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La persistance de l'insalubrité à  Kinshasa: de la coercition à  la conscientisation. Une approche de la communication pour le changement de comportement

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par Guillaume-Trésor Kakesa
Université catholique du Congo - Diplôme de licence en communication sociale option marketing et relations publiques 2012
  

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III. 3. Analyse et interprétation des résultats

Le principal objectif poursuivi par cette section est essentiellement explicative. Elle vise à mettre en corrélation les grandes tendances dégagées dans les lignes précédentes, afin d'établir le rapport de la causalité ou les facteurs explicatifs qui en découlent.

De prime à bord, au regard du déménagement des vendeurs le long des artères publiques, les enseignements du terrain révèlent que la notion du danger de vendre aux alentours du boulevard, ainsi que celle de l'insalubrité est bel et bien évaluée par nos enquêtés. Cette position apparait au clair dans leurs réponses à travers cet extrait :

« C'est pour éviter les encombrements parce qu'en cas d'accident, on n'est pas exempté. Aussi, parce que ce qu'ils vendent causent aussi de l'insalubrité. Il y a aussi des autorités qui se sentent gêner quand ils passent parfois on leur lance de pierre » (Mf).

Par ailleurs, si les uns essayent de comprendre cette mesure sous cet oeil, d'autres cependant, s'inscrivent en faux contre cette réglementation et pensent que celle-ci est en incompatibilité avec le vécu quotidien de la population. C'est ce qu'a fait savoir cet interviewé :

« L'Hôtel de ville lorsqu'il chasse les gens, il dit que ces gens là sont en train de salir la ville. Chasser les gens n'est pas la raison parce qu'en 2006, il fait au tant. Il a interdit la vente de l'eau en sachet mais y a pas toujours de solution. Chasser les gens c'est bien. Parmi les enfants qui vendent de l'eau en sachet, il y a des enfants des fonctionnaires qui ne sont pas bien payés. Il faut commencer par bien payer les gens pour qu'ils ne vendent plus le long des artères. Il faut d'abord commencer par résoudre les problèmes qui tourmentent l'ordre social avant de penser à résoudre la salubrité » (Mj').

Un autre réagi comme suite :

« Là où ils vendent n'est pas le marché. Mais les vendeurs ont parfois raison parce qu'ils n'ont pas de place précise pour vendre. Parmi eux, il y a des gens qui ont payé le frais pour avoir un étalage dans un marché, mais ils sont ballotés par ceux qui perçoivent cet argent » (Mm).

Restant dans cette logique, une filiation s'établie entre la première et la deuxième question où deux tendances se manifeste également sur la perception du salongo. Ainsi, comme on peut le constater, le contact avec le terrain indique à ce propos que, pris de manière singulière, le salongo en tant qu'initiative de développement est estimé à sa juste valeur pour certains, tel que cela se laisse entendre à travers cette déclaration :

« Le salongo est bon pour assainir notre pays » (Fe).

Cependant, un autre camp de son côté voit en ce salongo un obstacle à leurs activités commerciales, mais aussi comme une mesure à double vitesse : « Je ne vois pas la raison d'être de ce salongo, parce que c'est empêcher les gens pour rien. Au moment où ils nous interdisent de vendre les libanais ouvrent leurs magasins. Ce salongo de samedi est un manque à gagner pour nous ».

En rapprochant de plus près ces avis, malgré la divergence avec un écart aussi moindre entre l'opinion défavorable et favorable sur la perception du salongo, il se dégage dans cette étude que, le salongo se présente ici comme un facteur propulsant de la propreté et en tant que telle, il est une expérience quotidienne. En ce sens, il sied de noter que, les gens ne s'opposent pas au changement dans l'absolu. Ce qu'ils refusent, c'est un changement dont ne ils partagent les règles de jeu.

A l'inverse, même si le salongo mérite une acception utilitaire dans l'esprit des personnes enquêtées, ses répercussions sur le terrain restent infécondes. Cela apparait en clair dans la cinquième question de notre entretien relative aux résultats de cette approche. En conséquence, étant une vision non partagée, le salongo a engendré dans le chef des individus le sentiment de démotivation ou le manque des raisons d'agir, lequel conduit à son tour à une désobéissance passive. Ceci pour éviter d'entrer en conflit avec la loi. Ainsi dans sa pratique, si les uns essayent de mettre une propreté de façade, les autres par contre croisent les bras ou d'autres encore juge mieux de rester chez eux et n'attendent que la fin du salongo. C'est ce qu'explique cette enquêtée :

« Aujourd'hui les gens ne travaillent plus. Ils restent chez eux pendant le salongo et ne viennent qu'après celui-ci pour vendre. Aussi, pendant le salongo, je peux rester devant ma boutique qui est bien sûre fermée. Même si je ne travaille pas, les policiers ne font rien, même si je n'ai pas balayé devant ma boutique, leur problème est qu'ils n'aiment pas voir les gens vendre pendant le salongo » (Fg).

Ce répondant de son côté passe au crible les résultats de cette approche :

« Comme à l'accoutumé, on vient à 11 heures or, le salongo débute en principe de 8 heures à 10 heures. La saleté est partout. Même un petit enfant peut dire que la saleté est partout. Il faut dire les choses telles qu'elles sont. Il faut que les gens commencent par être sérieux dans tout ce qu'ils font, la sériosité doit commencer par la tête. Même toi, quand tu sors ici tu feras le même constat que moi. Quand je parle qu'eux-mêmes doivent être d'abord sérieux pour le cas de ce salongo, est-ce qu'il est respecté ? Il doit chercher à savoir pourquoi il n'est pas respecté. Il envoie des policiers qui viennent chercher de l'argent tout simplement » (Mj).

Une relation d'implication se trace entre la cinquième, la troisième et la quatrième question venant ainsi expliquer les causes de cet insuccès. Les réalités de terrain attestent à ce sujet que contre toute attente, le salongo n'est qu'une opportunité mis en profit des agents de l'ordre pour malmener les paisibles citoyens afin de remplir leurs poches. Sentiment d'un rendez-vous manqué du côté des personnes enquêtées, le salongo est en revanche un motif de joie pour les agents de la police. Voilà pourquoi pour atteindre leurs objectifs, ces agents mettent en avant plan les infractions non fondées. Une maman raconte ici cette indignation :

« Il y a d'autres policiers qui ne sont même pas envoyés, qui n'ont même pas l'ordre de mission. Ils peuvent vous trouver déjà à la fin du salongo, mais ils confisquent tout de même la marchandise qui n'arrivera même pas à la commune. Parfois ils les revendent chez d'autres personnes. Ils s'intéressent à l'argent, travailler ou ne pas travailler, il suffit de leur chercher quelque chose » (Fe).

A cela s'associe l'outrance observée dans le déménagement des vendeurs le long des artères publiques et pendant le salongo, où la méchanceté et la force s'embrassent. Aussi, la relation qui caractérise les agents de l'ordre et les vendeurs à ce moment est semblable celle d'un chien face à un chat. Le tabac, l'arrestation, la destruction des marchandises et des étalages sont au rendez-vous. Les victimes de leur côté assistent impuissant devant ces actes sadiques. Tel qu'on peut lire dans cet extrait des questions 1, 2 et 3 :  

« Ce que nous voyons de mal dans ce pays ce quoi : ils viennent nous frapper, jeter nos marchandises, ce n'est pas bon. Il faut de la douceur, plutôt que de frapper, de renverser nos marchandises, en les sabotant et en même temps vous confisquer notre argent, ce n'est pas comme cela. Nous nous sentons comme étrangers. Un étranger d'ailleurs vit en paix dans ce pays, mais pourquoi pas nous patriotes. Un patriote doit se sentir dans ces droits, qu'il soit en paix parce c'est son pays. Les étrangers viennent ici, ils sont en paix pourquoi pas nous. Nous citoyens, nous sommes devenus des étrangers ? Ce n'est pas bon » (Mb).

Bien au de là de « l'in-considération », un autre élément du fiasco de cette politique d'assainissement s'explique à travers l'inexistence d'une communication interactive. L'on peut constater à ce sujet que, dans son texte législatif numéro 088 du 10 mai 2010 portant sur mesures collectives d'assainissement dans la ville de Kinshasa, l'Hôtel ne se limite qu'à définir les objectifs organisationnels de base notamment, celui d'assainir la ville. En mettant cependant de côté, les objectifs communicationnels ayant pour vocation de véhiculer la vision du changement. Or, les objectifs organisationnels sont indissociables des objectifs communicationnels. Découvrons cela à travers ces propos des questions 2, 4, 5 et 6 :

« L'Hôtel de ville ne pouvait pas descendre dans tous les marchés, l'Hôtel de ville ne devrait pas descendre dans toutes les rues, mais peut être il devrait sensibiliser. Par exemple, nous au marché, je vois l'administrateur, il est l'autorité du marché. Il peut venir même avec un micro, il commence à parler. S'il ne parvient pas à rassembler le marché et les vendeurs, mais il peut passer de tabler à table ou de rangé à rangé parler avec un microphone : voilà nous devons assainir notre milieu, pour y arriver, il faudrait ceci, il faudrait cela. Mais chose qui ne se fait pas, les gens prend le mot salongo, comme ça là, salongo, salongo, salongo mais les bras croisés, salongo mais on reste à la maison jusqu'à 9 heures » (Ms).

Un autre a renchéri en ces termes :

« L'Hôtel de ville n'a pas eu le temps de descendre pour des exercices sur les méthodes qu'on doit utiliser. En 2010, l'Hôtel de ville a placé des poubelles publiques. Il n'a pas eu le temps de bien expliquer aux gens. L'Hôtel de ville doit être responsable. Les gens doivent avoir des garde-fous. Il doit bien gérer leur mesure » (Mm).

Les déficits du système organisationnel en matière d'assainissement viennent se joindre aux éléments précédents. Les résultats d'enquête démontrent à ce sujet que l'absence des poubelles publiques, l'abandon des immondices ou encore l'inexistence d'un réseau d'assainissement ayant en sa charge le ramassage permanent des ordures, le traitement, le recyclage et la valorisation demeurent un écueil majeur à ce voeu d'assainissement. A ce propos il sied de souligner que, si les objectifs organisationnels de leur part ne sont pas atteints, la communication ne peut pas suppléer ce vide. Les deux objectifs fonctionnent de façon symétrique. Nos enquêtés ont fait savoir à ce sujet ce qui suit :

« Si partout il y avait des poubelles, ça serait une bonne chose. Mais il ne suffit pas de déposer des poubelles, sans les vider, sans suivi. C'est encore pire que de laisser les gens vivre dans l'insalubrité » (Fn).

Réagissant à ce propos, ce Papa attribue ce sors à l'impréparation :

« On a lancé la campagne chaque jour, chaque samedi salongo, les chefs des entités ou les chefs des marchés et les chefs des rues devraient se préparer en conséquence. Par exemple, chercher les éboueurs, les gens qui devaient assurer le transport ou faire le déplacement des immondices après que les vendeurs ou les gens de la rue aient balayé. C'est une formation, aussi de la préparation. Alors ce manque de préparation, c'est qui a fait que ce système puisse échouer et donc, le salongo » (Ms).

Toutes les critiques à l'égard de cette approche, incluent les propositions des enquêtés aux questions 6 et 7. Ainsi, les informations de terrain stipulent que pour s'approcher de son objectif, l'Hôtel de ville de Kinshasa à tout intérêt de repenser sa politique d'assainissement. En revanche, l'échantillon des personnes enquêtées estiment à cet effet que, la voie à emprunter est celle qui aboutisse au déclenchement de la remise en question de l'insalubrité par les sujets concernés. Cela, en mettant en exergue les inconvénients de l'insalubrité d'une part et les bénéfices individuels que collectifs de la salubrité de l'autre part. Car, il ressort de ce constat qu'en concevant le changement de cette façon, la politique de l'autorité urbaine de Kinshasa passe non pas à côté du fléau mais plutôt, loin de celui-ci. Les discours des enquêtés à ce sujet demeurent sans détour, comme le préconise l'un parmi eux à travers cet extrait :

« Qu'on prenne des sifflets, des tam-tams, qu'on interpelle la population. C'est un problème de mentalité et de conscience, parce que dans la vie on peut tout tromper sauf sa conscience. Ce qu'on dit à lingala `` zonga mutu. Soki ozongi mutu, okosumba na nzela te, okosuba na nzela te''. Ainsi, faire des ateliers bibliques, animer des conférences par exemple sur des maladies causées par l'insalubrité, en montrant les gens qui sont déjà touchés. Il faut des conseils. Moralement, ça sera une bonne chose » (Mj'').

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein