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Féminisme, genre et développement en Amérique latine: le cas de Novib (ONG néerlandaise )

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par Zoé Maus
Université libre de Bruxelles - DEA pluridisciplinaire 2002
  

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2. L'EVOLUTION DU 'DISPOSITIF' FEMMES ET DEVELOPPEMENT

Nous avons dans les chapitres précédents, analysé la question du genre et du développement sous l'angle du savoir et du pouvoir que nous avons synthétisés à partir de la notion de dispositif de développement.

C'est donc en poursuivant dans cette option théorique que nous allons analyser quelques concepts et cadres d'analyses qui sont (ou ont été) utilisés dans l'approche "femmes et développement" dans un premier temps, "genre et développement" par la suite. Nous ne prétendons pas faire une analyse exhaustive des cadres théoriques en la matière mais plutôt montrer quelle en a été l'évolution conceptuelle, quelles ont été les influences majeures et

92 PISANO, Margarita , Un cierto desparpajo, Ediciones Noemero Cr'tico, Santiago de Chile, 1996.

93 Sur l'action du "militant humanitaire" et de la situation paradoxale dans laquelle il se trouve par rapport au système capitaliste, Benasayag dit ceci:

Pour ces gens de bonne volonté, la question n'est plus d'essayer de "changer le monde", mais de voir comment, au moins, on pourrait intervenir efficacement pour stopper ou limiter l'horreur. Cette attitude procède d'une ambigu
·té fondamentale: d'un côté, la matérialité de l'action est indiscutable; mais de l'autre, le mouvement dans lequel elle s'inscrit est très souvent instrumentalisée par la société du spectacle, qui joue sur la fascination de l'horreur du monde. Emerge ainsi le spectacle des"bons" qui aident les autres, laissant intacts les mécanismes qui maintiennent la grande majorité dans un rôle de spectateur. Le militant humanitaire (avec des variantes et des exceptions) court ainsi en permanence le risque de produire des effets opposés à ceux qu'il désirait. En n'abandonnant pas la croyance en une "totalité abstraite" du monde, il dépouille les habitants de la puissance qui n'existe que comme développement dans l'universel concret. Ainsi, dans un monde homogène, unifié par le pouvoir, le militant humanitaire finit par accepter l'impossibilité de s'opposer à l'hégémonie capitaliste." BENASAYAG Miguel et SZTULWARK Diego , Du contre-pouvoir, La Découverte, Paris, 2000, p. 74.

comment ces options théoriques ont contribué (ou non) à un "mieux développement". Nous adopterons donc une approche à la fois chronologique et thématique afin de mieux comprendre ce qui a provoqué ce changement conceptuel du FED au GED. Quelques cadres théoriques et quelques auteurs nous ont donc semblé importants pour montrer cette évolution, soit parce qu'ils sont les plus utilisés dans le monde de la coopération, soit parce qu'ils ont influencé un changement majeur dans les théories utilisées.

Naila Kabeer différencie trois différentes façons d'aborder la question "femmes et développement": la grille des rTMles de genre, la grille du triple rTMle, et enfin l'analyse des relations sociales. 94 Ces différents cadres ont donc servi de base théorique aux différentes approches pratiques qui ont marqué l'approche "Femmes et développement" en vigueur à partir du milieu des années soixante-dix. On peut distinguer, comme Moser le fait dans son analyse sur la planification de genre95, cinq approches intégrant les femmes dans le développement: l'approche du bien-titre, de l'équité , de la lutte contre la pauvreté , de l'efficacite et de l'empouvoirement. Les quatre premières approches sont essentiellement utilisées par le Nord dans ses actions vers le Sud. La dernière, celle de l'empouvoirement, est concue et défendue par les

femmes du Sud elles-memes, en réponse aux premières.

A nos yeux, l'analyse des relations sociales ainsi que l'approche empouvoirement font partie de l'approche Genre et Développement. En se référant à ce que nous avions développé dans la première partie, notamment ce qui touche au "dispositif de développement" et l'utilisation du savoir dans la construction d'un développement "alternatif", nous pouvons en effet dire que ces analyses et approches sont différentes à plus d'un titre. Elles représentent à la fois un changement sémantique et un changement organisationnel. En utilisant le genre comme terme de référence et en axant les théories et les pratiques sur les femmes et à partir des femmes, ces approches permettent de sortir du dispositif de développement ou du moins en montrent les alternatives. Nous les analyserons donc séparément.

A. Les cadres théoriques

i. Le cadre des roles de genre

Le cadre des rTMles de genre a été développé par l'Université d'Harvard. Son objectif est de fournir aux professionnels du développement un cadre permettant de prendre en compte un maximum de facteurs lors de la mise en oeuvre d'un projet de développement (que celui-ci soit spécifiquement adressé aux femmes ou non). Il s'agirait donc d'un outil servant dans la planification afin de dépasser une allocation des ressources insuffisante. Dans ce cadre96, l'accent est une fois encore mis sur le rTMle productif de la femme et son intégration dans la sphère de production meme si le postulat de départ est que l'équité et la croissance économique sont des objectifs compatibles qu'il faut atteindre simultanément.97 En mettant

94 KABEER Naila, Triples rTMles, rTMles selon le genre, rapports sociaux: le texte politique sous-jacent de la formation à la notion de genre, in BISILLIAT Jeanne et VERSCHUUR Christine (dirige par), Le Genre: un outil nécessaire. Introduction à une problématique, Cahiers Genre et développement, n°1, 2000, AFED-EFI, Paris- Genève, pp. 155-174.

95 MOSER Caroline O.N., Planificaci--n de género y desarollo: teoria, practica y capacitaci--n, Entre Mujeres/ Flora Tristan ediciones, Lima, 1995., pp. 91-123

96 voir OVERHOLT Catherine (et al.), Femmes dans le développement: cadre pour un projet d'analyse, in BISILLIAT Jeanne et VERSCHUUR Christine (dirige par), Le Genre: un outil nécessaire. Introduction à une problématique , Cahiers Genre et développement, n°1, 2000, AFED-EFI, Paris-Genève, pp. 201-214.

et RAZAVI Shahrashoub et MILLER Carol, From WID to GAD. Conceptual Shifts in the Women and Development Discourse, Occasional Paper n°1, UN Fourth conference on Women, février 1995, pp.16-19.

97 OVERHOLT Catherine, opcit., p. 202.

l'accent sur des arguments économiques (allouer des ressources aux femmes), ce cadre, selon Razavi et Miller, cherche à amadouer ceux à qui les concepts de "femmes" et "équité" feraient peur.98

Ce cadre prend en compte quatre dimensions:

- l'impact différencié selon les sexes d'un contexte général, - la répartition sexuelle des activités,

- l'accès et le contrTMle différencié aux ressources,

- les mécanismes de prise de décision. 99

En faisant abstraction totale de ce que Kabeer appelle connexion sociale (social connectedness)100 et qui concerne

les relations concretes entre les femmes et les hommes, cette analyse risque d'être figée dans le temps et l'espace

et, de ce fait, de ne pas montrer comme le changement intervient dans ces relations et dans la division des rTMles et des responsabilités. De plus, en insistant sur les différences entre les hommes et les femmes, l'analyse tend à masquer les relations entre les deux sexes, leurs interactions, collaborations, lieux d'intérêt et leurs échanges.

Elle fait également abstraction de la question du pouvoir, comme si elle ne se posait pas. Or comment expliquer la différence dans l'allocation des ressources - matérielles ou autres, si ce n'est en soulevant la question du pouvoir. Pour ces auteurs, l'observation seule des faits, et leur systématisation via des données bien ordonnées, suffirait à changer cette inégalité d'accès aux ressources. Les femmes sont considérées comme appartenant à un système donné (qui est en général le ménage101 mais peut être également la communauté) mais les interactions, souvent complexes, entre éléments de ce système ne sont pas mises en exergue et les causes de l'inégalités ne sont pas analysées.

Cette facon d'analyser les choses correspond à la tendance qu'ont les ONG et les institutions à esquiver le politique. En effet, se confiner à la sphère privée permet de faire l'économie de la question du rTMle politique des femmes, de leur citoyenneté et de leur accès au pouvoir mais aussi de la dimension collective de leurs actions, en tant que femmes autonomes et non plus seulement en tant qu'épouse ou mère. En réalité, l'objectif principal (et peut-être le seul) est la réussite des projets dans lesquels, les femmes ne jouent qu'un second rTMle dans ces projets, n'étant qu'exécutantes.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo