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Le déni de grossesse: revue de littérature ; essai de réflexion sur la prise en charge de patientes en déni.

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par Laure SAINTE-ROSE FANCHINE
Université de Nice Sophia Antipolis IAE - Diplôme d'état de sage-femme 2012
  

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8 CONCLUSION

Décrit depuis des siècles dans la littérature médicale, le déni de grossesse ou « le fait d'être enceinte sans avoir conscience de l'être », est un problème ni récent ni même rare : selon les études retrouvées, il toucherait à divers degrés entre 1600 et 2000 femmes chaque année en France. Qu'il soit peu connu et reconnu jusque parmi les professionnels de santé, fait de ce phénomène un problème de santé publique qui ne cesse de prendre de l'ampleur. Facteur de risque de complications médicales et obstétricales, le déni même dans ses formes les plus « bénignes » marque durablement les familles et les esprits, par la découverte sidérante d'une grossesse que nul n'avait soupçonnée - quand ce n'est pas le drame du néonaticide qui devient révélateur du déni.

L'affaire « des bébés congelés », diffusée à outrance par la presse à sensations, aura cependant eu l'avantage de faire connaître le déni de grossesse : la dernière décennie a été riche en prises de conscience, et si le phénomène se résume encore fréquemment au néonaticide dans les mentalités, néanmoins son existence - comprise ou non - est désormais familière du grand public. De même, une telle médiatisation a déjà conduit de nombreux professionnels de tous horizons à se pencher, pour leur culture personnelle ou dans le cadre d'études épidémiologiques, sur le phénomène jusque-là ignoré du déni de grossesse.

Parce qu'il bouscule notre imaginaire collectif et touche à l'affectif de chacun, le déni de grossesse remet en question notre perception même de la maternité. Avant toute chose, il serait important de prendre en compte dans nos pratiques l'importance de la grossesse psychique, gestation non pas seulement plaisante et signe d'épanouissement, mais ambivalente et source d'angoisses.

Pour toute femme la grossesse est un moment d'ouverture vis-à-vis de son passé, de ses conflits et de ses traumatismes. L'essence même du déni provient de ce caractère puissant de crise maturative, et pour celle qui ne peut affronter ces souffrances psychiques latentes sous peine de voir sa psyché s'effondrer, l'effacement et l'oubli constituent une solution irrationnelle mais salvatrice. Telle est peut-être la notion la plus importante à retenir de cet exposé : le déni de grossesse est un véritable mécanisme de défense inconsciente, face à la souffrance muette et indicible que symbolise la gestation

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ou l'enfant qu'elle implique. Quelles que puissent être l'avancée de la grossesse en question ou l'attitude de la patiente à l'égard de son enfant, il est primordial de garder à l'esprit ce concept de souffrance : la femme en déni a besoin d'aide, d'écoute, d'expressions et d'émotions que son entourage n'a malheureusement pas pu lui fournir. À elle qui a vécu pendant des mois voire des années dans une profonde solitude psychique, l'équipe soignante doit fournir un appui, une oreille attentive et avant tout l'assurance qu'on la croit, qu'elle n'est plus seule face à sa souffrance bien réelle ; qu'il est important pour son entourage, pour son enfant et avant tout pour elle et son bien-être futur, de comprendre comment et pourquoi elle en est arrivée là.

Déclaration de grossesse tardive, demande d'IVG en urgence ou encore antécédent d'accouchement inopiné à l'issu d'une grossesse non suivie, le moindre signe évoquant le déni chez une patiente doit désormais alerter le professionnel de santé. Parce que le déni de grossesse est un phénomène encore mystérieux et déroutant, polymorphe dans ses expressions, il requiert tact, sensibilité ainsi qu'une adaptation et une remise en question de tous les instants. Cela incombe de former les étudiants à la prise en charge d'un pareil symptôme, d'informer les professionnels déjà expérimentés de l'existence d'un tel mécanisme de défense et des manières les plus adaptées - ou à défaut les moins traumatisantes - d'appréhender un sujet aussi sensible que celui qui conduit une femme à nier sa propre grossesse.

A la lumière des récentes études, il est aujourd'hui nécessaire d'adapter nos connaissances et nos conduites en tant que soignants. Le déni est un symptôme psychique qui se répercute sur tous les versants de la grossesse, physique, intime et social : il nécessite donc l'action concertée de tous les professionnels, des mesures adaptées, discutées et confirmées par chaque discipline médicale ou paramédicale. De par son rôle prépondérant dans le monde de la maternité, la sage-femme pourrait être l'un des interlocuteurs privilégiés et récurrents face à la patiente, devenant en partenariat avec le psychothérapeute le pilier d'une prise en charge qui mobiliserait chaque acteur en gynécologie-obstétrique, pédiatrie, anesthésie-réanimation, psychologie et psychiatrie, assistance sociale...

Le suivi idéal et pluridisciplinaire commence dès la révélation de la grossesse, accompagne le cheminement psychique et physique de la future mère, enveloppe les instants critiques de l'accouchement et du post-partum immédiat, et se

Le déni de grossesse Mémoire 2012

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poursuit longtemps après la naissance, dans un soutien au lien mère-enfant et dans la compréhension - et même le dépassement - de ce qui a fait le lit du déni.

Pour toutes ces femmes en qui la grossesse a révélé un mal-être profond et ignoré de tous, un accompagnement réfléchi et serein est primordial. Il faut songer désormais à organiser et planifier « l'après-déni » dans le cadre de nos compétences, afin de leur permettre de dépasser leur souffrance, de transformer les cicatrices du déni en appuis forts pour l'avenir.

Avec, pour objectif final, la possibilité pour ces patientes de se reconstruire.

Le déni de grossesse Mémoire 2012

Université Nice Sophia Antipolis - École de Sage-Femmes de Nice page I

Le déni de grossesse Mémoire 2012

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