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La transposition dans l?ordre juridique national des directives cemac : une analyse sous le prisme de la pratique europeenne

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par GABRIEL CEDRIC MBOGNE CHEDJOU
Université de Yaoundé II/ Institut des Relations Internationales du Cameroun - Master en relations internationales option intégration régionale et management des institutions communautaires 2012
  

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A- L'apathie du juge national à l'égard du droit communautaire

La CJC ne peut exercer son activité sur la totalité des situations dans lesquelles se pose la question de l'application du droit communautaire. Le déficit de moyens infrastructurels, structurels et logistiques adéquats accroît cette infirmité institutionnelle et fonctionnelle, par conséquent, recentre le juge national, en l'occurrence, le juge camerounais dans le dispositif mis en place en vue de l'application du droit communautaire230. C'est donc le juge national, en l'occurrence le juge camerounais qui en raison des liens institutionnels et psychologiques qu'il a avec les autorités du pays, apparait comme ayant la position la plus déterminante pour oeuvrer à l'appropriation du droit communautaire231, et de façon particulière, vérifier la conformité des actes administratifs et des actes de droit privé aux normes juridiques communautaires ; c'est-à-dire par exemple, contrôler la transposition des directives communautaires.

En effet, la reconnaissance du droit communautaire est « d' autant plus important que les personnes privées sont dépourvues de possibilités de recours contre les Etats devant le juge communautaire et ne peuvent donc agir que devant les juges nationaux devenus juges communautaire de droit commun »232.

229 Dans le cadre du recours en manquement.

230 J. KENFACK, « le juge camerounais à l'épreuve du droit communautaire et de l'intégration économique », Juridis périodique, n°63, Juillet-août-septembre 2005, p.67.

231 DJEDJRO MELEDJE (F.), Op. Cit. p.9.

232 J. Rideau, « Le rôle de l'Union Européenne en matière de protection des droits de l'homme ». RCADI, t.265

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Mais on note une véritable résistance, qui s'explique en partie par « le manque d'appropriation du droit communautaire par les juges nationaux. En effet, la diffusion du droit communautaire auprès des juridictions nationales qui sont pourtant en première ligne dans son application fait défaut.

Cela se traduit par l'absence de Bulletin officiel de la Communauté, ou de revues faisant une place plus ou moins importante au droit communautaire. Plus grave l'accès informatique aux textes de la Communauté et à la jurisprudence de la Cour est insuffisant.

En réalité, les juges nationaux sont rarement confrontés à des questions d'interprétation ou d'appréciation du droit communautaire matériel comme le sont leurs homologues européens »233.

En outre, L'absence de questions préjudicielles démontre à souhait le manque de dialogue entre le juge communautaire et les juges nationaux.

B- La contingence du contrôle du juge national

« Devant le juge interne, le droit international n'est pas en principe un élément d'ordre public, il n'est appliqué que s'il est invoqué »234. L'activité du juge national consubstantielle à l'expression et à l'épanouissement du droit communautaire, ne peut donc se produire que si les justiciables invoquent les normes communautaires lors de leur défense devant les juridictions nationales.

Mais les juges nationaux sont rarement confrontés à des questions d'interprétation ou d'appréciation du droit communautaire matériel, notamment du fait de l'absence de combativité judiciaire des particuliers235, prompts à soustraire les litiges visés à la sphère du juge, avec des voies plus proches de la diplomatie économique236. Des solutions qui si elles servent de manière succincte l'intérêt du justiciable, ne concourent en aucun cas à l'effectivité juste des normes communautaires en droit interne, mais plutôt à la persistance des irrégularités.

(1997), p.143. Cité par MANSOUR (L.), « l'accès des particuliers au juge communautaire : analyses et incidences des évolutions jurisprudentielles », Master 1 Droit et Science politique/Option régulations internationales et Européennes, Université Nice Sophia-Antipolis, année 2006-2007.

233 Voir G. TATY, Op. Cit.

234 OLINGA (A-D), « Réflexions sur le droit international, la hiérarchie des normes et l'office du juge camerounais » Juridis périodique, n°63, Juillet-août-septembre 2005, p.11.

235 CHAMEGUEU, Op. Cit.

236 J. KENFACK, Op. Cit. p.75.

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Plusieurs raisons semblent justifier le comportement peu enthousiaste des particuliers à l'égard du juge :

- Dans un premier temps, l'absence de Bulletin officiel de la Communauté, ou de revues relatives au droit communautaire entretient la désinformation des justiciables sur le droit de la CEMAC.

- En outre, pour le docteur Jean Kenfack, les lenteurs des procédures judiciaires, le comportement peu orthodoxe des administrations concourent également à cet état de fait237.

- Sans doute les justiciables ignorent les avantages qu'ils peuvent tirer de l'effet direct du droit communautaire, dont la dynamique repose avant tout sur le rôle du justiciable238, à tel point que le Président Lecourt écrivait :

« Lorsque le particulier s'adresse à son juge pour faire reconnaître le droit qu'il tient des traités, il n'agit pas seulement dans son intérêt propre, il devient par là même une sorte d'agent auxiliaire de la Communauté »239.

Il est donc primordial que le justiciable CEMAC, et camerounais en l'occurrence, bouscule l'immobilisme du juge national, afin de conférer la force et la prévisibilité à la règle communautaire240. C'est dans ce sens que la CJCE précise par ailleurs que, « la vigilance des particuliers intéressés à la sauvegarde de leurs droits entraine un contrôle efficace qui s'ajoute à celui...de la commission et des Etats membres »241.

Les justiciables, les Etats membres, la Commission, et tout aussi bien les juges communautaire et nationaux, concourent donc à la mise en oeuvre du droit communautaire, ou à la transposition des directives en particulier. Alors même si des lacunes persistent, et freinent alors l'écoulement progressif dans les ordres juridiques nationaux de la réglementation induite par les directives CEMAC, les réformes récentes au sein de la Communauté démontrent le caractère corrigible de l'exercice de transposition, avec l'instauration du recours en manquement, qui peut avoir des répercussions importantes et positives.

237 J. KENFACK, Op. Cit. p.75.

238 G. TATY, Op. Cit.

239 L'Europe des juges, Bruxelles, Bruyant, 1976, p.260, cité par B. Genevois dans ses conclusions sur l'arrêt Cohn-Bendit, p.161, cité par G. TATY, Op. Cit.

240 J. KENFACK, Op. Cit. p.75.

241 CJCE, 5 février 1963, aff. 6/62.

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