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Déterminants des taux d'intérêt débiteurs au Burkina Faso

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par Hamidou ZANRE
Université Saint Thomas d'Aquin de Ouagadougou Burkina Faso - Maà®trise en sciences économiques  2012
  

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I.2. REVUE DES TRAVAUX EMPIRIQUES.

D'une manière générale, il existe très peu d'études empiriques réalisées sur les déterminants des taux d'intérêt surtout dans le cadre de l'UEMOA (REM, juin 2008).

ü Interprétation de la montée des taux d'intérêt réels de l'OCDE.

L'étude de l'OCDE réalisée par A. ORR, E. MALCOM et M. KENNEDY (1995) apparait représentative à l'époque car reflétant la croyance académique, à la fois par ses postulats et ses conclusions. Elle teste une relation de long terme pour 17 pays de l'OCDE qui est en totale conformité avec le paradigme d'équilibre néo-classique sur le marché des capitaux. Ces auteurs ont retenu dans leur modèle comme variables, Rt ; le taux d'intérèt réel tendanciel à long terme (variable expliquée) , ?t ; la mesure du taux de rendement du capital, gdt ; un idicateur de la position d'épargne des administrations publiques par le déficit public ou l'endettement net par rapport au PIB, ât ; une mesure du risque lié à la détention d'un portefeuille d'obligations nationales, c?t ; le solde de la balance des opérations courantes lissé par une moyenne mobile sur cinq ans , ð ; une moyenne à long terme de l'inflation passée et ðe qui correspond à l'anticipation de l'inflation future mesurée à l'aide d'un filtre Hodrick-Prescott.

Au terme de l'étude, les auteurs aboutissent à la conclusion suivante: « Les balances courantes et les déficits publics sont d'importants déterminants des variations des taux d'intérèt réels ».

Cependant, il faut noter qu'à l'issu de l'étude, aucun lien de court terme ne s'est avéré économétriquement pertinent, alors que la théorie économique affirme l'existence d'une relation entre les taux longs et les taux courts. C'est d'ailleurs le résultat auquel est parvenu S. AKHTAR (1994) dans son étude empirique consacrée à l'influence de la politique monétaire sur les taux d'intérèt longs réels aux Etats Unis. L'aboutissement de son travail lui a permis de mettre en évidence une influence positive et significative comprise à long terme entre 1/3 et 2/3 (voire de causalité) entre les taux nominaux courts et longs. Il en est de même pour l'étude de J. B. TAYLOR (1993) qui sera élucidée dans la suite de la présente revue de littérature. Aussi l'utilisation des soldes structurels dans l'estimation du modèle pose-t-elle problème car à long terme, ce sont les soldes budgétaires effectifs qui sont significatifs puisse qu'il s'agit de démontrer l'influence exogène des besoins de financement publics.

ü Dette publique et taux d'intérèt dans le cadre d'un modèle structuraliste.

E. PHELPS (1994) tente d'appuyer empiriquement la thèse selon laquelle la montée de l'endettement public accroit le taux d'intérêt réel mondial, appliquant au monde une logique d'économie fermée. Selon lui, le taux d'intérêt mondial est déterminé par le stock de dette publique, le stock de capital, les dépenses gouvernementales et les variations transitoires du prix du pétrole. L'étude est basée sur 17 pays de l'OCDE et les variables retenues sont les suivant : r; le taux court nominal mondial moins la variation de l'indice des prix à la consommation, rdebtt ; le ratio de dette publique rapporté au PIB mondial, rkt ; le stock mondial de capital rapporté au PIB mondial, rmilt ; la part des dépenses publiques militaires dans le PIB mondial, rgnt ; la part des dépenses publiques civiles dans le PIB mondial, poilt ; l'écart à sa tendance, calculé par une moyenne mobile sur cinq ans du prix réel du pétrole et inflt, la variation de l'inflation mondiale.

Le premier terme est un indicateur de richesse mondiale (rdept + rk). Lorsqu'il s'accroit, la hausse de la consommation induite provoque un déséquilibre sur le marché des capitaux et une hausse des taux d'intérêt réels.

Le second (rk) associe à la hausse de l'accumulation du capital productif, un excès d'offre sur le marché des biens, une baisse relative des prix de consommation, une hausse relative du prix du capital et donc une baisse du rendement du capital.

