Facteurs d'agression
corporelle
Les soins et examens du malade en réanimation sont
particulièrement douloureux, intrusifs et invalidants et produisent des
effets sur le psychisme (Cf. Annexe A). Les médicaments atténuant
la douleur sont peu employés car ils inhibent les fonctions vitales et
perturbent la récupération.
Les zones corporelles invalidées concernent la parole,
l'alimentation, la motricité, les zones intimes. Le malade se retrouve
donc totalement immobilisé et dépendant pour tout ce qui concerne
sa survie et ses relations. Une rééducation avec l'aide d'un
kinésithérapeute débute pendant l'hospitalisation en
réanimation afin d'atténuer les séquelles futures,
d'activer le tonus musculaire et améliorer le sevrage ventilatoire,
rééduquer les actes nécessaires de marche, de
déglutition et de parole, et quand c'est possible de mobiliser le malade
dans un espace plus vaste que sa chambre pour « prendre
l'air » et rompre l'isolement.
Un facteur
particulièrement saillant : l'intubation trachéale
Nous avons remarqué que la ventilation mécanique
par intubation trachéale était particulièrement
invalidante pour les malades conscients car elle les prive des capacités
de communication. De plus, le sevrage à ce soutien respiratoire
représentait le critère essentiel vers une amélioration.
La crainte essentielle des soignants concerne le retrait par le malade
lui-même du tube trachéal ou « auto
extubation ». Les malades expriment souvent avec des gestes ou des
regards la demande de retrait de ce tube, qui les oblige à maintenir la
bouche grande ouverte, desséchée et les prive de parole et de
voix. D'autre part, la ventilation mécanique est très douloureuse
et oblige les malades conscients à régler les mouvements de leur
diaphragme consciemment sur le rythme du respirateur. Ce moment est vécu
avec un fort sentiment de violence subie, « une lutte contre
soi-même ».
Tandis que les études se sont surtout focalisées
sur la perte de conscience des malades et ont mis sur le même plan les
différentes effractions corporelles, nous avons surtout travaillé
avec des malades conscients et anxieux quant à leur autonomie
respiratoire pour lesquels ce soin semble lié à la souffrance
psychique extrême exprimée.
C'est donc sur le plan de la respiration que nous allons
porter notre intérêt et tenter une étude des relations
psychosomatiques entre la fonction respiratoire, l'agression des voies orales
et le traumatisme psychique.
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