2.1.3. Déterminants de la
mortalité des enfants
La littérature sur les déterminants de la
mortalité des enfants de moins de cinq ans est relativement abondante.
La Conclusion de celle-ci permet de mieux cerner l'étude, de guider la
définition des hypothèses et le choix des variables
(Rakotondrabe, 1996).
L'étude sociologique de différence de
mortalité de l'enfance a surtout porté sur le rôle
joué par les facteurs socio-économiques et culturels, à
savoir l'urbanisation, l'instruction, le revenu, le statut social ou les
pratiques alimentaires (Aaby, 1988). En effet, le même facteur social
(pauvreté par exemple) peut peser sur le risque de décès
à travers plusieurs variables intermédiaires, amplifiant ainsi
son action (Mosley, 1985).
Le phénomène de pauvreté se
présente comme l'élément déterminant dans
l'explication de la mortalité des enfants, mais il n'en reste pas moins
que d'autres facteurs intervient, dont les auteurs font mention. Il s'agit des
facteurs nutritionnels, socioculturels, socioéconomiques, et
comportementaux.
2.1.3.1. Facteurs
nutritionnels
Chaque année, dans les pays en développement,
près de 12 millions d'enfants de moins de cinq ans meurent
principalement de causes évitables (diarrhée, malnutrition, etc.)
et 55% de ces décès sont attribuables à la malnutrition
(OMS, d'après C.J.L Murray et al.). Il est donc nécessaire que
dans la recherche des facteurs rendant compte de la mortalité, l'on se
penche sur les pratiques nutritionnelles.
Dans la plupart des pays du tiers monde, la malnutrition est
considérée comme l'une des principales causes aussi bien de la
mortalité maternelle que celle des enfants de moins de cinq ans
(Harington 1971, Farah 1981 ; Chen, Huq, D'souza, 1981). Les comportements
nutritionnels englobent à la fois, les pratiques d'allaitement, le
sevrage, les comportements d'aliments nécessaires à l'enfant. Ces
pratiques varient selon le niveau d'instruction de la mère, le niveau de
vie du ménage. « C'est l'accroissement du niveau de vie qui,
en améliorant l'état nutritionnel des individus et donc leur
résistance aux infections, conduit au déclin de la
mortalité. La nutrition constitue le lien entre les facteurs
économiques et les facteurs biologiques » (Hubert
Gérard, 1995). L'alimentation est un facteur important, qui
développe l'organisme de l'enfant, en lui permettant de résister
contre les maladies.
En Afrique, de manière générale, les
enfants sont malnutris, et particulièrement en Mauritanie.
« L'enfant africain n'est sans doute guère vacciné,
mais il est aussi, et peut-être surtout mal nourri » (Akoto et
Allan, 1988). Cette malnutrition expose les enfants aux maladies infectieuses,
en les rendant beaucoup plus vulnérables. Les enfants mal nourris
constituent la population à risque élevé du fait de la
fragilité de leurs organismes. Bien des auteurs ont établi le
lien entre la nutrition et les infections.
Pour Bamikale (1987 cité par Pison et al, 1989) la
malnutrition affaiblit les mécanismes de défense de l'organisme.
Pour ces auteurs, un enfant malnutri devient plus réceptif aux agents
infectieux et moins apte à combattre efficacement l'infection ; A
cet effet, « la malnutrition entrave le processus immunitaire que
l'organisme développe en temps normal contre la plupart des
micro-organismes responsables de la diarrhée et réduit
par-là même la capacité de résistance à la
maladie » (Chen cité par. Pison et al, 1988). Bien plus, les
travaux de Dang Thu et co-auteurs (1996a et 1996b), cité par F.
Gendreau, 1998 font remarquer « qu'au Viet-Nam, on constate une
relation forte entre d'une part la pauvreté, d'autre part le faible
poids à la naissance des enfants de moins d'un an ou leur retard de
croissance ». Pour ces auteurs, la situation nutritionnelle est
étroitement liée à la situation économique des
familles. Ainsi, les pauvres souffrent plus de malnutrition que les non
pauvres.
Cependant, Bairagi (1985) a révélé selon
une étude faite au Bangladesh « qu'un revenu familial plus
élevé n'était associé à un meilleur
état nutritif que chez les mères instruites. Si la mère
était analphabète, l'élévation du revenu ne
provoquait pas d'amélioration sensible de l'état alimentaire de
ses enfants ». Contrairement à cet auteur, Reynault (1985)
pense que « d'un ménage aisé à une famille
pauvre, les habitudes alimentaires fondamentales ne varient guère, pas
plus que les comportements éducatifs ou les soins apportés au
jeune enfant (sevrage et maternage) ». L'attention que la mère
accorde à l'enfant, au bon traitement de la nourriture et à
l'hygiène peuvent réduire les risques de contamination des
aliments et de l'eau destinée à l'enfant.
Le manque d'aliments riches en protéine, en calories
et en micro nutriments telles que les vitamines exposent les enfants aux
maladies infectieuses. Les enfants des mères mal nourris sont davantage
plus fragiles et constituent la population à risque. Les chercheurs sont
unanimes sur le fait que « la santé de l'enfant est fonction
non seulement de sa propre alimentation mais également de celle de sa
mère » (Mosley 1984 ; Barbieri, 1991). Selon ces auteurs,
le régime maternel durant la grossesse a une influence majeure sur le
poids de l'enfant à la naissance et durant la période
d'allaitement, sur la qualité et la quantité du lait
absorbé par celui-ci. Il va sans dire que de nombreuses études
ont montré que les femmes enceintes et les mères allaitantes sont
très vulnérables parce qu'elles ont besoin davantage de calories
et d'éléments nutritifs.
L'OMS reconnaît dans les pays du tiers monde quatre
problèmes nutritionnels principaux : La malnutrition
protéine-calorique (appelée aussi malnutrition
protéino-énergique), les anémies nutritionnelles, le
goitre endémique et la xérophtalmie ou hypovitaminose A (Beghin
et al, citer par Vallin et Lopez, 1984). Selon ces chercheurs, les
anémies nutritionnelles graves sont associées à d'autres
maladies dont le parasitisme. Ils considèrent que le goitre n'est pas en
soi, mortel et, sa contribution à la mortalité globale n'a pas
été étudiée. Enfin, les formes graves de
xérophtalmie sont le plus souvent associées à la
malnutrition protéino-calorique, et elles ne sont jamais
fréquentes. La malnutrition protéino-calorique est
présente dans tous les pays en développement (Beghin et al,
cités par Vallin et Lopez, 1984). Chaque année, cent millions
d'enfants de moins de cinq ans en seraient atteints, dix millions souffraient
de la forme sévère et plus d'un million présenteraient
l'une des formes cliniques graves, le kwashiorkor ou le marasme (De Maeyer et
Habicht, 1982, cités par Vallin et Lopez, 1985).
La malnutrition protéino-calorique est un ensemble de
désordres atteignant les enfants de moins de cinq ans (plus rarement de
grands enfants et même des adultes) et dont les causes immédiates
sont un apport calorique et/ou protéique insuffisant combiné le
plus souvent à une carence en protéines ou au seul manque
d'aliments (De Maeyer (E) et Bengoa cité par Beghin et al, 1984).
En effet, Puffer et Gavin (1990) sont unanimes sur la
corrélation entre la malnutrition et la mortalité par certaines
causes. De nombreux auteurs sont d'accord sur le fait qu'une bonne nutrition
contribue à la croissance de l'enfant, à la lutte contre les
maladies infectieuses et réduit de ce fait la mortalité
infantile. Dans ce sens : « la qualité et la
variété des aliments au sein de la cellule familiale sont des
facteurs très importants du développement de l'enfant et de
l'équilibre physiologique de la mère, surtout lorsque celle-ci
est enceinte ou lorsqu'elle allaite » (Barbieri, 1991 ; Mosley,
1985).
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