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Stratégies de communication des concessionnaires automobiles dans l'environnement concurrentiel camerounais depuis 2000

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par Timothée Ndongue Epangue
Université de Douala - Master 2 2009
  

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SECTION II. NAISSANCE DU SECTEUR INFORMEL ET ACCENTUATION DES PROBLEMES DES CONCESSIONNAIRES AUTOMOBILES.

2.1. L'informel : la bouée de sauvetage du citoyen camerounais.

L'économie camerounaise est très mal en point. D'ailleurs, le pays se voit maintenant dirigé par le secteur informel qui ne garantit même pas une autosuffisance alimentaire aux populations. Parce que, par manque de moyens financiers, la majeure partie de la population ne peut aller au-delà d'un certain niveau d'études et c'est seulement le secteur informel, qui n'exige pas une grande qualification, qui peut les employer. Pour quel salaire ? Peuvent-ils être clients des concessionnaires automobiles même s'ils le veulent ? Assurément non. Louis Roger Kemayou72(*) a mené une enquête sur les populations exerçant dans l'informel 73(*) à Douala en 2005. Les résultats de sa recherche nous montrent que ces individus vivent dans des conditions qui frôlent la misère et ne pourraient en aucun cas être des clients des concessionnaires automobiles. Ce qui, réduit le nombre de clients de ces derniers parce que, d'après Camille Mindjouli74(*), reprenant les chiffres de l'institut national de la statistique lors d'une conférence sur les stratégies de survie des populations pauvres, 90% des travailleurs au Cameroun exercent dans le secteur informel et sont par ricochet dans l'incapacité réelle d'acheter un véhicule chez un concessionnaire automobile.

Aussi, au Cameroun, le secteur informel fournit aujourd'hui du travail à de milliers d'individus par intégration pure et simple de main d'oeuvre sans qualification dans les activités subordonnées ( colportage, cirage de chaussure, pesage de personnes, gardiennage des maisons, lavage des voitures, vente d'eau glacée, écrasage des condiments, écumeur de poubelles) d'une part, et par création effective d'emploi exigeant une certaine qualification ou un minimum d'investissement d'autre part ( couture, coiffure, menuiserie, réparation automobile, photocopie négociée, plastification des cartes d'identité et des diplômes, fabrication des cachets et des sceaux, vitrerie, installation radioélectrique). En outre, il offre leur premier emploi aux migrants ruraux récemment arrivés dans les villes, leur permettant ainsi de s'intégrer progressivement dans la vie urbaine. De plus, à en croire les résultats de la recherche de Kengne Foudouop75(*), depuis l'avènement de la crise économique en cours, il est devenu un marché d'emploi de la dernière chance pour un grand nombre de déflatés du secteur d'économie moderne et de diplômés de l'enseignement secondaire et du supérieur. A la fin de 1997 par exemple, 8,5% de la main d'oeuvre du secteur informel au Cameroun était constituée d'individus ayant perdu leur emploi dans les secteurs public, parapublic et privé moderne. Parmi eux, 17,2% étaient des diplômés exerçant leur premier emploi76(*).

Sur le plan social, la situation médiocre du pays est palpable par un chômage très poussé. C'est l'aspect qui constitue sans doute le premier indicateur de la difficulté d'insertion des camerounais sur le marché du travail. Il passe en l'espace de dix ans de 7,3% à 24,6% de la population active. A titre de comparaison, le chômage en France, considéré comme le phénomène majeur de la décennie écoulée, s'accroît de 8,9 % à 11% entre 1982 et 1990. A cette époque, le taux de chômage urbain au Cameroun est l'un des plus élevés d'Afrique, et il est très largement supérieur à ceux enregistrés en Amérique latine ou en Asie (Roubaud, 1994).77(*)

Par exemple en 1983, la dynamique économique assure un ajustement offre/ demande de travail globalement satisfaisant. Le taux de chômage est faible et sans doute proche du taux de chômage naturel. Il y a dix ans et à l'instar de ce que l'on observe dans les pays développés, les catégories les plus vulnérables au chômage étaient les moins diplômées. A cette date le taux de chômage était une fonction décroissante du capital scolaire. Alors que le chômage touchait 9,4% de ceux qui n'avaient pas fréquenté l'école, seulement 1,5% des individus ayant suivi des études universitaires cherchaient un emploi. La demande d'emplois qualifiés, notamment dans le secteur public, était suffisante pour absorber les contingents croissants de diplômés. A cette époque, il était possible d'envisager une résorption progressive et mécanique du chômage, grâce au maintien de la croissance et l'effort de scolarisation. Cependant, dix ans plus tard, la logique du chômage est bouleversée. La loi économique entre taux de chômage et niveau scolaire, qui semblait s'observer auparavant, est totalement inversée. Aujourd'hui, le taux de chômage croit avec le diplôme. Ce dernier, qui jouait comme un passeport prémunissant contre le chômage, constitue au contraire un facteur aggravant. Près d'un tiers des actifs ayant atteint l'université recherche un emploi, tandis que « seulement » 6 ,4%78(*) des non scolarisés sont sans travail. Alors que le système scolaire a continué à intégrer de plus en plus de jeunes et à produire des cohortes de plus en plus diplômées, les sources d'emplois pour ces dernières se sont taries.

Comme nous l'avons démontré ci-dessus, au Cameroun comme dans tous les autres pays du sud79(*), un grand nombre d'actifs trouvent aujourd'hui leur gagne pain dans ce secteur informel et l'écrasante majorité des citadins en dépendent pour leur approvisionnement en biens de services de première nécessité. Depuis 1980, les activités qui le composent n'y ont pas cessé de multiplier, faute de mieux, et de se diversifier. Elles attirent même de plus en plus des demandeurs d'emploi. Ce qui montre qu'au Cameroun, l'économie moderne n'est pas en mesure de donner de l'emploi à la population qui est désormais réduite à chercher à satisfaire ce que Abraham Maslow dans sa pyramide des besoins a appelé besoins physiologiques80(*). Cette situation de pauvreté rendue palpable et matérialisée par l'absence de l'emploi bien rémunéré, poussant les citoyens vers l'informel, serait pour Kengne Foudouop81(*) due à cinq facteurs : la mauvaise politique de l'Etat, les rémunérations insignifiantes du secteur formel, la facilité d'accès aux métiers du secteur informel, les insuffisances du secteur formel et les effets catastrophiques de la crise économique et de la mise en application du plan d'ajustement structurel.

Nous avons voulu à travers un tableau, présenter une diachronie des revenus. Ceci en de montrer le processus de « phagocytose » de l'informel sur l'économie camerounaise.

Tableau 1. Taux de salarisation et structure des emplois par branche : le secteur informel gagne tout le terrain.

Taux de salarisation

structure des emplois

%

1983

1987

1993

1983

1987

1993

Agriculture

Industrie extractive

Industrie manufacturière

Eau gaz électricité

Btp

Commerce

Transport entrepôt

Services financiers

Autres services :

-aux ménages

-non marchands

47,8

100,0

63,9

100,0

69,5

20,6

63,4

100,0

84,2

19,8

95,2

35,3

84,7

60,4

26,7

59,2

94,6

89,8

60,9

98,3

5,8

85,4

22,1

89,2

47,3

12,6

60,7

84,0

76,6

49,1

99,4

2,7

0,2

4,2

0,6

10,9

20,1

10,7

1,7

48,9

3,9

0,1

10,5

0,8

11,2

20,3

6,9

1,9

44,4

10,1

34,3

4 ,3

0,1

12,2

0,8

4,5

28,1

5,7

2,2

42,2

16,0

26,2

Total

65,1

63,1

48,9

100

100

100

Sources : EBC 83/ 84, Enquêtes 1-2-3 (93). La ventilation des « autres services » en «  services aux ménages » et « services non marchands » n'est pas possible en 1983 faute d'informations82(*).

A travers ce tableau, nous constatons que, dans les domaines importants de l'économie, le secteur informel s'est imposé tant faire se peut année après année. Nous regrettons de ne pas avoir eu les données qui nous donnent la réalité actuelle. Aussi, pour remédier à la situation, les citoyens camerounais qui veulent s'offrir un véhicule se penchent vers un nouveau marché : celui des congelés83(*).

* 72 Ici les résultats de la recherche de Louis Roger Kemayou sont présentés dans l'ouvrage de Kum'a Ndumbe III intitulé Stratégies de survie des populations africaines dans une économie mondialisée, éditions Afric'avenir, 2007. Page 143 à 153.

* 73 Ici on parle précisément des métiers comme : vigiles, mécaniciens, bayam-sellam, chargeurs de cargos, menuisiers, bendskineurs etc.

* 74 Camille Mindjouli est inspecteur des impôts à Bonabéri Douala. Il est ainsi cité par Kum'a Ndumbe à la page 138 Op. Cit.

* 75 Professeur au département de Géographie, à la faculté des arts, lettres et sciences humaines à l'université de Yaoundé I ; ici il expose son point de vue sur la médiocrité du système économique camerounais. Dans notre cas ce propos est pertinent d'autant plus que, cela prouve que l'environnement marchand des concessionnaires automobiles est vraiment complexe puisque le pouvoir d'achat des citoyens est vraiment limité. Cf. Kum'a Ndumbe III, Stratégies de survie des populations africaines dans une économie mondialisée, Afric'avenir, 2007. Page 53 à 69

* 76 Cf. Kengne Foudouop op. Cit.

* 77 Cf. L'économie camerounaise, Jean joel Aerts, op. Cit.

* 78 Tous les chiffres que nous avons présentés dans ce travail sont les résultats de la recherche de Kengne Foudouop. Op. Cit.

* 79 Entendre ici par pays du sud tous les pays du tiers monde dans le sens d'Alfred Sauvy.

* 80 Cf. Demont et al, , op. Cit. Pour cette théorie de Maslow les besoins de l'homme sont hiérarchisés. Pour notre cas d'espèce la majorité des camerounais sont encore au niveau du manger et du boire. Ce qui fait que, la commercialisation des produits comme les véhicules neufs dans un tel environnement est une activité assez complexe.

* 81 Kengne Foudouop, op. Cit.

* 82 Nous avons tiré ce tableau de la page 99 de L'économie Camerounaise, de Jean Joel Aerts et al, op. Cit.

* 83 Pseudonyme donné aux voitures d'occasion au Cameroun.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote