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La "vie de nuit " dans la ville de Ngaoundéré au Cameroun de 1952 à  2009

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par Nicolas OWONA NDOUNDA
Université de Ngaoundéré Cameroun - Master en histoire 2009
  

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En définitive, les immigrés ont grandement contribué à la modification socioculturelle de la ville. Avec l'ouverture par les Libanais des salles de cinéma, des boulangeries, et des stations services. Les Tchadiens passent aussi pour de très bons clients dans les boîtes de nuit de la ville. Mais tout cela a des revers, criminalité, banditisme et dépravation des moeurs. Qu'à cela ne tienne, les étrangers ne sont pas les seuls acteurs de la vie de nuit.

IV. LES NOUVEAUX LOISIRS DE NUIT

Les nouveaux loisirs de nuit à Ngaoundéré sont très européanisés. En effet, il s'agit aujourd'hui de soirées passées entre amis dans un bar, de celles passées en boîte de nuit, ou autres circuits, des soirées dansantes et culturelles.

4. Les boîtes de nuit, les snack-bars et les cabarets

Les boîtes de nuit se sont développées dans la ville de Ngaoundéré dans les années 1970. La plus ancienne semble être le Babouka au quartier Joli-Soir186(*). Depuis plusieurs autres se sont développées. Nous pouvons citer entre autres le Printemps (Centre Commercial, fermé depuis 2 ans), le Tamantha (Baladji II, fermé depuis 3 ans), le Boucarou (Hôtel Transcam), le Temple d'or (Joli-Soir), et le Marhaba VIP night club (Centre Commercial), toutes trois toujours fonctionnelles. Dans le cadre de notre étude, nous nous sommes penché sur le cas du Marhaba, reconnu comme la plus en vue aujourd'hui.

Le complexe Marhaba est né en 1993 des cendres du bar La Girafe. Ce dernier appartenait à un Européen qui l'avait fermé 6 mois auparavant187(*). Le bar est donc repris par Sandjo, originaire de la région de l'Ouest. Il le transformera au fur et à mesure. Le nouveau bar est ainsi rouvert en 1993 sous le nom de Marhaba, qui veut dire "bienvenu" en arabe selon notre informateur Kouamen-Tavou, le directeur adjoint du complexe. Ce nom aurait été proposé au propriétaire actuel par un de ses collègues musulmans. En 1996 sont ouverts l'auberge et la boîte de nuit. Le cabaret suivra un an plus tard.

Il apparaît que le bar présentait l'avantage d'être au Centre Commercial, considéré comme une « zone neutre » sur le plan religieux188(*). Aujourd'hui, il emploie 11 personnes, toutes des femmes. L'explication en est que les femmes sont plus disposées à mettre le client à l'aise, puisqu'ils viennent pour se détendre. Il faut noter qu'en général, la majorité des clients est de sexe masculin. Le bar, de première catégorie 1ère classe, selon la classification établie par la loi n°90/1483 du 9 novembre 1990189(*), comporte en activité annexe une salle de jeux. La terrasse est l'endroit préféré des clients, avec ses fauteuils et depuis deux ans, le vidéoprojecteur qui permet aux clients une meilleure relaxation, en regardant un match, ou des clips vidéo de musique. Tout à côté, nous avons la boîte de nuit : le Marhaba VIP Night Club.

Photo 3 : le Marhaba VIP Night Club, située au Centre Commercial de Ngaoundéré.

Cliché : Owona, le 23 août 2009.

La boîte de nuit du complexe Marhaba est donc ouverte en 1996. Elle fonctionnait de mercredi à dimanche. Mais depuis quelques années, ayant constaté le nombre peu élevé de clients le mercredi, la direction a dû opter pour des ouvertures à partir de jeudi. Elle ouvre dès 22h, et ferme au moment où s'en vont les derniers clients, généralement à l'aube. Cette partie du complexe emploie quant à elle 6 personnes (2 femmes comme barmaids, et 4 hommes pour la sécurité). Les prix d'entrée varient entre 1000 f.cfa et 2500 f.cfa selon le jour : le dimanche est fixé à 1000 f.cfa, le jeudi à 1500 f.cfa, et le vendredi et le samedi en raison de la forte affluence, les prix d'entrée sont fixés à 2500 f.cfa. Les jours de fête sont tout aussi particuliers, le 11 février (fête de la jeunesse), le 20 mai (fête nationale), le 24 décembre (réveillon de Noël), le 31 décembre (réveillon du nouvel an) ; il faut ajouter à cela les jours des fêtes musulmanes telles que la fin de la période de Ramadan ou la fête du mouton. Notons que de temps à autres, des artistes musiciens sont invités, à cette occasion, les prix sont fixés selon la popularité de l'artiste.

La "boîte de nuit" tire son nom du fait qu'elle est généralement bâtie dans un espace réduit, qui permet plus de contacts entre les personnes présentes s'il y a affluence. Les lumières sont tamisées et circulaires. Ici, les distinctions sociales se brisent facilement et laissent la place à des personnes qui veulent uniquement s'amuser. Les jours fastes, il est très facile de ressortir de la boîte de nuit et de découvrir qu'il fait déjà complètement jour. En effet, la boîte de nuit est construite comme un bunker, où aucune lumière extérieure ne pénètre et d'où aucun son ne peut s'échapper, puisque les décibels sont contenus dans cet espace réduit. Le client de la BT (sigle pour désigner la boîte de nuit dans un langage "jeune") est entraîné par la musique et l'alcool, dont les prix sont fixés en fonction du prix d'entrée ; si l'entrée est fixée à 1000 f.cfa, le prix de la boisson mis à part le whisky, est aussi de 1000 f.cfa. La moyenne d'âge des clients est de 30 ans190(*).

Les problèmes dénoncés dans le Night Club sont ceux causés par l'alcool et les disputes à cause des femmes. La drogue est un sujet tabou dans le milieu, on sait qu'elle circule, mais il est préférable de ne pas la mentionner, au risque de voir l'informateur se rétracter. Ainsi, pour le directeur adjoint du Marhaba, le problème ne se pose pas et ne s'est jamais posé dans son club. Cependant, il faut noter qu'à l'extérieur, les vendeurs ambulants de médicaments, les principaux fournisseurs de drogue de la ville font le pied de grue une bonne partie de la nuit à l'extérieur de la boîte de nuit, à côté des mototaximen, toujours prompts à raccompagner un client. Mais avant de continuer la soirée au Night Club, on peut d'abord se détendre en regardant les danseuses du cabaret mettre en valeur leurs talents de contorsionnistes.

Le cabaret Marhaba Village, rappelons-le, ouvre ses portes en 1997191(*). Il s'agit d'un espace culturel où viennent se produire des artistes en live. Il comporte une partie restaurant et un bar. Le strip-tease, spectacle pendant lequel de une ou plusieurs personnes se déshabillent d'une façon lente et suggestive, est interdit ici en raison de la situation culturelle de la région192(*). Cependant, les danseuses, dans des tenues qui cachent peu de chose, sont payées en fonction de la consommation d'alcool des clients, puisque l'entrée est gratuite. Ainsi, le prix de ces boissons est augmenté de 200 f.cfa par rapport aux prix pratiqués dans le snack bar. Les activités du cabaret commencent à 8h du matin. Sont fonctionnels le volet restaurant et le volet bar. Les spectacles quant à eux commencent à 18h et s'achèvent à 22h. Le seul autre cabaret de la ville est La Plazza, construit par la famille Dabadji au Centre Commercial, même si celui-ci est en perte de vitesse depuis deux ans. Il faut noter que quelques fois, l'espace du Marhaba Village est loué par des associations féminines ou des jeunes de la ville pour des soirées culturelles.

Photo 4: Le Snack bar restaurant La Plazza au Centre Commerciale de Ngaoundéré

Cliché : Owona, le 21 août 2009

Les soirées culturelles sont un moment de détente pendant lequel des artistes se produisent. Les résultats des différents travaux des organisateurs peuvent aussi être exposés. Ces soirées sont surtout organisées pendant la fête de la jeunesse par les élèves des établissements scolaires de la ville, regroupés autour de coopératives scolaires. On peut aussi citer les soirées culturelles organisées par les femmes de la ville pendant la journée qui leur est consacrée le 8 mars. Elles y exposent de la nourriture du terroir, et se livrent à des prestations de danses traditionnelles. Mais l'espace du complexe Marhaba n'est pas le seul utilisé pour ce type de manifestations. Les salles de fête du Lycée Classique et Moderne de Ngaoundéré et du Collège de Mazenod sont assez souvent sollicitées, même pour les fêtes de mariage et autres réceptions. La boîte de nuit du Boukarou, tout comme la boîte de nuit du Marhaba servent aussi d'espace pour les soirées dansantes.

Les soirées dansantes sont généralement organisées par des groupes de jeunes dynamiques qui, profitant d'un évènement majeur telle que la fin des examens, louent une salle propice à la fête et font danser leurs congénères jusqu'à l'aube. On peut ainsi citer des groupes de jeunes élèves et étudiants tels que le Parlement 9, ou le Bluetooth, qui se sont spécialisés dans l'organisation des "Spécial Bac", "Spécial Probatoire", "Spécial BEPC", tout cela selon le public cible. Les affiches publicitaires sont ainsi placardées dans la ville jusqu'à Dang. Ces soirées permettent de rompre avec les virées dans les bars et les soirées dans les cabarets.

Les snacks bars dans la ville se sont développés comme des champignons à partir des années 1952 et la création du quartier Baladji. Avant cette date, l'alcool est prohibé et vendu de manière frauduleuse dans le Lamidat. L'expulsion des "immigrés" camerounais installés dans l'ancienne cité permettra la libéralisation de la vente d'alcool. Les bars vont donc se développer dans presque tous les quartiers en dehors de l'ancienne cité de Ngaoundéré. Cet état de chose amènera la naissance d'activités annexes autour des bars : vente de nourriture (poisson cuit à la braise, porc, soyas...), prostitution, et racolage des serveuses des bars, ces dernières sont très souvent l'élément de fidélisation de la clientèle. Les soirées dans les bars se passent généralement en groupe. « L'alcool consommé en solitaire perd de sa saveur », nous confie un fidèle client du bar Mbambé au quartier Socaret. Il préfère offrir de la bière à quelqu'un plutôt que de lui donner de l'argent : avec l'argent il s'en irait immédiatement, or avec la bière, il reste sur place et la soirée est agrémentée de causeries sur les faits d'actualité du pays, de la ville et surtout du football. Les bagarres dans les bars sont légions, et les motifs aussi fantaisistes que saugrenus pour qui regarde de l'extérieur. On se bat pour une bière, une femme, un point de vue non partagé. On peut se rappeler par exemple cette bagarre qui éclata au bar Djabama au quartier Joli-Soir, dans la nuit du 5 avril 2008, parce que les deux boxeurs en herbe ne parvenaient pas à s'accorder sur qui d'Eto'o Fils ou de Drogba, était meilleur footballeur. Ces problèmes sont les mêmes que ceux vécus dans les circuits et cabarets de vente de bili bili.

5. Les "circuits"

Le "circuit" est une sorte de restaurant dans lequel sont proposés aux clients, des boissons alcoolisées, mets, et surtout des plaisirs sexuels par l'intermédiaire de filles officiant par ailleurs comme serveuses. Parmi les circuits les plus en vue dans la ville de Ngaoundéré, nous pouvons citer celui de Mami Frotambo au quartier Baladji I. Tenu par deux femmes ressortissantes de l'Est, ce circuit est ouvert depuis 2 ans et connaît un franc succès au regard de la qualité et de la quantité de clients qu'il accueille. Ouvert selon les heures de fonctionnement d'un débit de boisson à consommer sur place (06h-24h), l'une des propriétaires reconnaît que le circuit peut fermer à plus de minuit selon l'affluence. « Nous ne pouvons quand même pas mettre les clients dehors ! » se défend-elle193(*). Les services offerts sont la boisson et la nourriture. Pour les propriétaires, la prostitution ne fait pas partie de leur registre de travail. Pourtant, les serveuses n'hésitent pas à racoler les clients.

À la question de savoir quel est le nombre d'employées dans l'établissement, elles vous répondent qu'elles n'ont pas d'employées. En effet, elles n'en n'ont pas dans le sens où les serveuses ne sont pas rémunérées. Elles sont prises en charge par les clients. Lorsque vous venez consommer chez Mami Frotambo, vous pouvez rentrer avec une des serveuses, moyennant des sommes dont les taux sont négociés avec ladite serveuse (généralement à partir de 2000 f.cfa). Cette somme est entièrement encaissée par la serveuse, elle n'a aucun compte à rendre aux propriétaires du circuit. Il s'agit d'un échange de bons procédés puisque chacune est gagnante dans le deal. Les propriétaires en raison des boissons consommées, les serveuses, muées en prostituées, en raison de la clientèle selecte qu'elles peuvent avoir et la protection contre les intempéries dont souffrent leurs collègues du bord de la route. Il faut ajouter que cette méthode permet de n'avoir pas à déclarer d'impôts, puisqu'il n'y a pas d'employés.

Photo 5 : Le circuit Mami Frotambo au quartier Baladji I.

Cliché : Owona, le 24 août 2009.

6. Autres loisirs de nuit

Face à tous ces nouveaux types de loisirs, ils en existent d'autres plus privés telles que les soirées pyjamas. Généralement l'apanage des jeunes filles, il s'agit de se retrouver entre amies chez l'une d'entre elles et de passer la plus grande partie de la nuit dans des causeries, dont le sujet central est presque toujours les garçons. Elles peuvent aussi se faire des tresses, s'échanger des recettes de maquillage, écouter de la musique...Ces soirées se passent particulièrement chez les personnes nanties, et de plus en plus entre les jeunes filles Foulbé de la haute société de la ville qui n'ont pas la possibilité d'aller en boîte de nuit.

Si ce type de loisirs est le propre d'une jeunesse nantie. Les jeunes issus de familles moins nantis se contentent de loisirs simples tels que le babyfoot ou les jeux vidéo. Le babyfoot est généralement installé devant un domicile privé. Au départ, il est placé dans un bar pour distraire les clients qui viennent consommer. Mais, après l'acquisition d'autres jeux plus modernes tels que le billard ou le pinball (encore appelé dans le langage courant le "Taper-Taper"), le babyfoot est mis de côté. Celui que nous avons observé au quartier Joli-Soir est une relique d'un bar tombé en faillite.

Photo 6 : Groupe d'enfants jouant au babyfoot au quartier Joli-Soir

Cliché : Owona, le 23 août 2009.

Quant aux jeux vidéos, il s'agit pour les jeunes, généralement des garçons comme dans le cas des babyfoots, de se regrouper autour de plusieurs écrans téléviseurs et de jouer à la Playstation ou à la Nintendo. Les jeux et les écrans sont la propriété d'une personne qui perçoit un tribut à chaque nouveau jeu entamé par les enfants. La somme à débourser est presque toujours de 25 f.cfa. Dans la ville, nous avons pu en recenser deux : l'un avant le Carrefour Mini-Mode, en venant du Centre Commercial. L'endroit tient lieu de boutique où sont vendus des jeux vidéo en tout genre. Et l'autre au quartier Madagascar, il s'agit d'une sorte de kiosque aménagé pour permettre la distraction des jeunes du quartier et rapporter de l'argent au propriétaire, un jeune débrouillard âgé de 26 ans. Ces loisirs sont assez récents. Ils datent des années 1990 pour les babyfoots et les années 2000 pour les jeux vidéo. Le propriétaire de la salle de jeux du Carrefour Mini-Mode est un Nigérian installé dans la ville depuis 5 ans. Il a ouvert sa boutique il y a 3 ans déjà194(*).

À l'endroit même où la boutique des jeux vidéos est installée, les joueurs de damier et de "Jambo" se regroupent de temps en temps depuis 2 ans, du matin jusqu'au soir. Certaines parties peuvent même durer jusqu'au lendemain. Lorsque vous arrivez sur place, les "célébrités" du coin sont ici vénérées comme des dieux. Au compte de ces légendes vivantes, on compte un certain Caillou. Ce ressortissant de la Région de l'Ouest, tenancier d'un restaurant de trottoir, doit son surnom au fait qu'il est imbattable au Jambo. En effet, les anecdotes à son sujet sont interminables. Il se raconte que, pour les parties, il n'avait pas de concurrent. À tel point que, lorsqu'il devait parier, il laissait son adversaire le faire à hauteur de 1000 f.cfa et lui, plaçait 10 000 f.cfa. Mais jamais personne ne réussissait à lui prendre son argent. Un jour, alors qu'il avait été exclu du club, puisque n'ayant aucun concurrent, un homme vint demander à jouer une grosse partie. Il faut préciser qu'il venait à peine de toucher une cotisation, et ses avoirs s'élevaient à 350 000 f.cfa. Les complices de Caillou firent appel à lui. Naturellement, il dépouilla pendant toute la nuit le pauvre ignorant. À l'aube, lors de la dernière partie qu'il perdit, l'homme sortit un pistolet. Mais les spectateurs firent une intervention musclée. Ce sont les suppliques de l'homme qui se plaignait de ne savoir quoi dire à sa femme, qui décidèrent Caillou à lui céder 100 000 f.cfa, avec l'interdiction formelle pour l'homme de revenir jouer.

Quant au damier, les tableaux sont la propriété d'un vieil homme arrivé à Ngaoundéré dans les années 1970. Pour chaque pari, il gagne un pourcentage, lui-même n'est pas joueur. Les clubs se sont constitués en fonction des paris. Il y a le club de 500, de 1000 et de 5000 f.cfa. Ce qui lie ces personnes c'est l'amour du jeu et surtout l'oisiveté. Cette activité est pour certain le seul gagne-pain. Au nom de la devise « pas de risque pas de plaisir », c'est l'appât du gain qui fait durer les parties jusqu'au matin. L'argent passe d'une main à l'autre. On se dit toujours que cette fois est la bonne, ou que l'on partira une fois l'adversaire ruiné complètement. Et le temps passe, avec comme seule nourriture quelques kolas, bita kola, ou des cigarettes que des enfants, vendeurs ambulants proposent dans la rue passante jusqu'à 20h.

La plupart des nouveaux loisirs de nuit offrent un échantillon des modifications culturelles qui se sont opérées dans la société de Ngaoundéré avec les différentes vagues migratoires. Il faut se rendre à l'évidence qu'un peuple qui se déplace draine avec lui sa culture. Ainsi, nous pouvons évoquer certaines cérémonies traditionnelles des peuples du Sud, la présentation du fiancé dans la belle famille se fait toujours de nuit195(*). Il s'agit d'une cérémonie au cours de laquelle la famille du jeune homme vient symboliquement "frapper" à la porte de la famille de la fille. Ce n'est pas encore la dot proprement dite, mais si le fiancé en a les moyens il peut, en venant demander officiellement la main de la fille, verser ce tribut à sa future belle famille. Cette tradition a survécu aux différentes migrations. Aujourd'hui, il faut néanmoins regretter la perte de la signification de la nuit dans ce cas précis.

L'ouverture culturelle et l'européanisation progressive de la ville laissent la place à toute sorte de comportements dans la nuit. Le fait le plus remarquable est que, les activités qui se sont développées doucement ont connu deux périodes fastes. En effet, dès les années 1980, les activités du secteur formel se sont de plus en plus mises en place, la fin des années 1990 et le début des années 2000 ont quant à elles été propices au secteur informel. Cette situation nous amène à nous intéresser aux travailleurs de nuit dans la ville de Ngaoundéré.

* 186 Wanedam D., "Un soir à Joli-Soir", in L'oeil du Sahel, n°323 du 06 avril 2009, p.5.

* 187 Kouamen-Tavou C.-N., entretien tenu le 01 septembre 2009 à Ngaoundéré.

* 188 Kouamen-Tavou C.-N., entretien tenu le 01 septembre 2009 à Ngaoundéré.

* 189 Voir le décret de loi en annexe.

* 190 Kouamen-Tavou C.-N., entretien tenu le 01 septembre 2009 à Ngaoundéré.

* 191 Kouamen-Tavou C.-N., entretien tenu le 01 septembre 2009 à Ngaoundéré.

* 192 Kouamen-Tavou C.-N., entretien tenu le 01 septembre 2009 à Ngaoundéré.

* 193 Entretien avec "Mami" tenu le 01 septembre 2009 à Ngaoundéré.

* 194 Entretien tenu le 23 août 2009 à Ngaoundéré, l'interviewé n'a pas voulu donner son nom.

* 195 Entretien avec Ngintendem Abraham, le 21 novembre 2009.

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