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Pauvreté et mortalité des enfants de moins de cinq ans en Mauritanie

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par Samba Idrissa SOW
Université de Yaoundé II / Institut de Formation et de Recherche Démographiques (IFORD), Yaoundé (Cameroun)  - DESS en Démographie 2008
  

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2.1.3.2. Les facteurs socio-culturels

Les facteurs socioculturels désignent l'ensemble des normes, des valeurs traditionnelles et culturelles qui façonnent les attitudes et les comportements des individus face à leur survie. Ce concept renvoie à l'ethnie, à la religion, au milieu de socialisation pendant l'enfance et à l'instruction des parents. C'est ainsi que Cantrelle. P et Locoh. T (1990), soulignent que : « Chaque société possède un ou des systèmes nosologiques7(*) et étiologiques8(*) qui lui permettront de générer des stratégies thérapeutiques selon l'origine de la maladie et les acteurs mis en jeu. Partout en Afrique de l'Ouest on retrouve une dichotomie entre maladies naturelles et maladies provoquées par la sorcellerie, les génies, etc.... ».

a. L'ethnie

L'ethnie joue un rôle majeur dans les différences de comportements des individus. L'appartenance d'un individu à un groupe ethnique quelconque est susceptible d'influencer ses décisions en matière de santé. Ainsi, Mudubu (1996) affirme que la variable ethnie agit plus à travers les croyances, les perceptions, les attitudes, les valeurs relatives au modèle culturel de référence. Dans le même sens, Akoto (1993) fait aussi remarquer que l'ethnie est une variable opérationnelle de la culture. Elle influence la mortalité des enfants par les modèles culturels (organisation sociale, environnement, etc.), les normes, les idées, les croyances et attitudes qui sont véhiculés par les membres de la société. La culture influence la mortalité à travers la perception de la maladie. La définition des symptômes de la maladie des enfants que donnent les parents conditionne la rapidité du recours au système de soin et donc la survie de l'enfant. L'auteur a poursuivi en affirmant que l'action de la culture sur la mortalité des enfants de moins de cinq ans peut s'exercer par l'intermédiaire de concept d'étiologie qui influence le choix du système de soin ainsi que le type d'intervention sur la maladie de l'enfant. Cela a pour conséquence un comportement différentiel des individus en ce qui concerne les soins de leurs enfants. Dackam (1987), à partir des données de l'enquête sur la mortalité infantile et juvénile de Yaoundé, montre qu'il existe des différences de mortalité selon les ethnies en matière de mortalité des enfants.

Pour montrer l'importance des facteurs culturels au Mali, Hill et Randall (1984) dans leur conclusion ont pris comme exemple les nomades pasteurs Tamasheq et les anciens esclaves qui avaient un faible taux de mortalité que les autres (Akoto et Hill, 1988).

La disparité du niveau de la mortalité des enfants de moins de cinq ans en Mauritanie peut être expliquée par l'appartenance ethnique. En effet, dans chacune des 4 groupes ethniques de la Mauritanie, il existe des interdits alimentaires pour les femmes enceintes et pour les enfants de moins de cinq ans.

b. La religion

La religion est le canal par lequel véhiculent un certain nombre de valeurs et normes qui régissent la vie des fidèles sur le plan comportemental, physiologique et physique (Akoto 1985). L'influence de la religion est très forte sur le comportement des individus. La religion de la mère à travers les dogmes et les pratiques détermine en partie la nutrition et le type de soins à consacrer à l'enfant. Plusieurs études ont montré que la religion des mères est une variable de différentiation en matière de mortalité des enfants. Les études réalisées au Kenya par Akoto relèvent que les enfants de mère catholique ou protestante connaissent un risque de décès moins élevé que ceux dont les mères appartiennent aux autres groupes religieux (Akoto 1985). Par ailleurs, Mudubu (1996), souligne qu'en Afrique noire, de façon générale, la religion est une variable qui sert à approcher d'autres variables telles que l'instruction, la profession. Pour mettre en lumière cette thèse, Akoto (1991) a pris l'exemple des études menées au Cameroun et au Sénégal. Ces études ont montré que l'effet de la religion sur la mortalité a disparu complètement en introduisant les caractéristiques socio-économiques des mères. Il est confirmé que dans certaines confessions religieuses, tous les adeptes sont soumis à certaines pratiques véhiculées par leur idéologie ; C'est peut-être un tel constat qui fait dire à Tabutin (1995, P275) que contrairement à l'ethnie, la religion en Afrique n'apparaît pas encore comme une source importante de différentiation de la mortalité. La Mauritanie est un pays à 100% musulmans, dans un tel contexte la religion peut ne pas être une source de différentiation.

c. Milieu de socialisation de la mère

Le milieu de socialisation9(*) pendant l'enfance joue un rôle non négligeable en matière de choix thérapeutique. En psychologie sociale, la socialisation désigne le processus par lequel les individus apprennent les modes d'agir et de penser de leur environnement, les intériorisent en les intégrant à leur personnalité et deviennent membres de groupes où ils acquièrent un statut spécifique (Tollegbé 2004).

Comme l'ont si bien souligné Akoto et G. HILL Allan (1988), « la santé des enfants ne dépend pas seulement de la médecine (l'offre de soins), ni du niveau de vie économique (la richesse du groupe ou de la famille). On sait maintenant que les facteurs culturels (ethnie, religion, croyances) ont parfois leur importance sur le comportement des couples et notamment des mères vis-à-vis des enfants (...) ».

C'est pourquoi, l'introduction de la variable « milieu de socialisation » dans une étude peut contribuer à mieux cerner le problème.

d. Milieu de résidence

Evina Akam (1990) affirme que « dans la plupart des analyses univariées des phénomènes démographiques tels que la fécondité et la mortalité, on observe en général des niveaux plus faibles en milieu urbain qu'en milieu rural ». La surmortalité rurale par rapport au milieu urbain va de 20 à 92% pour la mortalité infantile et de 18 à 19% pour la mortalité juvénile (Akoto et Hill, 1988). Cette disparité de la mortalité s'expliquerait par une concentration des services socio-sanitaires en ville au détriment des campagnes. Et Albert Palloni d'ajouter : « ce progrès social, et notamment l'égalisation des chances d'accès aux ressources matérielles et aux services de santé, la participation active à la vie locale et nationale de toutes les couches sociales de la population [...] jouent un rôle déterminant ». L'effet de la variable milieu de résidence est en général amoindri lorsqu'on contrôle les caractéristiques socioéconomiques et culturelles du ménage. D'après l'enquête démographique et de santé réalisée en 2000/2001 en Mauritanie, la mortalité des enfants de moins de cinq ans en milieu urbain est de 112 %o contre 120 %o en milieu rural.

e. Niveau d'instruction des parents

Selon Caldwell (1979), l'éducation formelle des parents représente aussi un des facteurs déterminants de la survie des enfants. En effet, il a été démontré dans plusieurs études son influence négative sur la mortalité des enfants (Caldwell 1979, Akoto 1985). Il existe en général une relation négative entre cette variable et la survie infanto-juvénile. Akoto (1993) confirme : « a une augmentation du niveau d'étude correspond en général une baisse de la mortalité des enfants ». C'est à dire que si l'on élève le niveau d'instruction des parents, toutes choses étant égales par ailleurs, le niveau la de mortalité des enfants devrait baisser.

e-1. Niveau d'instruction de la femme

L'hypothèse selon laquelle le niveau d'instruction de la femme a un effet sur la mortalité des enfants a été émise par beaucoup d'auteurs. Behn (1980), dans ses études sur la mortalité des enfants, a suggéré que la mortalité des enfants dans les pays en développement était plus liée à l'éducation de la mère que les autres variables d'identification sociales. Les chercheurs, en général, lorsqu'ils parlent de l'éducation, se réfèrent implicitement à l'instruction. Akoto et Tabutin (1987) abordent dans le même sens et affirment: « Partout, la mortalité baisse classiquement avec l'augmentation de l'éducation de la mère, mais plus ou moins fortement et plus ou moins rapidement ».

Des études au Nigeria ont montré que les familles à faible revenu (moins de 70 dollars) ont une mortalité nettement plus basse que celles qui sont plus riches (300 dollars et plus) mais dont les mères sont illettrées ; Ce qui a fait dire « mieux vaut (au Nigeria et peut être ailleurs) être pauvre mais instruit, que plus riche mais illettré » (Pison, 1988).

Le niveau d'instruction peut également être un indicateur de la catégorie sociale de la femme : plus le niveau d'instruction de la femme est élevé, plus elle a la chance de disposer d'un revenu élevé ou d'avoir un mari aisé ou riche (Nations Unies, 1985). Une femme instruite a donc plus de chance de disposer de revenus suffisants lui permettant d'accéder librement au marché des biens médico-sanitaires et ce libre accès aura des répercussions sur la survie des enfants (Akoto, 1993). L'effet du niveau d'instruction du père, moins net, s'ajoute à celui de la mère. En Mauritanie, les enfants dont la mère a, au moins, un niveau d'instruction primaire courent des risques de mortalité nettement plus faibles que ceux dont la mère n'a jamais fréquenté l'école (96 0/00 contre 128 0/00 d'après EDSM 2000-01).

e-2. Niveau d'instruction du père

Par le même mécanisme que chez la mère, le niveau d'instruction du père peut également avoir un effet sur la mortalité des enfants. Dans une étude menée par Akoto et Tabutin (1987) dans six pays africains, il s'est avéré que dans l'ensemble, la mortalité baisse avec l'instruction du père. A Bobo Dioulasso (au Burkina Faso), le niveau d'instruction du père s'est révélé comme premier facteur déterminant de la survie des enfants (Banza B., 1993). Toutefois, de façon générale, le niveau d'instruction de la mère a plus d'influence sur la mortalité des enfants que celui du père.

* 7 Classification des maladies.

* 8 Partie de la médecine qui recherche les causes des maladies.

* 9 Milieu où l'on a vécu les 12 premières années de son existence conditionne le plus souvent le comportement des personnes dans la société. Ce milieu appréhendé d'une manière générale, de façon dichotomique (milieu rural et milieu urbain) permet de comprendre les différences d'attitudes et de pratiques entre les individus vivant dans le même milieu de résidence.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery