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Stratégies de communication des concessionnaires automobiles dans l'environnement concurrentiel camerounais depuis 2000

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par Timothée Ndongue Epangue
Université de Douala - Master 2 2009
  

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2.2. La naissance du marché des voitures d'occasion.

La libéralisation de l'économie aidant, les véhicules d'occasion, jusque-là soumis à un carcan administratif, se voient ouvrir les portes du pays. Et, comme ils correspondent au pouvoir d'achat des acheteurs potentiels, le marché va connaître une croissance folle. De quelques milliers en 1987, on atteint rapidement les 10 000, et enfin on dépasse la barre des vingt mille. Actuellement, on semble ne plus vouloir s'arrêter. Aujourd'hui, il est clair que, le rapport se penche en faveur des véhicules d'occasion. S'il faut qu'on s'en tienne aux prix pratiqués sur le marché, il est possible de s'offrir une voiture de cinq millions en option « occasion », quand la même voiture chez un concessionnaire à l'état neuf coûte dix fois plus cher84(*). Le réseau s'est même déjà élargi : ce ne sont plus des voitures d'occasion qu'on envoie au Cameroun, mais de véritables épaves roulantes. Même avec ces conditions, les clients se multiplient de jour en jour chez les vendeurs de « congelés ».

Comme dans la plupart des pays africains, l'explosion des véhicules d'occasion est venue affecter les ventes des véhicules neufs depuis que la situation économique est devenue tendue. « Tout le monde aimerait avoir un véhicule neuf. C'est la pauvreté qui conduit à l'achat d'un véhicule d'occasion », nous a confié un propriétaire de véhicule que nous avons rencontré en face de la Bicec de Bonanjo. Ce faisant, les véhicules d'occasion sont devenus monnaie courante sur notre territoire national. Ils sont de tous calibres et de diverses marques. Par exemple, sur 1200085(*) véhicules que comptait le parc automobile camerounais, on pouvait voir  que les marques asiatiques arrivaient largement en tête avec Toyota 35%, 9% pour Mitsubishi, 3, 6% pour Nissan, 4,6% pour Hyundai, et 2, 4% pour Suzuki.

Depuis 1988, les marques françaises ont marqué un recul. De 12,5% pour Peugeot et 5,3% pour Renault, en 1994, les parts de marché sont tombées respectivement à 6,8% et 2,8% en 1998. Il faut relever que cette hausse est due pour une grande part aux véhicules d'occasion qui ont précipité la chute des véhicules neufs (3440 en 1998 contre 3905 huit ans plus tôt).

Ces voitures d'occasion proviennent de différents pays comme : l'Allemagne, la Belgique, la France ou les Etats-Unis. Elles sont embarquées vers quelques ports d'Afrique comme: Tripoli, Beughazi, Tema, Conakry, Lomé, Douala, Cotonou, etc. Ces destinations sont des plaques tournantes de ce commerce de « vieilles » voitures.

Au Cameroun, les « congelés » gagnent de plus en plus du terrain. D'après les statistiques de la direction générale des douanes86(*), le Cameroun importe plus de 80 000 voitures d'occasion par an ; soit 25 milliards de franc CFA. Les caisses de l'Etat reçoivent à peu près sept milliards au titre des droits de douane et de taxes diverses.

Quant aux commerçants de ces véhicules, ils affirment qu'ils leur reviennent en moyenne à 2 000 000 de nos francs ; et ils revendent pour avoir un bénéfice d'au moins 300 000 francs par véhicule. De ce fait, les véhicules d'occasions prennent le pas sur les véhicules neufs dans le coeur des acheteurs camerounais. C'est donc dire que le « concessionnaire automobile » qui se porte le mieux au Cameroun c'est l'ensemble des vendeurs des voitures d'occasion.

C'est ce qui fait en sorte que, les parkings que nous avons observés, sont pleins de véhicules d'occasion qui sont devenus une véritable bouée de sauvetage pour les moins nantis qui veulent réaliser leur rêve d'avoir un véhicule. Puisque, le pouvoir d'achat a été perturbé par la crise économique des années 80, ces vieilles voitures qui « sont en panne régulièrement » se trouvent comme la destination indiquée.

Relevons que, en 2001 déjà, les concessionnaires automobiles installés au Cameroun ont vendu trois mille cent quatre vingt quinze véhicules neufs87(*). Cependant, près de vingt cinq mille véhicules d'occasion ont franchi les frontières du pays, ce qui est un peu plus de huit fois le cas des véhicules neufs. Cette tendance ne cesse de s'accroître d'année en année.

D'après l'association des sociétés d'assurance du Cameroun, 3167 voitures neuves ont été vendues au Cameroun en 2007 contre 80 000 voitures d'occasion. Nous voyons donc combien de fois les concessionnaires automobiles implantés au Cameroun ont fort à faire.

Nous nous demandons même ce qu'il en sera dans quelques décennies si la situation ne s'améliore pas. Parce que, d'après nos enquêtes88(*) de terrain même certaines organisations comme les écoles privées, se dirigent plutôt vers ces véhicules de seconde main pour servir leurs élèves. Ceci est à souligner parce que, si les organisations qui sont le coeur de cible des concessionnaires automobiles89(*) se dirigent vers les véhicules de seconde main, il y a lieu de s'inquiéter doublement pour les concessionnaires automobiles.

Par ailleurs, il y a aussi un grand rôle joué par la diaspora camerounaise des pays du nord. Les camerounais qui sont à l'étranger s'enrichissent à travers les véhicules de seconde main qu'ils envoient au pays pour des fins mercantiles. Cette prolifération des véhicules d'occasion ne facilite pas la tâche à l'assainissement de notre environnement qui en prend certainement un coup.

En outre, la forte présence au Cameroun de ces véhicules qui ne servent plus à rien au nord, vient encore soulever le problème de la protection de l'environnement parce que ces voitures pour la plupart, ne sont plus en très bon état. Dans ce cas de figure, le problème n'est pas qu'il y a des véhicules d'occasion ; mais le fait de l'installation des épaves roulantes qui remplissent déjà nos routes.

Ajoutons ici que, depuis les années 2000, le Cameroun, ainsi que les autres pays de l'Afrique centrale, ont vu leur situation économique nettement s'améliorer. Le taux de croissance du PIB (produit intérieur brut), qui était évalué en 2001 à 5,2%, et plus proche de nous en 2009 à 4 %. Ce regain de croissance est concomitant à la crise des transports qu'on peut remonter à la fermeture de la SOTUC en 1994. C'est ce qui expliquerait le désir des citoyens Camerounais -qui en ont les moyens- de posséder un véhicule. Jusqu'ici le penchant est resté pour les congelés.

Allant dans la même lancée, la cellule des études statistiques du ministère des transports, le parc automobile national au mois de juillet 2001, est de 210 275 véhicules, avec un taux de croissance moyen de 4% par an. Pour elle, 42 986 opérations annuelles d'immatriculation ont été réalisées dont 29 516 nouvelles entrées dans le parc et 13 470 ré immatriculations.

Malgré cette croissance du parc automobile du Cameroun, il est à rappeler que, la majeure partie de la population ne peut pas se procurer un véhicule. La majorité de ces véhicules dont on parle sont « âgés de plus de dix ans. » Ce qui ne fait pas d'elles des voitures de très bonne qualité.

Cette section avait pour objectif de mettre en exergue l'hégémonie du secteur informel et l'arrivée des véhicules d'occasion au Cameroun. Il en ressort que, cette pratique est devenue monnaie courante et le véhicule d'occasion est même le type d'automobile le plus acheté par les populations camerounaises, parce que, c'est cette catégorie d'automobile qui s'accommode le plus à leurs revenus financiers. Ceci se vérifie d'autant plus que, la réponse majoritaire des consommateurs des concessionnaires automobiles à la question : que pensez vous des prix que pratiquent votre concessionnaire automobile de notre guide d'entretien, est que : « les concessionnaires automobiles sont trop chers. »

Ce qu'il faut retenir d'elle, c'est que les voitures de seconde main sont les bienvenues dans un environnement camerounais où, comme nous l'avons démontré dans la section précédente, l'économique et le financier traînent franchement le pas.

Par ailleurs, la présentation de l'évolution du parc national automobile peut nous permettre d'avoir une idée plus objective de la question de l'automobile au Cameroun. Il est cependant à relever que, les voitures d'occasion sont plus à l'origine de cette croissance ; puisque ce sont elles qui correspondent plus au pouvoir d'achat des citoyens.

Tableau 2. Évolution du par automobile national de 1998 à 2005.

Années

Voitures particulières

Camionnettes

Camions

Bus : cars ; autocars

Semi-remorque et remorque

Tracteurs et engins mécaniques

Motos

Total

1998

105 865

17 446

11 118

80 88

30 70

35 38

44 801

193 926

1999

110 777

17 827

11 278

93 13

30 87

37 18

45 948

201 948

2000

115 917

18 217

11 441

10 725

31 06

39 09

46 987

210 302

2001

134 504

32 075

32 075

11 734

31 91

41 02

47 419

233 028

2002

151 853

35 255

35 255

13 758

32 20

46 80

52 912

578 978

2003

173 137

35 490

35 490

13 908

32 50

4 723

53 319

283 827

2004

164 429

25 391

15 186

14 937

41 33

5 201

62 617

291 834

2005

175 429

27 168

16 249

15 982

44 22

5 564

66 893

312 259

Source : Mintrans (direction des transports terrestres)90(*)

Nous avons eu le temps de constater à travers cette présentation historique des fluctuations de l'économie camerounaise qu'à l'aube des indépendances, le Cameroun se portait bien. Les concessionnaires automobiles n'avaient donc aucun souci. Mais, le sixième plan quinquennal charrié par d'autres évènements majeurs comme la dévalorisation des produits d'exportation tel que le café dans le marché mondial, est venu mettre le pays à genoux. Aussi, les concessionnaires automobiles se sont retrouvés dans une situation critique.

Ceci parce que, le pouvoir d'achat des citoyens est devenu très limité ; et ce ne sont pas les véhicules neufs qui peuvent être au coeur de leurs préoccupations quand le besoin d'un véhicule se fait sentir. Ceci parce qu'il y a eu la libéralisation de la vente des véhicules d'occasion. Ce qui n'a pas beaucoup arrangé les affaires des concessionnaires automobiles implantés dans notre triangle national. A côté de cela, on note également l'arrivée de plusieurs autres concessionnaires automobiles91(*). Ce qui transforme le marché des concessionnaires automobiles en marché fortement concurrentiel. Ceci qui fera l'objet d'une des sections suivantes. Dans une situation de forte concurrence, la communication se trouve comme l'une des « armes » utilisées par les concessionnaires automobiles pour s'en sortir.

* 84 Correspondance particulière de Blaise Pascal Dassié paru jeudi 06/11/08 à 24 :13. http:/www.camer.be./index1 php ? Art= 37088 rub= 12 :1

* 85 Informations recueillies dans le magazine : les marchés tropicaux et méditerranéens le 10 août 2009. Malheureusement, c'est dans un lot de documents relatifs aux concessionnaires automobiles que nous avons eu cette information au centre de documentation de la chambre de commerce à Bonanjo. Sous ce rapport, nous n'avons pas le numéro de ce magazine.

* 86 Informations recueillies dans un article sur google et dont les références sont suivantes : http : // www.camer.be/ index 1 php ? art= 37088 rub= 12 : 1

* 87 Cf. cameroun tribune du 9 septembre 2002. p.15.

* 88 Lors de notre entretien avec les vendeurs des véhicules d'occasion, ils nous ont fait comprendre que certaines écoles et associations font partie de leurs clients réguliers.

* 89 Lors de nos entretiens avec les responsables de communication des concessionnaires automobiles, ils nous ont expliqué qu'ils communiquent prioritairement envers les entreprises privées et publiques. Si certaines entreprises commencent déjà à prendre la direction des congelés, cela va rendre la tâche encore plus compliquée aux concessionnaires automobiles.

* 90 Au vrai, nous avons eu cette information au centre de documentation et d'information de la chambre de commerce de Bonanjo. C'est le document des statistiques de l'année 2005 que nous avons consulté qui possédait ces références.

* 91 Voir page 49 pour plus d'éclaircis.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon