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Quel avenir pour l'art contemporain en Afrique après l'exposition Africa Remix?

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par Delphine CALMETTES
Université Rennes 2 Haute Bretagne - Master métiers et art de l'exposition 2008
  

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B. Description de l'exposition. Données physiques44

. Dimensions de l'espace d'exposition

L'exposition Africa Remix se déploie sur 2200 m245. La hauteur des plafonds de l'espace d'exposition est de 7 metres entre planchers (comme pour l'ensemble des étages). La longueur totale de la galerie est d'environ 55 metres pour 40 metres de largeur (22 mètres au niveau de la baie vitrée) soit 15 400 m3. L'espace se subdivise ensuite en un dédale de couloirs et d'espaces cloisonnés conçus par la scénographe Nathalie Crinières46. On peut dénombrer quatre couloirs principaux qui s'étendent longitudinalement jusqu'à la baie vitrée du fond de la galerie. On parcourt ces « esplanades » en serpentant au fil des U qu'elles constituent dans l'espace initialement rectangulaire de la galerie47.

. Cloisons / cimaises / chicanes / pièces de projection et dispositifs particuliers

Nathalie Crinières, en concertation avec les commissaires d'exposition et surtout avec Marie-Laure Bernadac a choisi de scinder l'espace de la galerie 1 à l'aide d'un nombre total de 70 cloisons de 340 ou 480 cm d'épaisseur. Ce sont des cloisons double face, double peau d'une épaisseur de 14 ou 60 cm (15 cimaises) avec pour certaines de la laine de verre à l'intérieur pour l'isolation phonique des salles de projection vidéo. Elles sont réalisées en Placoplatre et sont constituées d'une ossature métallique en acier galvanisé. Les salles de projection servent à la fois à isoler les vidéos mais leurs parois assurent aussi l'accrochage d'oeuvres à l'extérieur des salles. Si l'on prend pour exemple la salle de

44 Pour tous les artistes et les oeuvres citées dans cette partie, se référer au Volume iconographique, classement par ordre alphabétique des artistes.

45 Voir Volume annexes, annexe 5 Différentes vues de l'exposition, p.18.

46 Nathalie Crinière est diplômée de l'école Boulle en Architecture intérieure et de l'école Nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris en design industriel. Après avoir étudié à La Georgia Tech Institute of Technologie d'Atlanta en Géorgie, elle passe ensuite un an à Barcelone en Espagne dans l'agence de Pepe Cortes, architecte d'intérieur. De retour à Paris, après un passage dans différentes agences, elle exerce d'abord en indépendant avant de monter sa SARL : l'agence NC Nathalie CriniOre. Elle a scénographié plusieurs expositions pour le Centre Pompidou dont l'exposition Aurélie Nemours en 2004 et Rainer Werner Fassbinder en 2005. L'exposition Oum Kalsoum à l'Institut du monde arabe est la dernière exposition organisée par l'agence Nathalie Crinière en juin 2008.

Voir aussi Volume annexes, annexe 12 CV de l'agence NC, p.44.

47 Voir Volume annexes, annexe 6 Plans intermédiaires (n° 1 / 15), p.23, annexe 7 Plan final n° 25, p.26 et annexe 8 Maquette de l'exposition Africa Remix (photographie du plan à l'échelle 1/200e), p.28.

projection de Soly Cissé, on note qu'elle est attenante au mur ouest de la galerie 1 sur sa largeur, et que la cloison extérieure, côté travée, permet l'accrochage de l'oeuvre Swimmer de Berry Bickle. Ces 15 cloisons plus larges offrent aussi un rythme particulier à l'espace en donnant une présence plus importante à certaines séparations. Elles peuvent permettre aussi, suivant leur longueur, d'isoler certaines oeuvres des autres phoniquement ou visuellement. On peut ainsi supposer qu'il s'agit là d'un choix scénographique pour palier à la promiscuité des oeuvres.

L'ensemble de ces dispositifs scéniques constituent des dizaines de chicanes qui ralentissent le parcours des visiteurs ou au contraire de larges couloirs permettent de prendre un certain recul par rapport aux oeuvres (rarement plus de deux metres...) tout en offrant une perspective sur les baies vitrées au fond de la galerie et donc sur la ville.

Ces cloisons participent aussi à la constitution de 14 dispositifs de projection vidéo dont 9 cabines entièrement isolées et 5 cabines de projection à demi fermées. La taille de ces salles varie de 11 mètres par 5 pour les plus grandes (Moataz Nasr ou Ingrid Mwangi) à 5 mètres sur 4 pour les plus petites (Goddy Leye ou Michèle Magema). 2 cloisons pour les vidéos respectives de Zoulikha Bouabdellah et de Patrice Félix Tchicaya ont du être équipées de trappes et de supports écran pour encastrer les projections dans les « murs »48.

A noter également que l'installation de Mounir Fatmi, Obstacles49, a nécessité l'élaboration d'un plan particulier étant donné la complexité de sa structure ainsi que les installations d'Ito Barrada, Body Isek Kingelez et de Dilomprizuliké qui reposaient sur des socles (ronds pour les deux premiers et rectangulaire pour le dernier).

Enfin, certaines salles de projection sont équipées de vélums de type smoke-out (norme de sécurité) à une hauteur maximale de 330 centimètres (Salle de projection, salles d'Amal et Abdel El Ghany Kenawy ou de Zineb Sedira) ou de plafonds avec laine de verre pour obtenir une meilleure isolation (Ingrid Mwangi et Moataz Nasr). Les murs des salles de projection sont peints en noir ou blanc. En noir : Goddy Leye, William Kentridge, Joël Andrianomearisoa, Abdel Ghany et Amal Kenawy ; en blanc : Michèle Magema, Zineb Sedira, Ingrid Mwangi, et Yinka Shonibaré50.

. Plafond / sol / couleur des murs

48 Voir Volume annexes, annexe 11 Trappes Africa Remix, p.40.

49 Voir Volume annexes, annexe 12 Plan de l'installation de Mounir Fatmi, p.42.

50 Voir Volume annexes, annexe 10 Description des lots N° 1, 2 et 3, p.30.

Le plafond de la galerie 1 du niveau 6 est constitué d'un ensemble complexe d'ossatures métalliques. Conformément à la priorité qui a été donnée lors de la construction de libérer l'espace intérieur des gaines techniques et des organes de circulation en les rassemblant au niveau du plafond des salles, un ensemble de tubulures de différentes diamètres, couleur inox ou blanches, sont visibles au dessus des cimaises installées pour l'exposition. Au-delà de ces gaines, on discerne le plafond de l'étage à sept metres de hauteur. Le sol est recouvert de résine gris clair depuis la construction de l'édifice mais la salle de cinéma, la salle de musique et la cabine de Moatsz Nasr ont été recouvertes de moquette grise pour l'exposition. Celle de William Kentridge présente une épaisse moquette noire.

Certains murs sont peints dans « des couleurs ne rappelant pas spécialement l'Afrique»51 . Les peintures employées sont de phase aqueuse haut de gamme de type hydrotex et la gamme est assez soutenue : bleu, orange, rouge, vert... Les couleurs exactes sont : Bleu de Kossou, Rouge Paris, Orange coloquinte, Vert ciboulette, Bleu Luzien et Brun Lozère, ainsi que le Gris petit cheval (nuanciers La Seigneurie). L'ensemble des murs est gris petit cheval sauf quelques pans comme suit 52:

- Brun Lozère : Chéri Samba,

- Bleu Luzien : Abdoulaye Konaté, Paulo Capela, Berry Bickle, Cyprien Tokoudagba, Benyounès Sematati, Julie Mehretu,

- Rouge Paris : Franck K. Lundangui, Abu Bakarr Mansary,

- Orange coloquinte : Cheikh Diallo,

- Ocre : Yinka Shonibaré (couleur faisant partie intégrante de l'installation),

- Bleu, blanc, rouge : Zoulikha Bouabdellah (couleur faisant partie intégrante de l'installation). Au départ, ces trois couleurs devaient être pailletées mais l'idée a été abandonnée faute de budget.

Ici, les couleurs ne semblent correspondre à aucune logique particulière si ce n'est participer au rythme et à l'habillage de l'espace. Étant donné la thématique tripartite de l'exposition, on aurait été tentés de penser que les couleurs des cimaises auraient pu correspondre aux trois sections auxquelles les artistes appartenaient mais il n'en est rien.

La seule intention de la scénographe et des commissaires était d'utiliser des couleurs pour égayer l'espace (exposition africaine tout de même), sans pour autant tomber dans des lieux communs coloristes ou des indications trop lourdes sur les intentions des artistes. Notons également qu'à titre d'exemple, le mur sur lequel étaient exposées les oeuvres de Chéri Samba au Museum Kunst Palast de Düsseldorf était de couleur ocre, la salle Cheikh Diallo était approximativement de la même couleur orange, le mur autour de l'installation de Yinka Shonibaré était blanc et enfin, celui qui servait de support aux oeuvres de Julien Tokoudagba était noir. Bref, hormis l'installation de Cheick Diallo, il n'y a pas de correspondances à noter entre l'exposition de Paris et celle de Düsseldorf au niveau de la couleur des murs.

. Éclairage

L'ensemble de l'exposition est éclairée par un système de spots sur rails fixés longitudinalement tout le long des travées et des couloirs à environ 5 mètres du sol. Les éclairages sont la plupart du temps indirects, plutôt doux, et accrochés en ligne, à part pour quelques oeuvres qui jouissent d'un faisceau direct comme Sasa de El Anatsui (ce pan de tissu monumental rebrodé d'aluminium et de fils de cuivre justifie certainement cette éclairage brut qui en fait scintiller la surface) ou Waiting for Bus de Dilomprizuliké, installation fantomatique qui s'étale en biais sur plusieurs metres au milieu d'un large couloir. Pièce maîtresse de l'exposition, cette installation s'inscrit avec insistance dans l'espace grace à cette lumière vive. Pour confronter le visiteur à la rudesse de ses aquarelles, Barthélémy Toguo a choisi aussi un éclairage violent mais diffus qui sature l'espace et marque un temps fort dans l'exposition. Il en va de même pour Mounir Fatmi avec Obstacles, qui tout au début de l'exposition, nous aveugle de lumière et de messages initiatiques (pour pénétrer dans l'exposition).

Enfin, trois oeuvres requièrent un éclairage spécifique. Down by the River d'Ingrid Mwangi qui associe dans un même espace une vidéo et une installation (large bande de terre ocre rouge saupoudrée au sol où sont inscrits des mots). L'extrémité de la bande de terre est faiblement éclairée par une lampe suspendue au plafond qui affleure le sol terreux. La vidéo se joue à l'autre extrémité de la pièce, ce qui permet ainsi que les deux entités ne se parasitent pas l'une l'autre. African Adventure de Jane Alexander a la

particularité d'être entiérement éclairée sur tout son long par trois lustres pompeux en cristal sensés participer à l'évocation du riche passé colonial de l'Afrique du Sud. Enfin, l'installation History as an aspect of oversight in the process of progessive blindness d'Andries Botha comporte un temps fort lumineux en présentant un mur de béton trés fortement éclairé qui soutien une vitrine contenant des reproductions de têtes d'Africains.

Bref, l'éclairage peut-être considéré comme un des points forts de cette exposition. Il participe à désenclaver certaines oeuvres majeures de la promiscuité dans laquelle elles sont engoncées et sa structure linéaire accentue le parcours à suivre pour appréhender la plus grande partie des oeuvres. Il joue un rôle de stimuli visuel qui évite d'omettre certaines pieces et de relâcher trop tôt une attention déjà bien sollicitée. Moins qu'un succés, il s'agit peut-être là d'une tentative réussie d'aller à l'encontre de contraintes scénographiques trés pesantes.

. Environnement sonore / technique

Comme dit précédemment, la plupart des salles de projection sont construites avec des cloisons de 60 cm d'épaisseur et remplies de laine de verre. De plus, 11 d'entre elles sont chapeautées de plafonds qui protègent les autres installations du parasitage sonore ou lumineux. On peut voir encore ici des installations spécifiques dues à la promiscuité des oeuvres. En termes d'installations techniques, on peut noter la présence d'un important appareillage technique qui concerne 25 artistes soit un tiers des protagonistes. 43 lecteurs DVD, plus de 10 écrans plasmas, 15 projecteurs vidéo composent le parc technologique de l'exposition avec des installations plus ou moins complexes selon les artistes53.

. Signalétique / cartels / communication

La signalétique de l'exposition comprend :

- un texte générique introductif à l'extérieur de l'exposition en vinyle adhésif noir directement apposé sur le mur ainsi qu'un texte de titrage et un texte d'introduction des commissaires,

53 Voir Volume annexes, annexe 17 Liste des installations audiovisuelles, p.59.

- 3 textes dits « pédagogiques » introduisant chaque changement de section dans l'exposition,

- environ 200 cartels écriture jaune, rose, bleu et vert sur fond blanc (couleur en fonction de la section à laquelle appartiennent les oeuvres soit respectivement Identité et histoire ; Corps et esprit ; Ville et terre ; Mode, design et musique). Ces cartels indiquent le titre de l'oeuvre, le lieu, la date et la technique employée et se déclinent en trois langues. 50 cartels développés concernant les oeuvres clefs de l'exposition sont également dispatchés dans l'espace54. Nous pouvons également noter qu'au niveau du graphisme, la proposition retenue pour l'ensemble des visuels de l'exposition est celle du catalogue 60 pages, avec une composition plutôt géométrique et vivement colorée (couleurs très « technologiques » rose, jaune et bleu rappelant des faisceaux lumineux de type néons). Les couleurs choisies pour les trois sections de l`exposition correspondent à ces trois couleurs. Elles correspondent à des teintes classiques du nuancier Pantone (soit un bleu Pantone 192-3, un jaune Pantone 1-3 et un rose Pantone 128-1). Marie-Laure Bernadac était tout à fait opposée à cette charte graphique qu'elle jugeait « hideuse » : « J'étais totalement contre des le départ et je pense que c'est à cause de çà si nous avons eu aussi peu de monde. Le graphiste était soutenu par le président et nous n'avons pas pu intervenir. Très mauvaise affiche et trés mauvaise communication réalisée. La seule chose que j'ai pu obtenir est que le catalogue différe du reste de la communication...»55 . Il y a donc un graphisme différent pour le catalogue général qui n'a aucun point commun avec le reste des éléments de communication de l'exposition. Notons que les visuels des autres expositions à Düsseldorf, Londres et Tokyo étaient indépendants et différents de ceux de Paris : très sobres pour le Museum Kunst Palast et la Hayward Gallery et plus excentrique (peut-être conforme à une certaine interprétation graphique des oeuvres africaines par le graphiste japonais) pour le Mori Museum56.

Pour conclure sur la description physique de l'exposition, nous pouvons préciser que des films pour atténuer la lumière du jour ont été installés sur les baies vitrées du fond de la galerie soit 26 pièces de 141 par 380 cm en moyenne (Société Protec Solaire). Plus

54 Voir Volume annexes, annexe 14 Demande de devis, note d'intention et graphisme, p.54.

55 Voir entretien avec Marie-Laure Bernadac, Volume annexes, annexe 27, op.cit., p.9

56 Voir Volume annexes, annexe 15 Visuels, p.50.

généralement, le montage de l'exposition s'est déroulé du 4 avril au 23 mai 2005 57 et le montant total des travaux s'est élevé à 217 450 euros et 172 000 euros pour l'ensemble des publications58 . Le principal mécéne de l'exposition est la firme Total. Nous ne savons pas à quelle hauteur s'est engagé la firme dans le budget de l'exposition mais la premiere page du catalogue 340 pages est réservé au mot de son Président-Directeur Général Thierry Desmarest qui proclame : « A travers le soutien qu'il apporte à l'exposition Africa Remix au Centre Pompidou, Total souhaite témoigner de son attachement au continent africain, et permettre à tous d'en découvrir et d'en apprécier la créativité et le dynamisme artistique contemporain. » Attachement bien compréhensible quand on sait que Total a enregistré un bénéfice net de 12,585 milliards d'euros en 2006 (un chiffre en hausse de 5% par rapport à 2005). C'est le plus gros profit jamais déclaré par une entreprise en France et le pétrole de la zone Afrique représente près de 30 % du total des productions du groupe. D'ailleurs, à mon sens, un des coups d'éclat de l'exposition est le tour joué par Mohamed El Baz quelques jours avant l'ouverture de l'exposition (en toute conscience de Simon Njami) : Dans son installation Niquer la mort / Love supreme (2004), l'artiste a écrit sur les murs « TOTAL.EMENT AFRICAIN OUA.H OUA.H OUA.H ». L'OUA ou Organisation de l'Unité Africaine appelée aujourd'hui UA, Union Africaine, est présidé par l'ancien chef d'état nigérian Olusegun Obasanjo (remplacé par Umaru Yar'Adua en 2007). Au mois de juin 2005, le Nigéria signa un accord octroyant à Total 40% de participation dans l'exploitation d'une nouvelle base de prospection offshore. Olusegun Obasanjo fut invité en tant que président de l'UA au vernissage de l'exposition Africa Remix.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo