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La protection des droits de l'enfant dans les conflits armés internes en Afrique centrale: cas du Burundi

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par Eric Ngueto Nyatchoumou
Université catholique de l'Afrique Centrale  - Master droits de l'homme et action humanitaire 2010
  

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V- Revue de la littérature

Dans le cadre de cette recherche, quelques travaux scientifiques ont retenu notre attention sur les questions de protection des droits de l'enfant. De ce fait, cette étude s'est intéressée aux ouvrages abordant la problématique de la protection de l'enfant en Afrique. 

INNOCENT BIRUKA33(*), dans son ouvrage intitulé La protection de la femme et de l'enfant dans les conflits armés en Afrique, met un accent sur le fait qu'en dépit des avancées juridiques réalisées, au plan normatif, depuis un demi-siècle, en matière de protection de l'être humain face à la guerre, les femmes et les enfants continuent d'être instrumentalisés dans les conflits armés en Afrique. Il met également en exergue la chosification de l'humanité, enfance, féminité et maternité devenant de vils outils aux mains des tortionnaires impénitents qui, de surcroît, se confortent dans l'impunité et la toute-puissance. A cet effet, Innocent appelle à une mobilisation générale de tous les acteurs, dans une approche pluridisciplinaire, pour une action concertée tendant à la prévention concrète des conflits armés et à une meilleure gestion, juridictionnelle et non juridictionnelle, de leurs effets dévastateurs sur les femmes et les enfants. Selon lui, c'est en ce sens que tout Etat africain devrait assumer avec détermination les obligations légales qui lui incombent. Entre autres actions, les Etats africain devraient donner effet au droit national et international, en adoptant des mesures de réception au droit positif des normes portant droits humains fondamentaux. En ce qui concerne les acteurs de la communauté humanitaire, ils devraient tendre à plus de professionnalisme, en revenant au strict respect des principes fondateurs de l'aide humanitaire.

L'auteur cherche ici à mieux nous renseigner sur les réalités dans les conflits armés en Afrique et notamment au Rwanda, tant pour le professionnel, le leader communautaire, tous chargés de la protection des personnes vulnérables que pour les enfants qui en sont les principaux victimes. L'Afrique en temps de conflit armé, donne l'impression d'être un lieu où il faut constamment se battre pour survivre. Cet ouvrage a donc le mérite de nous renseigner sur les mécanismes juridictionnels et non juridictionnels de la protection des droits de l'enfant en période de conflit armé.

Bien qu'il reste limité dans le développement de la protection physique de l'enfant. Le travail que nous abordons s'inspire des analyses de l'auteur et de l'expérience vécue par celui-ci, afin de comprendre la problématique de la protection des droits de l'enfant en temps de conflit armé en Afrique. La protection des droits de l'enfant en période de conflit armé étant une question de protection physique et morale, notre étude va au-delà de la dimension physique pour embrasser aussi la dimension morale.

Quant à HERVE CHEUZEVILLE34(*), dans son ouvrage « Kadogo, Enfant des guerres d'Afrique centrale », montre en réalité comment les massacres de masse, dont l'ampleur pourrait dépasser le décompte des morts du génocide rwandais de 1994, se déroulent discrètement en Afrique Centrale depuis des années. Ceci sous des prétextes tels que : l'existence des " rébellions " et des contre-rébellions ou les " luttes tribales ". Et pourtant, en fait, ce sont les conséquences d'un combat féroce entre chefs pour s'approprier le pouvoir exclusif sur les ressources locales. Il montre ensuite comment les groupes armés des milices ethniques impliquées sont composés en majorité de jeunes et d'enfants presque toujours recrutés de force : les KADOGO ('petite chose, sans importance', néologisme local). Hervé Cheuzeville, travaillant pour les organismes humanitaires oeuvrant depuis une quinzaine d'années dans la Région, a côtoyé un grand nombre des gamins traumatisés, mutilés. Il a également fait ressorti leurs récits de vie dramatiques qui leur permet de rompre avec le silence qui couvre les guerres devenues chroniques au (Sud) Soudan, en Ouganda, en R-D Congo. L'auteur fait également ressortir le fait qu'en juin 2003, l'intervention ponctuelle d'une force internationale sollicitée par la France et mandatée par l'ONU à Bunia, en Ituri au nord-Est de la R-D Congo, portera peut-être un temps d'arrêt à toute une série d'abominations déjà qualifiées de « crimes de guerre et crimes contre l'humanité ».

Nous constatons que l'auteur fait un récit assez réaliste qui nous conduit tout droit dans cette horrible réalité des grands lacs. Il essaye de nous édifier sur l'implication des superpuissances du XXIe siècle dans la guerre de l'Irak. Où les américains et les britanniques y ont combattu, alors que les enfants étaient abandonnés à leur sort ou alors chosifiés et utilisés comme instruments de guerre. Un ouvrage encore édifiant qui nous permettra de mieux cerner la problématique de l'enfant soldat dans l'analyse que nous nous proposons d'effectuer en ce qui concerne la protection des droits de l'enfant en temps de conflit armé en Afrique. Et surtout il nous permet de montrer comment l'utilisation des enfants dans les combats heurtent leur intégrité physique et morale, et pose par ailleurs le problème de leur réinsertion sociale en période post-conflit.

DELPHINE EVMOON35(*), quant à elle, nous amène à nous interroger sur le comportement et les agissements des «criminels de guerre» considérés pour la plupart comme étant des analphabètes, toute chose qui pourrait justifier l'usage ou le recours à l'enrôlement des enfants. Cependant, selon l'auteur, ce sont des intellectuels qui sont conscients et informés sur les règles régissant les conflits armés, qui sont des véritables « criminels de guerre ». En effet, l'auteur montre que de 1991 à 1995, en ex-Yougoslavie, une guerre civile a fait rage, et durant cette période, viols, meurtres, massacres, passages à tabac, détention, sabotage, torture, humiliations physique et morale, épuration ethnique, assassinats, exécutions et massacre de masse, ont été le lot quotidien des habitants de Bosnie-Herzégovine. L'auteur fait également ressortir le fait qu'avant le conflit, les « criminels de guerre » ont été des professeurs, des médecins, des chauffeurs de taxi, des serveurs, des ingénieurs, des mécaniciens, des hommes d'affaires, des politiciens ou des militaires, des mariés, des pères de famille ou des célibataires, de tous âges. Du jour au lendemain, ils sont devenus gardiens de camps, chefs militaires ou tueurs. Delphine montre aussi qu'ils ont décidé parfois sur ordre, mais dans la plupart du temps, il s'agit des actes volontaires. Selon l'auteur, rien n'a cependant préparé ces hommes à devenir ce qu'ils sont devenus, à commettre les actes qu'ils ont commis. Pourtant, un jour, tout a basculé. Ils sont passés de l'autre côté. C'est notamment les cas de Goran Jelisic, Zoran Kupreskic, Mario Cerkez, Milojica Kos, Dragoljub Prcac et Mladjo Radic que Delphine Evmoon met en exergue dans son livre. Mais, selon t-elle, la question demeure : ne restent-ils pas néanmoins des hommes ordinaires ?

Nous constatons que cet ouvrage de Delphine Evmoon se démarque des autres car l'auteur ne décrit pas seulement la situation factuelle pendant le conflit armé, mais il s'interroge grandement sur le changement subit de comportement des hommes intellectuels, des hommes sensés posés des actes réfléchis, pour devenir des hommes guerre. Cet ouvrage a le mérite de nous édifier suffisamment et clairement sur la compréhension des actes inhumains posés pendant les conflits armés en Afrique, notamment la chosification et l'utilisation des enfants au front. En outre notre étude s'inspirera de l'étude de Delphine Evmoon pour justifier nos hypothèses.

Pour LUC NDJODO36(*), qui a fait une étude sur la protection sociale de l'enfant en période de transition culturelle, énonce non seulement les différents instruments internationaux pris en faveur des enfants, mais également démontre l'importance d'une mère dans l'encadrement et l'éducation de l'enfant, donc de sa protection. L'auteur insiste sur le fait que la transition culturelle qui a remis en cause les valeurs spécifiques à l'éducation traditionnelle africaine a constitué un danger pour la protection des enfants. Il est, certes, vrai que Luc Ndjodo relève dans son livre les différents instruments en rapport avec les droits des enfants, mais il s'est abstenu de faire un commentaire au sujet de ces instruments. Il semble important de démontrer que, bien qu'il soit considéré au plan social comme un danger pour les enfants, cette phase de transition culturelle n'est pas aussi dangereuse que l'implication des enfants dans les conflits armés au vue des conséquences qui en découlent. Il est bon de signaler qu'une protection juridique de l'enfant demeure la meilleure solution pour lutter contre les violations des droits de l'homme. Une protection sociale des enfants n'est pas aussi négligeable et mérite une attention particulière.

Bien que cette analyse ne concerne pas directement ce travail qui porte sur la situation de protection des enfants en période de conflit armé interne au Burundi, il demeure intéressant du point de vue analytique. Cette étude de Luc Ndjodo nous permet de plancher sur le volet de la protection non juridictionnelle de l'enfant en période de conflit en Afrique. Un ouvrage toujours aussi important et pertinent qui sera d'un grand apport dans notre étude, surtout lorsqu'il faut développer les limites des instruments en rapport avec la protection des enfants en période de conflit armé.

* 33 Innocent BIRUKA, 2008, La protection de la femme et de l'enfant dans les conflits armés en Afrique, L'harmattan, Paris, 500p.

* 34 Hervé CHEUZEVILLE, 2003, Kadogo, Enfant des guerres d'Afrique centrale : Soudan, Ouganda, Rwanda, R-D Congo, L'harmattan, Paris, 311p.

* 35 Delphine EVMOON, 2009, les « criminels de guerre » sont-ils des hommes ordinaires ? l'exemple de la Bosnie-Herzégovine, L'harmattan, Paris, 167p.

* 36 Ndjodo Luc, Les enfants de la transition : une génération en danger?, yonga & partners, yaoundé, 2000.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius