WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'Organisation des Nations Unies face aux conflits armés en Afrique: Contribution à une culture de prévention

( Télécharger le fichier original )
par Franck Armel O. Afoukou
Université d'Abomey Calavi (Bénin) - Diplome de fin de formation au Cycle I de l'Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature du Bénin 2005
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

SECTION II : ANALYSE DES OMP AU REGARD DES CONFLITS

AFRICAINS

Les OMP des Nations Unies, menées en Afrique en période de conflits armés, se heurtent à des difficultés sans cesse croissantes (§1). Plusieurs facteurs (§2) expliquent cette situation dont les conséquences politiques sont déjà lourdes pour les Nations Unies46(*).

Paragraphe I : Les difficultés des OMP exemplifiées par les cas

somalien et rwandais

En Somalie, l'opération des Nations Unies a presque tourné en un fiasco total (A) tandis qu'au Rwanda, c'est l'impuissance de l'Organisation qui est mis en évidence (B).

A- La Somalie et les dérives d'une OMP

L'Etat de Somalie est créé le 1er juillet 1960 de la fusion de l'ex-Somalie britannique (le Somaliland) et de l'ex-Somalie italienne (la Somalia). Cette dernière était, au moment de l'indépendance, un territoire sous tutelle des Nations Unies et administré par l'ancienne puissance coloniale.

La période post-indépendance fut marquée par une succession de conflits qui culmine en une guerre civile sanglante en 1990-1991. La catastrophe humanitaire consécutive à cette guerre a motivé le Conseil de sécurité à mettre sur pied une force d'intervention armée dite Opération des Nations Unies en Somalie (ONUSOM). Elle a eu pour fonction de surveiller l'application du cessez-le-feu à Mogadishu, d'assurer la protection du personnel, des installations et du matériel de l'ONU dans le port et à l'aéroport de Mogadishu et d'escorter les convois d'aide humanitaire47(*).

C'est dans l'incapacité, faute de moyens, de s'imposer face aux « Seigneurs de la guerre » que l'ONUSOM tentait de se consacrer à la distribution de l'aide humanitaire qui ne tardera non plus à se heurter à des obstacles majeurs. Le Conseil de sécurité admit alors que « ...l'ampleur de la tragédie humaine causée par le conflit en Somalie , qui est encore exacerbée par les obstacles opposés à l'acheminement de l'aide humanitaire, constitue une menace à la paix et à la sécurité internationales48(*) ». Sur cette base, une force d'intervention unifiée (United Nations International Task Force - UNITAF) est établie dès le mois de décembre 1992.

Pour la première fois dans l'histoire onusienne, un groupe d'Etats est autorisé à recourir à la force pour intervenir dans un conflit interne, à des fins humanitaires. L'ONUSOM fut mise en veilleuse et l'opération « Restore Hope » a été conduite sous l'égide des Etats-Unis pour faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire. Mais à partir de la mi-juin 1993, l'intervention humanitaire tourne à la guerre et l'opération entame un dérapage fatal49(*). Finalement, elle s'est retirée en mars 1995 sans avoir réglé quoi que ce soit.

Il apparaît que les interventions successives de l'ONU en Somalie ont constitué un échec tragique. La conclusion malheureuse de l'opération serait, selon certains observateurs, la principale cause de la réticence manifestée par le Conseil de sécurité à autoriser d'autres opérations d'imposition de la paix depuis cette date. Le Rwanda en a été l'illustration.

B- L'impuissance face au drame rwandais

Le conflit rwandais demeure sans doute de part son caractère particulièrement sanglant et atroce, celui qui a le plus indigné la conscience collective du monde entier. C'est également le conflit qui continue actuellement de déstabiliser toute la région des Grands Lacs.

Le rôle peu glorieux de l'ONU dans le drame rwandais a débuté réellement le 4 août 1993, date de la signature des accords de paix d'Arusha entre le Gouvernement du Rwanda et le Front Patriotique Rwandais (FPR). Ces accords sont censés mettre un terme à trois années de guerre civile. Les articles 53 et 54 ont prévu la mise en place d'une force militaire internationale neutre sous la responsabilité de l'ONU. Cette force prêtera son assistance à l'exécution des accords. Dans cet ordre, le Conseil de sécurité décida d'établir par sa résolution 872 du 5 octobre 1993, une Mission des Nations Unies pour l'Assistance au Rwanda (MINUAR).

L'exécution des accords de paix a été confrontée à des problèmes50(*) et la présence de la MINUAR51(*) n'a pas empêché que le Rwanda soit frappé par la violence d'un génocide huit mois plus tard. En effet, la violence massive a éclaté au lendemain du 6 avril 1994, jour où l'avion du président HABYARIMANA a été abattu. Après que 10 casques bleus belges aient été faits prisonniers et assassinés, la Belgique a annoncé le retrait de son bataillon et plaidé pour la fin de toute la mission des Nations Unies. Le 21 avril, le Conseil de sécurité suivit cette logique et transforme, par sa résolution 912, la MINUAR en une force symbolique de 270 hommes dont le mandat a été réduit au rôle de « spectateurs impuissants52(*) ».

Le général Roméo A. DALLAIRE, pour avoir assuré le commandement de la MINUAR du moment de sa création jusqu'au 19 août 1994 ne pouvait cacher son indignation :

« En tant qu'être humain, je suis scandalisé par le fait que la MINUAR ait été à tel point marginalisée qu'elle n'ait pu empêcher les atrocités commises tant à l'égard des forces de maintien de la paix qu'à l'égard des millions de Rwandais victimes du génocide et de la guerre civile53(*) ».

Après la Somalie, le départ sans gloire du Rwanda n'a pas non plus redoré le blason de l'ONU. Elle doit éviter les interventions inconséquentes de même que le refus conséquent d'intervenir. Outre, un certain nombre de remarques s'imposent :

« Telles qu'elles ont été menées pour l'instant, les interventions humanitaires pour quelques vies sauvées (mais dans quelle qualité de vie ?) ont eu des conséquences difficilement discutables :

- Elles s'inscrivent dans l'urgence et le très court terme et diffèrent toujours les analyses et les mesures de fond.

- Elles servent les intérêts politiques ou électoraux des grandes puissances, comme cela a été patent pour les opérations de Somalie et du Rwanda.

- Elles encouragent sur place, par la durée et la maîtrise insuffisante des opérations, des prédations et des activités mafieuses difficiles ensuite à éradiquer qui contribuent à déstructurer les sociétés54(*) ».

De ces considérations, il ressort que l'Organisation mondiale éprouve des difficultés à servir la cause de la paix dans un rôle de soldat. Plusieurs facteurs l'expliquent.

* 46 L'ONU semble perdre toute crédibilité. Une tendance à l'africanisation de la gestion des conflits s'installe. Des organisations sous régionales n'hésitent pas à recourir à la force et, parfois, sans l'autorisation du Conseil de sécurité de plus en plus tenté de se décharger de sa responsabilité. « Mais il serait très dangereux, et même irresponsable, sous prétexte de responsabilisation, de pousser les Africains à s'enfermer dans des circuits interafricains de gestion des crises et des conflits qui les couperaient du reste de la communauté internationale. C'est (...) avec l'ONU, malgré ses immenses imperfections et insuffisances (...) que l'Afrique doit gérer ses conflits ». (Hugo SADA, Préface à l'ouvrage de Mamadou Aliou BARRY : La prévention des conflits en Afrique de l'Ouest. Paris : Karthala, 1997, p. 9)

* 47 C'est le Rapport S/23829 du Secrétaire général en date du 21 avril 1992 qui suggéra cette extension de mandat.

* 48 Résolution 792 du 3 décembre 1992 citée par Evelyne LAGRANGE : Les opérations de maintien de la paix et le chapitre VII de la Charte des Nations Unies. Paris : Montchrestien, 1999, p.40

* 49 Pour comprendre et mieux décrypter cette opération, se référer à Gérard PRUNIER : L'ONU et les Etats-Unis dans l'imbroglio somalien in L'ONU dans tous ses états. Bruxelles : GRIP, 1995, pp.83-87

* 50 Nous pensons principalement au retard dans l'installation du gouvernement d'unité nationale.

* 51 La MINUAR n'était impliquée que dans les aspects militaires et humanitaires des accords de paix. Pour l'installation d'un Etat de droit, on ne fit appel ni à la MINUAR, ni à d'autre organisations internationales ou Etats (Cf. Filip REYNTJENS et Anne PAUWELS : Des mesure préventives. Etude de cas : Namibie, Angola, Rwanda, Kenya. In Conflits en Afrique : Analyse des crises et pistes pour une prévention op. cit. p.84)

* 52 Filip REYNTJENS : L'ONU au Rwanda : le discrédit. In L'ONU dans touts ses états op.cit. p.89

* 53 Roméo A. DALLAIRE : La fin de l'innocence : Rwanda 1994. In Les dilemmes moraux de l'humanitaire, op.cit. p.135

* 54 André MICHEL : Surarmement, pouvoirs et démocratie cité par Abdoul Razack EDUI MOKA op.cit. p.51

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery