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Approche ethnopsychiatrique du malade réanimé : Réhabiliter l'esprit dans les pratiques de soins

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par Véronique DI MERCURIO
Université Paris 8 - Master 1 Psychologie Clinique 2007
  

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I.2.c Facteurs traumatogènes de la réanimation médicale

Les études présentées en I.1 suggèrent que les malades subissent un risque traumatique renforcé par des facteurs environnementaux lors de leur hospitalisation en réanimation.

Facteurs environnementaux

Nous avons constaté par l'observation et les premiers entretiens dont nous avons extrait certaines paroles reprises ci-après entre guillemets, les facteurs suivants :

· la mortalité élevée de plus de 30 % et le temps moyen de séjour de 12 jours nous font déduire qu'un patient survivant qui reste environ une semaine verra un de ses voisins de chambre « sortir les pieds devant ».

· la surveillance permanente (24h sur 24) pendant toute la durée du séjour montre que le danger de mort n'est pas éliminé tant que dure l'hospitalisation (métaphore de « l'épée de Damoclès » souvent exprimée par les soignants et les malades). Les contraintes de sécurité liées aux assurances accentuent cette surveillance car tout accident est attribué au personnel médical.

· l'air soucieux des soignants et des médecins, leurs gestes rapides et précis, leur concentration à suivre scrupuleusement les procédures sont remarquées par les malades qui en déduisent la gravité de leur état, même s'ils sont en partie rassurés par les paroles de réassurance et la réalité du secours, « ils me disent que tout va bien mais moi je vois bien que ce n'est pas vrai ».

· le bruit est permanent : les machines de surveillance émettent des signaux sonores, les discussions des soignants dont le poste de travail n'est pas vitré sont parfaitement audibles, ainsi que les passages dans l'unité de machines de soins, d'examen, des lits, et les plaintes des malades voisins.

· la lumière : bien que la lumière des chambres puissent être réduite la nuit, les voyants lumineux des appareils de surveillance et les lumières de poste de travail des soignants sont maintenus la nuit.

· En plus d'être en permanence séparé de son cadre habituel de vie, le malade est privé des moyens de maintenir un lien avec l'extérieur. Il ne dispose pas de la télévision, ni du téléphone et la réception de la radio par antenne est de très mauvaise qualité. La plupart des malades s'en plaignent.

· Les appels sont reçus par les soignants qui transmettent les messages et les familles sont contactées par les soignants en cas d'aggravation de l'état du malade. Les visites sont alors acceptées en dehors des heures réglementaires, mais bien souvent, la famille n'a pas le temps d'arriver au chevet du malade avant son décès et nous avons alors été témoins de leur profonde déception s'exprimant souvent par une grande détresse. Il est alors légitime de se demander si le travail de deuil n'en sera pas perturbé.

· L'isolement physique: les chambres se trouvent dans un local inaccessible à toute personne étrangère au service et les familles ne sont pas admises pendant les soins et hors des heures de visite de 18 heures à 22 heures. Ces horaires ont été choisis pour permettre aux proches actifs de rendre visite au malade en fin de journée. Néanmoins, ils ne conviennent pas aux personnes âgées. La possibilité de visite est une amélioration récente car jusque dans les années 80-90, la réanimation était un lieu totalement fermé aux familles. Toutefois, des malades ressentent l'enfermement comparable à l'emprisonnement.

· L'impossibilité d'intimité : les chambres sont vitrées et les portes restent ouvertes pour permettre la surveillance et l'intervention en urgence. Les malades sont donc exposés en permanence aux regards. Pour les malades qui pourraient procéder eux-mêmes à leur toilette ou soins intimes, il n'y a pas de cabinet de toilettes dans les chambres et la situation peut être humiliante, voire inhumaine (« On vit comme des sauvages ici », « On n'est pas des animaux »). Les soignants, conscients de la gêne occasionnée chez les malades autonomes proposent, quand ils en ont le temps accompagnent un malade valide aux douches ou aux toilettes des parties communes du service.

· Le rythme de repos et de repas est perturbé : les examens et les soins peuvent avoir lieu la nuit, les visites de médecins très tôt le matin, des soins pendant des moments de visite, les repas à des heures inhabituelles par rapport à la vie courante. Le sommeil, la digestion et la faim sont perturbés et les malades se plaignent souvent de manquer de repos.

Récemment, des prescriptions sur la prise en compte de l'environnement familial et psychologique du malade en service de réanimation ont été introduites par la Loi, mais ces améliorations s'avèrent minimes car les contraintes de sécurité tendent à rigidifier les règles :

a. Décret n° 2002-465 : salle s'attente pour la famille et les visiteurs, salle réservée aux entretiens particuliers avec les familles, sas d'accès à la zone d'hospitalisation, chambre à un seul lit.

b. Décret n° 2002-466 : « Art. D. 712-110. - L'établissement de santé doit être en mesure de faire intervenir en permanence un masseur kinésithérapeute justifiant d'une expérience attestée en réanimation et doit disposer, en tant que de besoin, d'un psychologue ou d'un psychiatre et de personnel à compétence biomédicale. » (Loi, 2002)

c. Désignation d'une personne de confiance (« surrogate ») comme représentant du malade et interlocuteur des médecins quand le malade n'est pas en état d'exprimer lui-même ses choix. La consultation de la personne de confiance n'étant pas possible en situations d'urgence, celles-ci font exception.

Les accès ne peuvent effectivement être libres car les soignants sont peu disponibles pour guider et orienter les visiteurs toutes la journée, doivent avoir l'accès aux chambres libres et limiter les apports extérieurs de microbes.

Toute mesure en faveur du confort environnemental perturbe des règles de travail extrêmement rigoureuses pour des raisons de sécurité, d'efficacité et d'hygiène.

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"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"