B. Apport des dérivés de crédit
Avant de présenter les apports des
dérivés de crédit, il serait utile d'avoir un
aperçu de l'assurance crédit. Il a pu être défini
comme « un système d'assurance qui permet à des
créanciers moyennant le paiement d'une prime, de se couvrir sur le non
paiement des créances dues par des personnes préalablement
identifiées et en état de défaillance de paiement
»13
Cette technique (l'assurance) ne permettait que
d'évaluer ou gérer le risque sans l'évacuer. Le principal
apport des dérivés de crédit est de pouvoir identifier le
risque, de le négocier et de le couvrir.
Nous nous intéresserons aux apports des
dérivés de crédit pour les principaux intervenants
à savoir les établissements de crédit et les investisseurs
institutionnels.
1. Pour les établissements de crédit
Au niveau global, le montant notionnel des encours de
dérivés de crédit ont représenté 33,1
Trillions de dollars14. On affecte environ 60% de ce montant au
secteur bancaire. Les principaux apports pour les établissements de
crédit sont au nombre de quatre.
a) Partage du risque
Au niveau de l'exigence réglementaire en matière
de fonds propres, les dérivés de crédit permettent de
réaliser des arbitrages.
Soit l'exemple de deux banques qui ont acquis leurs
expertises dans des segments de clientèle différentes. L'une
spécialisée dans l'industrie pétrolière et l'autre
dans l'immobilier. Pour réduire leur risque global dût à
une concentration de portefeuille, la solution évidente serait de se
diversifier. Mais la réalité est qu'aucun des deux
établissements n'a à priori de connaissance sur un autre segment
et donc une mauvaise maitrise des risques liés. De plus, l'acquisition
de connaissance sur de nouveaux secteurs ne pourrait se faire sans
coût.
Les dérivés de crédit apportent la solution
à notre exemple, ici il s'agira d'une transaction bilatérale. La
transaction permettra aux deux banques de diversifier leurs profils de
rendement.
b) Transfert du risque
Les dérivés de crédit représentent
pour les banques un outil de transfert du risque lié à l'actif
sousjacent. Ils devraient être des instruments de soutien à la
stabilité financière.
L'illustration connue de tous est le cas des emprunts
immobiliers à risque américain (subprime) qui ont
été une première fois titrisés afin de permettre
aux originateurs d'emprunt un allégement du capital réglementaire
à immobiliser mais surtout une optimisation de leur rendement et un
transfert de risque.
13 Bastin, L'assurance-crédit dans le monde
contemporain, éd. Jupiter, 1978, p. 68
14 Source: Moody's global credit derivatives
c) Faible coût de financement
Pour les établissements recherchant une maximisation
de leur ROE15, les dérivés de crédit permettent
de gérer un risque sans passer par le crédit qui nécessite
la mise en place de structures dédiées.
d) Alternative à la
titrisation
Nous y faisions allusion précédemment,
l'histoire des dérivés de crédit est étroitement
liée à celle de la titrisation ce qui en fait une alternative
dans le sens où elle permet de dynamiser la gestion du risque de
crédit.
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