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La question de la décroissance chez les verts français

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par Damien ZAVRSNIK
Université Aix- Marseille  - Diplôme d'études politiques 2012
  

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Chapitre 6 : Approche conceptuelle de l'identité partisane des Verts français

L'approche par les clivages socio-historiques nous a permis de situer le projet idéologique des partis Verts dans une optique de long terme et de mieux cerner l'influence de la décroissance. Cette hauteur de vue n'est cependant pas suffisante pour mettre à jour une influence spécifique sur l'identité partisane du parti écologiste français.

Nous présenterons ici une autre gamme d'outils conceptuels issus de l'approche entrepreneuriale des partis politiques. Cette tradition d'analyse dans la lignée des Weber, Michels ou encore Schumpeter se focalise en outre sur les enjeux et rapports de force internes aux partis. Le regard du chercheur ne se porte plus sur les contradictions sociales qui structurent l'espace politique mais sur les tensions qui traversent les formations partisanes. Dans ce cadre nous accorderons un intérêt particulier au processus permanent de construction identitaire dont les partis sont l'objet. Ces derniers sont en effet des entités composites qui évoluent au gré des luttes de pouvoir et des modifications de ses enjeux propres. Ils contiennent une diversité d'acteurs qui produisent chacun du sens et façonnent l'identité du parti en s'appropriant l'idéologie à leur manière. L'approche entrepreneuriale des partis offre alors une grille de lecture opportune pour ciseler les implications de la décroissance dans la matrice identitaire des Verts français.

Les partis peuvent donc être définis comme des entreprises idéologiques et culturelles. Leur objectif d'accession au pouvoir ne se fait cependant qu'au prix d'une production identitaire cohérente qui en fait des  « institutions de sens ». L'identité partisane n'est pas pour autant figée et donne lieu à des logiques stratégiques et de représentations différentes.

1. Les partis comme entrepreneurs doctrinaux et culturels

L'approche par l'idéologie a connu des modifications substantielles depuis la définition par Maurice Duverger des partis comme « groupements idéologiques ». Ce type d'analyse prête le flanc aux critiques d'une conception essentialiste des doctrines partisanes. Il est en effet trop restrictif de considérer un parti politique comme un tout idéologique uniforme d'autant que les fondements idéologiques sont souvent difficiles à saisir. Les politistes ont tenté de remédier à ces défauts en mettant en avant le caractère « entrepreneurial » des formations partisanes. Les partis sont envisagés comme des entreprises de conquête du pouvoir agissant sur des marchés politiques. Malgré l'intérêt de cette approche il convient de ne pas négliger les dimensions culturelles et sociétales des partis.

La notion de parti entreprise permet d'utiliser l'idéologie comme un moyen d'investigation de l'identité partisane. Mais cette recherche ne peut parvenir à son but que si l'on considère l'ancrage culturel des partis.

La notion de parti-entreprise

Avant de caractériser les partis politiques comme des entreprises doctrinales ou culturelles, il est nécessaire de définir au préalable la notion de parti-entreprise. Par analogie avec la théorie économique, les partis sont considérés comme des entreprises de représentation en compétition politique avec d'autres formations pour gagner le droit de représenter les électeurs.

L'approche entrepreneuriale fait référence à un objectif central des partis mis en exergue par La Palombra et Weiner : « la volonté délibérée des dirigeants nationaux et locaux de l'organisation de prendre et d'exercer le pouvoir »199(*). Le but ultime de toute organisation partisane est de présenter une offre politique pour gagner les élections. Cette considération appelle une définition plus restrictive des partis politiques que formule Max Weber. Selon le sociologue allemand « on doit entendre par parti des sociations reposant sur un engagement (formellement) libre ayant pour but de procurer à leurs chefs le pouvoir au sein d'un groupement et à leurs militants actifs des chances (idéales ou matérielles) de poursuivre des buts objectifs, d'obtenir des avantages personnels ou de réaliser les deux ensembles »200(*). On retrouve l'orientation des partis vers le pouvoir qu'il s'agisse d'intérêts personnels ou de victoires électorales. Le parti est envisagé comme relation sociale (« sociation ») basée sur un compromis d'intérêts rationnellement légitimes en valeur ou en finalité. Sous réserve de ces précisions, la définition de Weber initie l'approche des formations partisanes en tant qu'entreprises politiques. Elles se situent sur un « marché politique » et entrent en « concurrence pour le courtage politique » afin « d'échanger des biens politiques contre des soutiens actifs ou passifs »201(*). La conquête des positions de pouvoirs constitue donc l'ultima ratio des partis considérés comme des entreprises politiques. La concurrence s'exerçant sur le marché interne (lutte pour les postes dans l'appareil partisan, rétributions matérielles, ...) et externe (participation électorale).

Le politiste Michel Offerlé a repris ce cadre d'analyse entrepreneurial en empruntant tant à Max Weber qu'à la théorie des champs de Bourdieu. Dans son optique il s'agit d'étudier les partis non seulement comme des entreprises politiques à la conquête du pouvoir mais aussi comme un champ de force, c'est-à-dire un espace de concurrence objectivé entre des agents qui luttent pour le contrôle des ressources collectives comme la définition légitime du parti, le droit de parler en son nom, le contrôle des investitures, etc. Autrement dit, l'étude des partis ne se limite pas aux interactions repérables sur l'écume du jeu politique. Elle doit surtout démontrer le liant qui unifie les agents en dépit de la compétition à laquelle ils se livrent.

Si l'on évite l'écueil de tomber dans un utilitarisme excessif, l'approche entrepreneuriale des partis politiques a le mérite de soulever la complexité du phénomène partisan. Les partis ne se résument pas à des blocs d'idées monolithiques qui s'opposent. Ils résultent au contraire de dynamiques concurrentielles qui ont toutes en point de mire la conquête des positions de pouvoirs. Cette approche est alors particulièrement utile pour tenter de rénover les analyses classiques des partis au prisme de leur idéologie.

* 199 LA PALOMBRA, Joseph, WEINER, Myron, « The Origin and Developpement of political parties », op.cit., p.6

* 200 WEBER, Max, Economie et Société, Paris, Plon, 1971 (1ère ed. 1921, posthume), p. 371

* 201 OFFERLE, Michel, Les Partis Politiques, Paris, Que sais-je ?, 2006 (1ère ed. 1987), p. 11

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