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Renforcement du positionnement du port autonome de Douala face à  la concurrence sous-régionale CEMAC

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par Eddy Lionel MBONGO
Université de Yaoundé II - Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) - Master II en Relations Internationales option Marketing International 2012
  

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SECTION II : La place portuaire de Douala face à la concurrence

Après une analyse détaillée des caractéristiques de chacun des Ports d'Afrique centrale, concurrents sérieux au Port de Douala, il est nécessaire de faire une présentation de cette organisation sous la forme d'un diagnostic stratégique encore appelé analyse SWOT.107(*) Elle consiste à établir un diagnostic interne (I) et un diagnostic externe de l'organisation (II).

Paragraphe I : Diagnostic interne

Il s'agit de présenter l'ensemble des forces et des faiblesses inhérentes au Port de Douala mais qui lui permettent notamment d'être en position de leader dans la sous-région CEMAC.

A. Les forces du Port de Douala par rapport à la concurrence

La qualité de ses infrastructures, le nombre considérable d'opérateurs qui s'y trouvent, sa localisation géographique, le savoir-faire et la technologie présents sont autant de facteurs jouant en faveur du Port de Douala.

1. La qualité des infrastructures et équipements fluviomaritimes

Situé à mi-chemin entre l'Afrique du Nord et l'Afrique de sud (4° 03'5 de latitude Nord et 09°41'8 de longitude Est), le Port de Douala couvre une superficie d'environ 1000 hectares dont 600 sont actuellement en exploitation. Le Port de Douala a pour singularité d'être, à contre courant des Ports en eau profonde de la sous-région, un Port d'estuaire. On y accède par l'Océan Atlantique grâce à un chenal entièrement balisé et long de 50km divisé en deux parties d'égale longueur à savoir :

Ø Le chenal extérieur : long de 25km et large de 250m, celui-ci ne nécessite pas un dragage d'entretien ;

Ø Le chenal intérieur : large de 150m, il est régulièrement soumis à un dragage car la profondeur de la côte est de 7m et ne permet pas d'accueillir des bateaux à fort tirant d'eau. Des efforts sont effectivement en cours pour essayer d'approfondir la côte optimale jusqu'à 9m devant garantir l'accueil des navires calant 10 à 11m.

La place portuaire Douala bénéficie d'installations non négligeables au plan sous-régional comprenant :

Ø 66 000 m2 de magasins banalisés ;

Ø 10km de quais ;

Ø 15 millions de tonnes de capacité de stockage ;

Ø 20 km de route bitumée ;

Ø 80 000 m2 de surface pour le trafic conventionnel ;

Ø 02 zones de logistique pour la recherche et l'exploitation pétrolière ;

Ø 20 km de voies ferrées, au chemin de fer transcamerounais reliant la ville de Douala au nord du pays avec des extensions routières vers la RCA et le Tchad ;

Ø Un espace de 20 hectares aménagé pour le traitement exclusif des trafics des pays enclavés de la zone CEMAC ;

Ø Une importante zone industrielle portuaire située sur la rive droite du Wouri108(*).

Comme atout supplémentaire, le Port de Douala est organisé en terminaux adaptés aux exigences de la modernité garantissant une grande fluidité du trafic ; il s'agit notamment :

- Du terminal à conteneurs concédé à l'opérateur DIT qui appartient au groupe Bolloré ;

- Des terminaux conventionnels 1 & 2 ;

- Du terminal à Bois ;

- Du terminal minéralier ;

- Du terminal fruitier ;

- Du terminal Port de pêche ;

- Du terminal amont et rive droite qui n'est destinée uniquement qu'aux activités industrielles ;

- Du terminal pétrolier.

2. Les opérateurs de la place portuaire

La place portuaire de Douala est un lieu de convergence entre les opérateurs économiques et les administrations. Ces deux grands groupes forment la communauté portuaire dont la mission est de se concerter en vue de l'amélioration de l'outil portuaire.

Les opérateurs portuaires représentent des grands groupes de métiers exerçant dans chaque place portuaire. Il s'agit des consignataires, des acconiers, des transitaires et des chargeurs.

a) Les consignataires

Les consignataires sont des entreprises qui représentent les armateurs dans le pays d'accueil. Ils s'occupent des formalités administratives pour le compte de leurs clients. On en compte 24 sur la place portuaire de Douala dont 9 ont traité en 2008, plus de 84% du trafic global109(*). Parmi ceux-ci, on retrouve des multinationales telles que : MAERSK, Bolloré Africa logistics, GETMA, CLGG, AFRITRAMP, G2M.

b) Les acconiers

Les acconiers sont des entreprises spécialisées dans le chargement et le déchargement des marchandises dans le navire. Il existe un bon nombre sur la place portuaire de Douala. Pour rester compétitifs, ceux-ci ont besoin d'une véritable industrie de manutention moderne. Les grandes entreprises de manutention présentes au Port de Douala sont DIT, SCDP, CIMENCAM, SAGA.

c) Les transitaires

Les transitaires sont des prestataires de services qui se chargent, pour le compte de leurs clients, de l'ensemble des opérations relatives à leurs marchandises. En d'autres termes, c'est le transitaire qui s'occupe des procédures administratives et de l'acheminement de la marchandise jusqu'à sa destination finale. Au moins 200 transitaires opèrent sur la place portuaire. Les principaux sont : SAGA, SAPEM, GROUPE 2M, GETMA, MAERSK, CLGG, SDV, UNITRANS, SOCOPAO - CAMEROUN ; SOCOMAR, GEODIS.

d) Les chargeurs

Les chargeurs sont des opérateurs économiques qui manipulent les marchandises en fonction de leur tonnage et surtout en fonction des importations et des exportations. Au Port de Douala, ces sociétés sélectionnées manipulent environ 80% du tonnage marchandises à l'export et 60% à l'import. Les principaux chargeurs à l'export sont : COTONTCHAD, ALUCAM, ALPICAM, TRC, SEFAC, SEBC, DELMONTE (banane). Tandis que ceux spécialisés dans l'import sont : SCDP (hydrocarbure), CAMI TOYOTA, SOCADA (véhicules neufs), SOCAPURSEL (sel).

3. La localisation géographique

La place portuaire de Douala jouit d'une position géographique privilégiée car elle est située au coeur du Golfe de Guinée, entre l'Afrique de l'ouest et l'Afrique centrale. Cette localisation a une véritable importance dans le sens où cette zone est située aux confluents d'une route maritime. De plus, le Port de Douala se trouve également à proximité d'un grand centre de production au tissu industriel et commercial prospère. Néanmoins, cette position géographique est partagée au plan sous-régional avec d'autres ports à l'instar de Pointe Noire ou Malabo. Toutefois la proximité avec les capitales des pays enclavés est un avantage non négligeable par rapport aux autres Ports de sa sous-région.

Tableau N°1 : Distances entre quelques grandes capitales d'Afrique Centrale

Capitales

Douala

Pointe-Noire

Libreville

N'DJAMENA

Environ 1900km par route et rail

Environ 3000km par route et rail

/

BANGUI

Environ 1500km par route et fer

Environ 1720 km par mer et rail

Environ 2244 km par route, rail et navigation fluviale

Source : PAD

4. Le savoir-faire et la technologie

La technologie et le savoir-faire font partie intégrante des forces du Port de Douala au niveau de la CEMAC. L'exemple le plus significatif est celui de la technologie de son terminal à conteneur concédé à DIT. Ce terminal est l'un des terminaux à conteneurs le plus performant capable de charger et décharger des conteneurs grâce à ses deux portiques110(*) avec une cadence de 24 à 28 conteneurs l'heure par portique. Seuls les Ports ouest africains font mieux comme le démontre le tableau ci-dessous.

Tableau N°2 : comparaison des indicateurs de performances entre les Ports

Indicateurs

Port de Douala

Port d'Abidjan

Port de Lomé

Port de Tema

Cadences de manutention

24 conteneurs/h/Portique

30 conteneurs/h/Portique

25 conteneurs/h /Portique

27 conteneurs/h/Portique

Source : PAD

Après la prise de connaissance des différentes forces de cette plateforme portuaire, il semble pertinent de relever également ses faiblesses.

B. Les faiblesses du Port de Douala

Les principales faiblesses décelées sont relatives au chenal, à la longueur des délais de passages portuaires entrainant de facto des coûts supplémentaires pour les opérateurs ainsi que la faible qualité des dessertes portuaires.

1) Le chenal

La principale faiblesse du complexe industrialo-portuaire de Douala c'est la profondeur de son chenal (9mètres). Les Ports voisins sont en eau profonde. Ce chenal est régulièrement soumis à un phénomène d'ensablement. Une opération de dragage très onéreuse pour le PAD est dès lors nécessaire pour faciliter l'accès des grands navires à quai. Cette faiblesse du chenal a pour incidence la limitation d'accès à certains navires porte-conteneurs et vraquiers.  

2) Les délais et coûts de passage portuaire

La cherté des coûts et la longueur des délais de passage au Port de Douala jouent en défaveur de cette organisation. Ceci est vrai tant pour les navires que pour les marchandises.

Les délais de passage portuaire trop longs sont un des problèmes majeurs et d'actualité que rencontrent la plupart des Ports d'Afrique dont le Port de Douala. Aussi, la réduction de ces délais peut constituer un avantage compétitif non négligeable et donc l'amélioration du positionnement pour le Port qui décide de s'y engager.

3) L'insuffisance et la faible qualité des dessertes portuaires

A ces faiblesses précédemment citées, se greffe la faible qualité des infrastructures routières et ferroviaires nationales et sous-régionales ne permettant pas de bien desservir les pays de l'hinterland. Cette situation a pour corollaire l'augmentation des tracasseries policières sur les corridors. A cela s'ajoute également la lourdeur des procédures administratives et douanières entrainant de fait de longs séjours de la marchandise dans la zone portuaire.

Le diagnostic interne ainsi effectué, un diagnostic externe doit être mené afin de maitriser son environnement.

Paragraphe II : Diagnostic externe

Il a pour but la recherche des principales menaces et opportunités se présentant au complexe portuaire de Douala et qui sont issues de son environnement.

A. Les menaces

Celles-ci sont en effet très nombreuses mais les plus pertinentes actuellement restent la non-conformité au code ISPS ainsi que les différentes actions mises sur pied par les autres ports concurrents pour différer.

1) La non-conformité au code ISPS

La non-conformité au code ISPS est une véritable menace pour le Port de Douala car ce code représente un argument commercial au plan international vis-à-vis des armateurs et autres opérateurs portuaires. Le code ISPS est devenu pour les ports, non seulement une exigence, mais un baromètre qui permet d'apprécier le niveau de sécurité et de sûreté. Cette sécurité peut être analysée à 3niveaux :

Ø La sécurité Navire ou sécurité de la navigation (régulation du trafic maritime) ;

Ø La sécurité des personnes et des marchandises (concernant par exemple le transport des marchandises dangereuses) ;

Ø La sécurité des navires et des installations portuaires.

2) La concession du terminal à conteneur du Pointe-Noire et du chemin de fer Congo océan(CFCO) au groupe BOLLORÉ

Sur le plan sous-régional CEMAC, la modernisation en cours du terminal à conteneur du Port de Pointe-Noire par le groupe Bolloré et la réhabilitation du CFCO sont des menaces potentielles pour le Port de Douala. En effet, ce chemin de fer pourrait assurer des liaisons avec les autres pays de la sous-région tels que la RCA, le Tchad, le Cameroun et la RDC111(*). Face à ces corridors plus compétitifs que ceux de Douala, certaines multinationales pourraient quitter Douala pour cette destination à la recherche d'économies d'échelle plus significatives et des solutions plus compétitives.

3) La construction et la réhabilitation des Ports nationaux et sous-régionaux

Au niveau national, la mise en service dans des délais très court des Ports de Kribi et de Limbé représente une menace certaine pour le complexe portuaire de Douala dans le sens où elle réduirait de manière considérable le trafic de Douala. Actuellement, ce Port assure près de 99% du trafic national. Mais ce pourcentage pourrait évoluer considérablement à la baisse surtout avec l'ouverture du Port en eau profonde de Kribi qui présente de plus grandes potentialités que Douala.

De même au plan sous-régional, la réhabilitation de certains Ports par leurs autorités notamment les Ports de Malabo, Bata et d'Owendo, constituent une menace pour le port de Douala en ce sens qu'elle pourrait réduire son influence.

B. Les opportunités

L'arrimage de la place portuaire de Douala et des services du PAD aux différentes normes internationales (ISPS, ISO) concernant ce secteur, ainsi que le développement du cabotage tant sur le plan national que sous-régional constituent autant d'opportunités à ne pas négliger.

1) La conformité au code ISPS

Le fait d'obtenir le statut de Port ISPS conforme, peut être pour le port Douala une aubaine au niveau de la zone CEMAC mais également au niveau international. La sécurité de la plupart des Ports de la zone CEMAC ne respectent pas encore les règles de ce code. De plus, le code ISPS pourrait contribuer à renforcer la crédibilité du complexe sur la scène internationale mais aussi son influence dans la sous-région.

2) La certification des services à la norme ISO 9001

Au plan international, la certification du Port de Douala à la norme ISO 9001112(*)constituerait un atout supplémentaire considérable. Les services de la place portuaire de Douala sont encore à la traîne et gagneraient une crédibilité évidente car respectant les normes internationales de qualité et de sécurité. Cela va entrainer de ce fait, un avantage certain par rapport aux ports de la zone CEMAC et une bonne place au classement des ports africains membres de cette organisation internationale à l'instar des ports de Dakar et d'Abidjan113(*).

3) Le développement de la navigation fluviale

Avec la mise en exploitation du Port en eau profonde de Kribi, le développement de la navigation fluviale sera effectif entre Douala et Kribi. Du fait de la spécialisation et de la complémentarité des Ports nationaux, un marché de transport sous-régional à l'aide de petits navires va se développer.

* 107SWOT : forces, faiblesses, menaces et opportunités

* 108 Source : PAD

* 109Cf. Schéma directeur d'exploitation portuaire (SDE) du PAD : analyse prospective p. 9

* 110PORTIQUE : Engin destiné à la manutention en bord à quai, il est équipé d'un chariot translatant perpendiculairement au quai et auquel est suspendue la charge. Les portiques à conteneurs sont équipés d'un cadre (spreader) pour la saisie des conteurs. Les portiques pour pondéreux sont équipés d'une benne.

* 111Cf. Schéma directeur d'exploitation portuaire (SDE) du PAD : analyse prospective p.103

* 112 La norme ISO 9001 repose sur un certain nombre de principes de management de la qualité, notamment une forte orientation client, la motivation et l'engagement de la direction, l'approche processus et l'amélioration continue. ISO 9001:2008 aide à s'assurer que les clients obtiennent des produits et services uniformes et de bonne qualité, avec, en retour, de belles retombées commerciales.

* 113Cf. Schéma directeur d'exploitation portuaire (SDE) du PAD : analyse prospective p.96

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery