Conclusion
La prévention des risques en
restauration
collective
INTRODUCTION
Les produits alimentaires ne se conservent pas
éternellement. Les aliments se dégradent naturellement avec le
temps: le lait surit, les graisses rancissent, les légumes
flétrissent et pâlissent ou des microorganismes se
développent qui rendent l'aliment impropre à la consommation.
Les aliments ne sont pas stériles. Les produits frais,
par définition, ne rendent pas malade, ils peuvent cependant être
contaminés s'ils ne sont pas traités ou conservés
correctement. Une bonne connaissance des risques de contamination et le respect
de bonnes conditions de préparation et de conservation permettent
d'empêcher le développement de microorganismes
indésirables.
Chacun, de l'agriculteur au consommateur, a sa part de
responsabilités.
2) LES RISQUES DES ALIMENTS CONTAMINÉS
Les micro-organismes sont indispensables à la vie, et
il y en a vraiment partout: sur nos mains, sur nos denrées
alimentaires... La plupart sont inoffensifs et même utiles. Par exemple,
dans nos intestins pour la digestion ou dans la production de pain, fromage,
salami, yaourt et autres. Cependant, certains peuvent être dangereux et
peuvent nous rendre malade.
Pourtant, ces risques sont évitables. Voyons comment.
1-1 Facteurs de détérioration des
aliments
Lors de la cueillette, du transport ou de l'entreposage,
certaines altérations des denrées alimentaires peuvent survenir.
Le tableau qui suit dresse la liste des types d'altérations qui peuvent
avoir lieu.
Types d'altération Exemples
Physique Chocs, blessures, changements d'état, variation
de la
Teneur en eau, changement de couleur, etc.
Chimique Oxydation (rancissement)
Biochimique Par les enzymes (brunissement enzymatique,
lyses, destruction des vitamines et de certains nutriments)
Microbiologique Fermentation, développement de
microorganismes pathogènes,
production de toxines et d'enzymes (putréfaction,
toxicité)
1-1-1 Facteurs d'altération des aliments
On peut aussi classer les facteurs d'altération des
aliments selon leur caractère intrinsèque ou extrinsèque.
Les premiers sont relatifs à l'aliment et les seconds proviennent de
l'environnement. Voici des exemples de ces facteurs.
Intrinsèques :
- pH
- humidité, activité ou disponibilité de
l'eau - potentiel d'oxydo-réduction
- structure physique de l'aliment
- présence d'agents antimicrobiens naturels
Extrinsèques :
- température
- humidité relative
- gaz présents (CO2, O2)
- types et quantités de microorganismes ajoutés
a) Facteurs intrinsèques
Le pH
Le pH est un facteur très important. A un pH faible, le
développement des levures et des moisissures est favorisé. A un
pH neutre ou alcalin, ce sont les bactéries qui prédominent au
cours du processus de pourrissement ou de
putréfaction.
L'activité de l'eau
La disponibilité de l'eau a un effet sur la
capacité des microorganismes à se multiplier. Plus l'eau est
disponible en grande quantité, plus il sera facile de coloniser un
aliment. C'est pourquoi on limite cette eau disponible en séchant les
aliments par le séchage, la lyophilisation et la déshydratation.
Il y aussi une autre façon de réduire l'eau disponible tout en ne
diminuant pas la quantité totale d'eau. Il s'agit d'ajouter des
solutés comme du sel ou du sucre que l'on appelle des agents humectants.
De cette façon, l'eau se lie à ces solutés et n'est donc
plus disponible pour les microorganismes. C'est entre autres pour cette raison
qu'on ajoute de grandes quantités de sucres aux confitures et beaucoup
de sel aux marinades et poissons.
Le potentiel d'oxydo-réduction
Un faible potentiel d'oxydo-réduction favorise le
développement de microorganismes. Par exemple, les produits
carnés, comme les bouillons, contiennent beaucoup de molécules
qui sont directement disponibles pour les microorganismes, puisque leur
potentiel d'oxydoréduction est faible.
La structure physique
Cette caractéristique a un grand rôle à
jouer dans la multiplication des microorganismes. Le broyage ou le hachage des
aliments augmente la surface de la nourriture et brise les cellules. De cette
façon, les germes
contaminants peuvent se retrouver partout dans les aliments et
rendre le produit insalubre. Si on compare un steak à une boulette de
boeuf haché, la dernière est beaucoup plus susceptible
d'être contaminée rapidement. De plus, la présence de
pelures pour les fruits et légumes agit un peu comme une barrière
contre les microorganismes.
La présence d'agents antimicrobiens
naturels
On trouve des agents antimicrobiens naturels dans plusieurs
aliments. Ceux-ci inhibent la croissance de certains microorganismes. Par
exemple, les épices contiennent souvent ce genre d'agent. La sauge et le
romarin sont les deux épices les plus antimicrobiennes. Dans la
cannelle, la moutarde et l'origan, il y a d'autres inhibiteurs chimiques. L'ail
contient de l'allicine et le clou de girofle de l'eugénol (c'est la
molécule organique donnant l'odeur caractéristique du clou de
girofle). Ces deux produits sont aussi des antimicrobiens. La coumarine, une
enzyme présente dans les fruits et légumes, agit aussi comme un
antimicrobien. Le lait de vache et les oeufs contiennent également des
inhibiteurs de ce genre. Cependant, le fait d'avoir ces inhibiteurs en eux ne
protège pas les aliments de l'attaque de tous les microorganismes. Les
antimicrobiens naturels protègent contre des microorganismes
précis, mais d'autres pourront tout de même survivre dans le
milieu.
b) Les facteurs extrinsèques
La température et l'humidité relative du
milieu
Ce sont les deux facteurs les plus importants lorsque l'on
parle de l'avarie d'un aliment. Une humidité relative
élevée est favorable aux microorganismes, même si la
température est basse. Si les réfrigérateurs n'ont pas de
dégivrage, le milieu devient très humide et permet alors la
multiplication des germes microbiens. De plus, si on place un aliment
très sec dans un milieu humide, l'aliment aura tendance
à absorber très rapidement l'humidité et
à offrir aux microorganismes un environnement favorable à leur
croissance.
La présence de gaz
Si on emballe des aliments dans une pellicule plastique, cela
favorise la diffusion de l'oxygène. Ceci permet donc la croissance de
contaminants microbiens superficiels. Pour ce qui est du gaz carbonique (CO2),
sa présence nuit à plusieurs microorganismes. Un excès de
ce gaz permet d'abaisser le pH et ainsi de limiter la croissance des agents
microbiens. Par contre, d'autres organismes vont très bien
croître, mOme en présence de gaz carbonique.
1-1-2 La qualité microbiologique des
denrées alimentaires
Les micro-organismes sont de minuscules organismes vivants.
Les principaux micro-organismes que nous retrouvons dans nos aliments sont les
bactéries, les levures et les moisissures.
A côté des micro-organismes utiles, comme par
exemple ceux qui assurent la fermentation de la bière ou la
transformation
du lait en fromage et en yaourt, il en existe d'autres - plus
à
risque et donc indésirables - qui déterminent la
qualité microbiologique des aliments. Cette qualité est
déterminée
par le type et le nombre de micro-organismes qui sont
présents dans la denrée alimentaire.
Le type de micro-organisme est important parce que seul un
nombre limité de micro-organismes est nocif. Le nombre est important
parce qu'un micro-organisme nocif seul ne présente pas de danger pour
l'homme. Il en faut au moins une certaine quantité pour que le
consommateur en soit malade.
Certains de ces germes non désirés sont
relativement anodins, ils peuvent néanmoins provoquer la pourriture.
Pensons seulement à l'aspect peu attrayant de fruits pourris ou au
mauvais goUt de lait tourné ou de beurre ranci. L'avantage de ces germes
est que leurs effets sont détectables à l'oeil nu ou au goUt, ce
qui donne un avertissement aux consommateurs.
D'autres micro-organismes sont par contre susceptibles de nous
rendre
malades. Leur présence peut avoir différentes
causes: la mauvaise qualité des matières premières, le non
respect
des règles d'hygiène lors de la préparation
ou de mauvaises conditions de conservation.
Le problème avec ces micro-organismes dits
pathogènes est qu'ils ne sont pas repérables par le
consommateur.
Une denrée alimentaire peut en effet avoir l'air sain et
mOme avoir un goUt agréable, alors qu'elle contient pourtant des
bactéries mauvaises pour la santé.
Bien sûr, les bactéries n'apparaissent pas
spontanément. Trois conditions doivent être remplies pour que des
bactéries
puissent se multiplier de manière optimale. Elles ont
besoin de suffisamment de nourriture et d'eau ainsi que
d'une température agréable (30-40°C).
Par ailleurs, il y a des circonstances dans lesquelles les
bactéries ne prolifèrent pas. Les micro-organismes ne pourront
pas se développer s'il y a trop de sucre (sirop) ou d'acide (oignons
dans vinaigre) dans un aliment.
Le fait que des micro-organismes ne pourront pas (ou moins vite)
se développer dans certaines circonstances
est une bonne chose pour l'homme. Un micro-organisme (ou
même quelques uns) ne rendra pas un homme malade.
Par contre, quelques micro-organismes nocifs qui ont eu le
temps de se reproduire de multiples fois entraîneront bien des
problèmes. C'est la raison pour laquelle il importe de limiter ou
d'éviter complètement cette multiplication.
Comme nous indiquons ci-dessus que tout produit ne conviendra
pas pour la reproduction rapide de micro-organismes, nous répartirons
les produits alimentaires en deux catégories:
les produits microbiologiquement stables (multiplication lente de
microorganismes)
et instables (multiplication rapide de micro-organismes).
a) Les produits microbiologiquement stables
Ce sont, par exemple, les conserves, les
aliments secs ou déshydratés, les produits à teneur
élevée en sucre ou les aliments très
acides qui peuvent être conservés à
température ambiante. Au cours de la production de ces aliments, les
micro-organismes présents sont supprimés ou
maîtrisés pour empêcher leur développement. En
général, ces aliments sont encore sûrs et aptes à la
consommation, même quelque temps après que la date de
durabilité soit dépassée.
b) Les produits microbiologiquement instables
Ce sont, en revanche, des aliments non
préparés, crus, qui n'ont en général
été soumis à aucun traitement de conservation "dur"
(stérilisation,...) et qui sont plus périssables. Il s'agit
essentiellement de produits frais qui doivent être conservés
à basse température. C'est le cas, par exemple, du yoghourt, du
fromage frais, de la charcuterie coupée en tranches, de légumes
prédécoupés et préemballés, des repas
préparés vendus dans les comptoirs
réfrigérés, du lait pasteurisé,...
Toutes ces denrées alimentaires constituent un milieu
idéal pour le développement des bactéries.
Le stockage au frigo peut ralentir le développement de
certains germes pathogènes, mais ne peut généralement pas
l'inhiber complètement. C'est pourquoi il importe tellement de tenir
compte de la date limite de conservation et de la température
préconisée.
1-1-3 La Toxi-infection Alimentaire Collective (TIAC)
Qu'est-ce qu'une TIAC ?
Un foyer de toxi-infection alimentaire collective (TIAC) est
défini par l'apparition d'au moins deux cas groupés similaires
d'une symptomatologie, en général digestive, dont on peut
rapporter la cause à une même origine alimentaire.
a) Les diverses sources de contamination
- La préparation des denrées
-Les aliments
-Le personnel
b) Quelques germes responsables
Staphylocoques
Clostridium
Histamine
Listeria
Salmonelles Autres
Staphylocoques
Cause : entérotoxine du staphylocoque doré
thermorésistante (toxine secrétée dans l'aliment)
Incubation : 3 heures en moyenne
Symptômes : vomissements, nausées, salivation,
douleurs abdominales, prostration, pas de fièvre
Traitement : guérison rapide grâce à de
petits soins
Origine : homme (peau, cheveux, plaies, panaris, affections de la
gorge)
Denrées à risques : pâtisseries,
crèmes, mayonnaise, viandes hachées
Clostridium
Cause : Clostridium perfringens (toxine produite dans le tube
digestif
Incubation : 12 à 18 heures
Symptômes : douleurs abdominales, diarrhées, pas de
vomissement, pas de fièvre
Traitement : guérison rapide spontanée en 24 heures
Origine : tube digestif des animaux, terre, eau
Denrées à risques : viandes en sauce, en bouillon,
rôtis, rillettes, riz
Histamine
Cause : amine de dégradation des protéines,
l'histamine Incubation : 2 heures au moins
Symptômes : bouffées de chaleur, prurit,
nausées, vomissements, oedème
Traitement : guérison rapide, antihistaminique à
action rapide Denrées à risques : thon
Listeria
Incubation : 4 jours à 6 semaines
Symptômes :
· Grippe, maux de tête, convulsions
· Méningites, septicémies, avortements,
infections néonatales, gastro-entérites
Mortelle dans 20 à 30% des cas
Sujets à risque : enfants, femmes enceintes, personnes
âgées, personnes immunodéprimées
Origine : sol, boue, eau, végétaux, fourrages,
maïs, environnement industriel usines et laiteries
Denrées à risques : fromages à pâte
molle, charcuteries, poissons fumés
Salmonelles
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Incubation : 10 à 24 heures Symptômes :
· douleurs abdominales, diarrhées, vomissements,
fièvre, céphalées, asthénie,
· guérison après plusieurs jours, cas mortels
sur les enfants et les vieillards
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Traitement : antibiothérapie Origine :
· animal (porc, volaille, oeufs)
· homme porteur sain
Denrées à risques :
· pâtisseries à la crème
· Mayonnaises, ovo produits
· oeufs pas assez cuits
· huîtres
· viandes de volaille et de boucherie c) Que faire
en cas de T.I.A.C. ?
Les TIAC figurent sur la liste des maladies à
déclaration obligatoire.
La déclaration doit se faire à la DDS.
Elle est obligatoire pour tout docteur en médecine qui en
a
constaté l'existence ou pour le chef de famille ou le
responsable de l'établissement où se trouvent les
malades.
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