C.1.2 Analyse des signes anxio -dépressifs
La dépression fait partie des troubles de l'humeur et est
caractérisée par un état dépressif dans lequel on
retrouve les quatre composantes suivantes:
· Humeur triste accompagnée d'une vision de
pessimisme du monde et de soi- méme
· Ralentissement ou inhibition
· Idées de suicide et/ou comportement suicidaire
· Signes objectifs comme l'insomnie, l'asthénie,
l'anorexie, etcÉ
Dans le cas étudié, nous avons retrouvé
toutes les caractéristiques d'un état dépressif. L'humeur
triste était visible, observable dans la mine, la voix, les propos
pessimistes et le sentiment d'incurabilité, le sentiment d'ennui,
l'indifférence affective, l'incapacité à trouver du
plaisir, la perte des intéréts antérieurs qu'on ne peut
plus faire comme avant, une vision négative de soi avec sentiment de
dévalorisation et d'incapacité, une vision négative du
futur.
Le ralentissement moteur était visible à
travers la mimique, la lente ur du débit verbal, de la modulation de la
voix, des réponses brèves ou laconiques, la difficulté
à mettre en mot le ressenti et les idées, les troubles de la
mémoire.
Le ralentissement psychique pouvait s'observer à
travers les troubles de la mémoire et de la concentration, de la
sensation de fatigue psychique, diminution de la thématique
idéique par un discours pauvre, sans aucune idée nouvelle dans
l'entretien et des ruminations mentales, une grande
fatigabilité pour réaliser des activités antérieurs
ou participer à une discussion, perception d'un ralentissement du temps
avec sentiment que le temps ne passe pas.
Les idées suicidaires n'étaient pas vraiment
vérifiables mais s'observaient par le comportement de refus d'aide et de
soin et la conviction d'incurabilité.
Enfin, comme signes objectifs nous pouvions observer
l'anxiété, les troubles du sommeil, les troubles du
caractère avec hostilité, méfiance des soignants, refus de
contact, repli sur soi.
C.1.3 Une forme aggravée de la dépression :
la mélancolie?
La forme mélancolique est une forme aggravée de
la dépression. Elle se produit par accès ou phases et si certains
psychiatres parlent de psychose, cela ne concerne que le trouble et
non pas la personne qui en est atteinte.
Dans la cas de notre patiente, la phase mélancolique a
durée plusieurs semaines, et ne s'est pas reproduite pendant au moins 2
mois après l'acc»s. Les idées délirantes
interprétatives se sont estompées progressivement et nous pouvons
supposer qu'il s'agira d'un épisode unique dans la vie de cette
patiente.
Les éléments dits psychotiques
consistaient en des interprétations et idées
délirantes d'incurabilité, de persécution et de
méfiance. Par exemple, elle justifiait sa méfiance en
étant persuadée que les médecins lui montraient des
résultats positifs d'analyses qui n'étaient pas les siennes. Elle
s'était aussi persuadée que les soignants la faisaient souffrir
volontairement. Pendant cette période, les refus de soins et
d'alimentation sont devenus de plus en plus nets, à la fois verbaux et
physiques. La vie de cette patiente étant alors en danger, la seule
issue a été pour l'équipe médicale et
psychiatrique, de décider d'une hospitalisation en milieu psychiatrique
afin de procéder à une réalimentation d'autorité,
avec l'aide d'un traitement antipsychotique, en plus d'antidépresseurs
à forte dose. Au bout de quelques jours, ce traitement a montré
une grande efficacité, et a aussi généré un
2e choc émotionnel.
Nous pouvons supposer qu'aprés le traumatisme de
l'annonce, un 2e traumatisme lie à l'hospitalisation a permis
à la patiente d'entamer un processus psychique de
récupération de son jugement critique. Cette
récupération rapide de sa conscience confirme bien que nous
n'avions pas à faire à une personnalité psychotique.
Nous pouvons ainsi affiner notre diagnostic comme une
depression psychogéne (de type nevrotique) aggravée par une forte
angoisse de mort liée à l'annonce du cancer, voire traumatique,
sur un terrain de personnalité pathologique anxieuse.
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