoir local au coeur de la coopération
décentralisée et de ses objets. Nous avons vu que le
critère d'existence de la coopération décentralisée
demeure l'intervention d'un élu local ou d'une collectivité
locale fut-elle indirecte car, dans le cas contraire, le concept de
coopération décentralisée deviendrait une expression
galvaudée, ouverte à toutes formes de coopération
associatives, commerciales, techniques (Petiteville, 1995). La question du
pouvoir local qui est au coeur de la coopération
décentralisée est déclinée par les
collectivités locales selon deux axes étroitement liés
à savoir le renforcement du pouvoir local et de ses moyens
d'action : c'est la problématique de l'appui institutionnel, le
développement de la citoyenneté et de la participation :
c'est la problématique de la démocratie locale et du
développement partagé (ACTconsultants-GRET, 2006 : 45).
- La coopération décentralisée est aussi
une coopération « transversale » du moins en
principe et en tendance si ce n'est pas toujours le cas en
réalité. C'est une coopération orientée par la
demande plus que par l'offre, elle procède d'une identification
attentive des besoins de développement de la collectivité tierce
et de la mise en oeuvre d'un réel partenariat. Cette démarche
permet la mise en oeuvre d'une approche transversale du développement
local à partir de laquelle les objets précis de
coopération sont définis au fur et à mesure de la mise en
oeuvre du partenariat (ACTconsultants-GRET, 2006 : 46).
- Enfin, c'est une coopération de
réciprocité parce qu'elle doit être justifiée aux
yeux des citoyens par les avantages qu'ils en retirent des deux
côtés et, parce qu'elle met en jeu des dynamiques de
développement local, qui ne peuvent être construites qu'au regard
des spécificités de chaque territoire. Au regard des
caractéristiques de cette nouvelle forme de coopération
internationale, l'on peut noter une évolution du système
d'acteurs et des modalités d'action.
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