Les quatrième et cinquième, relatifs aux dépenses publiques testent un lien dont le sens reste largement indéterminé par le modèle théorique. Leur effet sera à priori différent selon qu'il s'agisse de dépenses militaires ou civiles ; les premières étant supposées plus discrétionnaires et d'avantage tournées vers la demande de biens en capital.

Enfin, l'écart entre le prix relatif du pétrole et sa moyenne mobile au cours des cinq années précédentes implique qu'une augmentation transitoire du prix réel du pétrole entraine une baisse de revenu, et compte tenu de l'inertie de la consommation des ménages, une baisse de leur taux d'épargne qui renchérit le coût de l'argent.

A la suite de E. PHELPS (1994), une autre étude réalisée par T. HELBLING et R. WESCOTT (1995) sur le rôle de l'endettement public dans la formation des taux d'intérêt a permis d'aboutir aux résultats suivants:

Selon les relations de cointégration qu'ils obtiennent, une hausse de dette publique mondiale de 1 point de PIB est associée à une hausse du taux d'intérêt court de 0,2 points et une hausse du taux long de 0,13 points, une hausse du rendement du capital de 1 point est associée à une hausse du taux court de 0,66 points et à une hausse du taux long de 0,53 points. T. HELBLING et R. WESCOTT (1995) concluent alors que: « la hausse du niveau de l'endettement public mondial par rapport au PIB depuis le début des années 1980 est le facteur le plus important de la hausse globale des taux d'intérêt ».

Une fois de plus la thèse selon laquelle, la dette publique constitue un facteur explicatif important des taux d'intérêt a été admise.

Pourtant, cette thèse peut être controversée suite à une analyse plus poussée des phénomènes. En tenant compte de la valeur des coefficients, l'explication de l'évolution des taux d'intérêt est dominée avant tout par le niveau de stock de dette publique (l'impact du stock de capital est presque nul lorsque l'on regroupe les termes de l'équation), le niveau des dépenses militaires et l'écart à sa tendance des prix du pétrole. Ces constats permettent de montrer la faiblesse de la preuve empirique de E. PHELPS en observant le graphique utilisé par ce dernier (voir graphique en annexe4).

Le calcul de la variable endogène peut être contesté (voir graphique en annexe4). Les principales inflexions du taux court réel mondial sont avancées d'un an par rapport aux séries communément mesurées.

La baisse des taux réels dans la première moitié des années 1970 relève alors intégralement de la variable ad hoc et surpondérée que constitue le poids des dépenses militaires (voir graphique en annexe4).

S'appuyant sur le prix du pétrole, le modèle parvient à expliquer la hausse des taux en 1979, période où les dettes publiques ne dérivent que pourtant modérément.

Ce n'est qu'à partir de 1982 que la dette publique (voir graphique en annexe4), joue son influence haussière.

Finalement, l'étude laisse penser que la preuve empirique avancée par E. PHELPS apparait comme un assemblage de variables qui se contredisent en ce qui concerne l'influence de la dette publique sur les taux d'intérêt (comparaison des résultats graphiques et de la régression économétrique).

En outre, l'exemple du cas américain de 1979-1992 montre qu'environ deux ans séparent le moment où le taux d'intérêt s'élève brusquement au tournant des années 1979-1980 et celui où le déficit budgétaire s'éloigne fortement et durablement de sa tendance passée (voir graphique en annexe4). Les détentes de la politique monétaire entre 1984 et 1986 et 1986 et 1992 semblent en retour avoir été favorables à des résorptions ultérieures du déficit. Il est donc moins aisé de dégager une liaison (simultanée ou décalée) partant du déficit public et allant vers les taux.

ü Evolution des taux courts américains entre 1987 et 1992.

C'est l'étude réalisée par J.B. TAYLOR (1993). En synthétisant les élasticités caractéristiques issues des estimations économétriques, il aboutit à la formule suivante:

i = 2+ð+0,5Y/Y*+0,5(ð-2), où i est le taux au jour le jour sur les fonds du système fédéral, la constante (2) représente le taux réel d'équilibre de longue période, ð est le taux de croissance en glissement annuel du déflateur du PIB, Y/Y* est l'écart du PIB à sa tendance et (ð-2) représente l'écart de l'inflation courante à une cible définie par la banque centrale estimée à 2%. Les taux courts sont donc des déterminants importants des taux d'intérêt longs.

Les banques de second rang intègrent donc cette équation dans la détermination des taux d'intérêt du marché. Le lien entre les taux courts et les taux longs n'est donc pas à négliger.

ü Liaison entre taux d'intérêt, croissance et dette publique.

O. PASSET (1997) est parvenu à établir une liaison entre le taux d'intérêt, la croissance et la dette publique.

Si le taux d'intérêt réel est supérieur au taux de croissance de l'économie, la persistance d'un déficit primaire n'est pas compatible avec la stabilité du taux d'endettement public.

L'écart de croissance constitue un indicateur synthétique croisant plusieurs fondamentaux qui, en théorie gouvernent la formation des taux d'intérêt. En tant qu'indicateur d'accélération ou de décélération de la croissance, l'écart de croissance peut influencer la formation des taux d'intérêt courts, en particulier si l'on considère que la position dans le cycle, intervient dans la fonction de réaction des banques centrales et que les taux longs sont en partie endogènes aux taux courts. Il peut également être interprété comme un indicateur d'inflation par la demande. Quantifier donc le degré des tensions sur l'offre, permet alors d'isoler une composante de l'inflation anticipée et de ce fait, un facteur influençant la formation des taux nominaux. Enfin, indicateur de rigidité relative de l'offre globale par rapport à la demande, l'écart de croissance peut être considéré comme un détecteur de déséquilibre ex-ante entre l'épargne et l'investissement. En phase haute du cycle économique, il est légitime de suspecter un risque de rareté de l'épargne lorsque l'insuffisance des capacités de production ne permet plus de dégager un revenu en ligne avec la consommation et l'investissement national. Il en résulte alors une hausse des taux d'intérêt.

Il ressort de ce résultat que l'influence de l'écart de croissance sur la formation des taux d'intérêt n'est pas directe. Son influence se ressent directement sur l'épargne et l'investissement ; ce qui permet de déterminer les taux d'intérêt. Une étude économétrique sur des données bien déterminées pourrait rendre plus pertinente de telle étude.

ü Les principales raisons du niveau élevé des taux d'intérêt dans l'UEMOA.

Une récente étude réalisée par D. AW (2010) révèle qu'il existe principalement quatre raisons qui expliquent le niveau élevé des taux d'intérêt dans l'UEMOA:

- Le risque important de défaut de paiement des emprunteurs,

- Le manque de projets bancables,

- L'absence de normes comptables,

- La faiblesse du système judiciaire.

Ce travail qui se veut empirique, comporte des faiblesses car elle fournit très peu d'informations concernant les facteurs déterminants des taux d'intérêt au sein de l'union. L'étude parait plutôt théorique qu'empirique.

ü Les crédits et les taux d'intérêt.

Au niveau financier, il ressort de l'étude réalisée par S. K. KONAN (2008) que les pays de l'UEMOA qui ont enregistré une évolution plus importante des crédits à l'économie, ont tendance à avoir des taux d'intérêt plus faibles. En outre, le risque de défaut de paiement des PME et des particuliers étant présumé plus élevé, fait que ces derniers sont confrontés à des taux d'intérêt plus élevés. Par conséquent, dans les pays où la part relative des crédits alloués aux PME et aux particuliers croit vite, les taux d'intérêt ont tendance à être plus élevés. A l'inverse, lorsque les crédits alloués aux clients présumés plus solvables (Etats, grandes entreprises) augmentent plus vite, les taux sont plus faibles.

Le volume des crédits accordés à l'économie, le risque de défaut de paiement des emprunteurs et la nature de ces derniers (solvables ou non) constituent au sein de l'UEMOA des déterminants clés des taux d'intérêt.

ü Déterminants des taux débiteurs dans l'UEMOA.

L'équation retenue par l'auteur dans le cadre de l'étude sur les déterminants des taux débiteurs au sein de l'UEMOA est la suivante :

lnIDi,t = ?i + á1 lnCEi,t + á2 lnICi,t + á3 lnIPCi,t + á4 lnPIBRHi,t + á5 lnTBDPi,t

+ á6 D1i,t*lnTBDPi,t + á7 D2i,t *lnTBDPi,t8D3i,t *lnTBDPi,t

IDi, t est le taux d'intérêt débiteur nominal du pays i à la période t.

CEi, t le niveau de crédits du système bancaire à l'économie en termes réels, dont la pertinence dans l'explication du taux débiteur est prouvée par le fait que ce dernier est défini par la confrontation entre l'offre et la demande de fonds prêtables.

ICi, t est le taux d'intérêt créditeur.

IPCi, t est l'indice des prix à la consommation.

PIBRHi, t est le PIB réel par habitant.

TBDPi, t est le taux brut de dégradation du portefeuille qui est le ratio du niveau des créances en souffrances et du niveau des crédits octroyés.

D1i, t , D2i,t , D3i,t sont respectivement des variables indicatrices : (i) d'un risque élevé de défaut (appelé aussi risque d'insolvabilité), caractérisant principalement les PME/PMI et les Particuliers,

(ii) d'un faible risque de défaut caractérisant les grandes Entreprises et (iii) d'une absence de risque de défaut, caractéristique de l'Etat, sa signature étant réputée solvable.

Dans cette étude réalisée par la REM (2008), les conclusions suivantes ont été dégagées en ce qui concerne les déterminants des taux d'intérêt débiteurs au sein de l'UEMOA :

Comme attendu, l'inflation accroît significativement le taux d'intérêt. En revanche, l'impact du revenu par habitant n'est pas significatif, ce qui dénote de l'ambiguïté de l'influence du revenu sur le taux d'intérêt.

L'effet du crédit bancaire à l'économie n'est pas significatif mais son signe négatif est conforme aux attentes, c'est-à-dire qu'un accroissement du crédit a tendance à réduire le taux d'intérêt. En outre, le taux créditeur a un effet positif et significatif sur le taux débiteur.

L'influence du taux brut de dégradation du portefeuille (TBDP), qui caractérise ici le risque de crédit, est significative et son signe négatif est révélateur d'un phénomène spécifique aux pays en développement et en particulier à l'UEMOA. Il s'agit du fait que l'effet indirect (négatif) qui consiste à un rationnement du crédit (au profit des demandeurs ayant un risque moins élevé), domine l'effet direct (positif) qui entraîne plutôt une hausse de la prime de risque et donc du taux d'intérêt. Par ailleurs, l'effet indirect s'appréhende mieux en différenciant le risque de crédit suivant les trois types de débiteurs retenus dans l'étude, à savoir: le groupe des PME/PMI et Particuliers, le groupe des Grandes Entreprises et enfin celui représentant l'Etat. Le risque associé à ces deux derniers types de débiteurs, quoique non significatif, est positif, ce qui signifie que l'effet direct est plus lié au risque des Grandes Entreprises et de l'Etat. En revanche, avec un coefficient significatif et négatif, le risque lié aux PME/PMI et aux Particuliers est caractéristique de l'effet indirect. Deux enseignements peuvent est tirés de ces évolutions :

Premièrement, l'effet du risque de crédit global est le reflet du risque dû au groupe PME/PMI et Particuliers qui sont les demandeurs présumés les moins solvables ;

Deuxièmement, la sélection des demandeurs de crédit se fait au profit des agents présumés les plus solvables (Grandes entreprises, Etat) qui bénéficient en général de taux d'intérêt plus bas. Ainsi, face à une dégradation de leur portefeuille, les banques procèdent-elles plus à une sélection des clients selon des critères de solvabilité.

******

Au cours de ce chapitre, nous avons passé en revue la littérature concernant les déterminants des taux d'intérêt. Il en ressort que la politique monétaire, les déficits publics, les chocs pétroliers, l'inflation, l'écart de croissance, les déséquilibres entre l'épargne et l'investissement, le rendement des capitaux des entreprises, les risques, les taux créditeurs, le niveau des crédits, l'objet du crédit et la nature du bénéficiaire du crédit constituent des facteurs explicatifs des taux d'intérêt. Le chapitre suivant de notre étude tentera d'apporter des informations sur la politique monétaire mise en place dans l'UEMOA et de cerner les procédures de détermination des taux débiteurs des établissements de crédit du Burkina Faso.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon