2) Le processus de
démocratisation de l'Etat
Lors d'un conseil des ministres, Monsieur François
Mitterand (1981) alors Président de la République
Française affirmait que la France a eu besoin d'un pouvoir fort et
centralisé pour se faire. Elle a aujourd'hui besoin d'un pouvoir
décentralisé pour ne pas se défaire (Mitterand, 1981).En
contribuant à définir un style particulier de relations entre le
pouvoir central et les autorités locales, la décentralisation
engendre des effets induits sur la contexture et le fonctionnement du
système politico-administratif (Baguenard, 1980 :73). S'il convient
de souligner avec force que l' « on ne change pas la
société par décret », on s'attend
néanmoins à ce que la décentralisation structurelle agisse
sur les pratiques administratives.
Les motivations relatives à la "reconstruction de
l'Etat" sont liées dans une certaine mesure à son processus de
démocratisation. Il ne s'agit pas en tant que tel de remettre en cause
la forme de l'Etat, mais le mode d'exercice du pouvoir. La
démocratisation de l'Etat a pour objectifs avoués
l'approfondissement et l'enracinement de la démocratie. De même,
la coopération décentralisée recherche une implication
directe des populations dans les processus des relations internationales de
leurs pays respectifs. C'est une coopération à l'échelle
humaine qui veut promouvoir une administration du bas vers le haut (Ingwat II,
1992) et vice versa. Dès lors, loin d'établir qu'à une
« démocratisation par le haut » s'est
littéralement substituée « une démocratisation
par le bas », nous voulons montrer dans une perspective
interdépendantiste, l'interaction stratégique entre les deux
niveaux d'interprétation de la réalité sociale que sont le
« haut » et le « bas ». Cependant, le
terme "démocratisation de l'Etat par le haut » nous semble
plus opératoire car, elle n'implique pas l'exclusion des autres forces
sociales. Simplement, la pression de celles-ci est contrôlée et
canalisée par les élites dirigeantes.
La coopération décentralisée, au regard
des précisions apportées ci-dessus émerge dans un climat
politique marqué par les phénomènes de mondialisation et
de décentralisation. Ce qu'il importe de souligner ici avec force c'est
la transnationalité à travers les "solidarités
translocales", les "solidarités en réseau" (Sindjoun,
2002b :17) ; la décentralisation ne vient que renforcer et/ou
consolider cette approche nouvelle de la coopération internationale.
Toutefois, ces relations transnationales des collectivités locales ne
sont pas le fruit d'une génération spontanée : elles
ont une histoire assez complexe qui remonte en premier lieu aux jumelages.
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